Chapitre 12 - Javi

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Je ne m'attendais pas à ça. Tomas accepte mes excuses. Je ne sais pas quoi en penser, c'est inespéré. Je le laisse poursuivre.

- Je ne peux pas te dire que tout est oublié car tu t'en doutes, ce n'est pas possible, poursuit Tomas, mais j'ai réfléchi et... moi aussi je veux avancer. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passera pour la suite entre nous, seulement je me dis que nous pourrions au moins tenter d'être... plus cordiaux l'un envers l'autre. Surtout après ce qu'il s'est passé hier soir, ironise-t-il.

Il me sourit rapidement avant de regarder, de nouveau, la route. Je ne peux m'empêcher d'analyser les raisons qui m'ont amené à garder mes distances avec lui depuis toutes ces années. Ai-je vraiment des motifs valables ? Mis à part un manque de courage, caché derrière une bonne couche de culpabilité, je n'en vois pas d'autre. J'ai clairement fait l'autruche, ce statu quo me satisfaisant au fil du temps : si j'évitais au maximum Tomas le problème n'existait pas. Quel con !

Depuis le réveil, une barrière s'est levée entre nous. Nous sommes tous les deux moins tendus, plus légers. Tomas me paraît plus serein en ma présence, je n'ai jamais autant vu son sourire. Et je crois bien que je pourrais devenir accro...Moi non plus, je ne sais pas de quoi notre avenir sera fait, mais une chose est sûre, il sera bien différent du passé. Je sais, au fond de moi, que quelque chose a changé, une envie est née, celle d'apprendre à connaître l'homme présent à mes côtés. Il a pris dans mon cœur une place que je ne savais pas disponible, même si je ne peux pas définir l'importance de celle-ci pour le moment, elle est là et rien ne pourra la déloger. Il va falloir que je réfléchisse à la signification de ce nouveau sentiment. Que je...

- A quoi tu penses ? me demande Tomas, me sortant de mes pensées.

- Je ne sais pas trop. J'étais en train de me dire que si je n'avais pas été lâche, j'aurais pû te parler bien avant et tout aurait été différent...

- On ne peut pas changer le passé alors ne te prends pas la tête. Peut-être que c'était écrit pour se passer ainsi.

- Tu crois au destin toi ?

- Non, pas au destin. Le mot me paraît trop intense, comme si nous n'avions pas le choix. Je crois plutôt à une sorte de voie devant nous, avec d'infinies possibilités et que chacune de nos décisions modifie cette voie. Me concernant, j'ai l'impression d'avoir un esprit bienveillant qui m'oriente et m'aide à accéder au bonheur à travers les épreuves de la vie. Bon, je n'ai pas eu énormément d'épreuves non plus, mais c'est l'idée, plaisante-t-il. Une force tranquille qui me veut du bien. Ça fait un peu neuneu dit comme ça.

- Pas du tout. C'est comme si tu croyais en Dieu.

- Je t'arrête tout de suite, je ne crois pas en Dieu. Je ne rejette pas l'idée qu'un être puisse être à l'origine de tout, d'ailleurs chacun a le droit d'y croire. Cependant la religion me dérange. Elle est directive, contient beaucoup de règles. J'aime trop ma liberté pour accepter ses entraves.

- Moi, tu vas rire, mais je suis plus proche d'une réflexion à la Roi Lion. Je crois que nos ancêtres sont là, au-dessus de nous, pour veiller sur nous et nous accompagner. Nous donner la force nécessaire d'avancer quand nous avons l'impression que tout s'écroule autour de nous.

Nous sommes interrompus par la sonnerie de mon téléphone. C'est Carla, je décroche immédiatement.

- Allô?

- Javi...

Je sens tout de suite que quelque chose ne va pas lorsqu'elle prononce mon prénom à trois reprises. Je connais cette intonation de détresse, impossible de l'oublier. Mon cœur s'emballe à toute vitesse. Elle n'a pas besoin d'en dire plus. Elle n'a pas besoin d'en dire plus, j'ai compris la situation. J'entends Carla pleurer et mon ventre se serre. Je suis maintenant sûr de la raison de son appel.

Faux départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant