Faux départ

Chapitre 10 - Javi

6h32

J'ai beau lutter, je suis réveillé. Mon cerveau refuse de se rendormir, bien décidé à gamberger sur la nuit de veille.

Tomas et moi avons couché ensemble... Mais qu'est ce qu'il m'a pris de faire ça ?! Non pas que je regrette. Cette nuit a été... intense. Quand Tomas m'a embrassé, je n'ai pas réussi à garder le contrôle de mes pulsions. Je n'avais pas pris conscience du désir que j'avais, et que j'ai pour lui. Mon corps n'a pas eu besoin de plus pour initier l'attaque. J'ai adoré découvrir le corps de Tomas. Tout est parfait ; ses lèvres douces et charnues, sa peau lisse, ses mains, ses courbes... même son sexe est parfait.

Je n'ai pas eu beaucoup d'expériences avec des hommes. Non pas par manque d'envie, disons plutôt par absence de choix. J'ai profité de chaque opportunité, sans avoir cherché à les obtenir. Le corps masculin offre d'autres perspectives de l'acte charnel. J'ai toujours eu du plaisir avec ces hommes de passage dans ma vie.

Mais avec Tomas, le sexe a été plus exaltant qu'avec n'importe quel homme qui m'ait touché. La sensation de sa peau contre la mienne, les caresses de ses mains et la pression de sa bouche ont explosé les compteurs. Je ne sais pas si mon corps pourra s'en remettre, et surtout mon cœur, loin d'être resté insensible.

Je me suis retenu cette nuit de le toucher, de le prendre dans mes bras ou de me blottir dans les siens. Cette escapade érotique n'était pas prévue au programme et je sais qu'il va falloir en assumer les conséquences. Comment Tomas va-t-il réagir ? Est ce qu'il va m'en vouloir ? Non, je ne pense pas, après tout, nous étions deux dans l'équation et nous avons chacun notre part de responsabilité. Il n'a pas le droit de me jeter la pierre.

Et si cette nuit avait empiré les choses ? Et s'il regrette ? J'ai l'impression de retourner à l'adolescence avec mes craintes. Je suis ridicule. Nous sommes deux adultes consentants, alors on va agir comme tel. Du moins je l'espère...

Lassé d'être allongé dans le lit avec ces interrogations à n'en plus finir, je décide de me lever et d'aller nous chercher des viennoiseries. Nous n'avons pas pris la formule avec le petit déjeuner et il est impossible que je conduise le ventre vide. Je rassemble mes vêtements éparpillés un peu partout et pars m'habiller dans la salle de bain afin d'être sûr de ne pas réveiller mon compagnon de route. L'air frais me fait du bien et me permet de me recentrer.

Je trouve une boulangerie pas très loin de l'hôtel qui, par chance, fait des cafés à emporter. J'ai bien assimilé que pour Tomas le café était essentiel au réveil. Ne sachant pas ce qu'il aime, je prends des croissants et des petits pains au chocolat. Peu importe ce qu'il choisira, je m'accommoderai du reste. Mes emplettes en main, je retourne à l'hôtel.

Mon cœur s'emballe au fur et à mesure que je me rapproche du bâtiment. L'angoisse d'affronter Tomas est de retour, encore plus intensément qu'au réveil. De toute façon je n'ai pas le choix, il faut bien que j'y retourne. Alors je prends mon courage à deux mains et remonte dans la chambre. A peine la porte refermée, je perçois que Tomas est réveillé. Assis sur le lit, il est en train d'enfiler ses chaussettes. Nos regards se croisent pendant quelques secondes et nous restons silencieux, immobiles. Aucun de nous n'ose prendre la parole.

- Je nous ai rapporté le petit déjeuner, dis-je, rompant le moment pour couper court à ce moment gênant.

Je lui tends le sac qu'il saisit, en regardant à l'intérieur ses yeux s'agrandissent.

- Tu as trouvé du café ! s'exclame-t-il tout sourire.

- Oui. Ils en vendaient à la boulangerie.

- Tu es mon sauveur ! Je déteste commencer ma journée sans café. Ça me fout en rogne.

- Ravi d'avoir empêché ça alors. J'ai aussi pris des viennoiseries, choisis celles que tu aimes. Moi j'aime les deux.