Faux départ

Chapitre 17 - Tomas

Le silence de Javi me blesse plus que je ne l'aurais cru. Bien que je me sois juré de ne pas donner plus d'importance à ce que signifie notre partie de jambes en l'air, c'est plus fort que moi. En plus, le fait qu'il ne m'ait pas répondu a provoqué en moi un sentiment de colère contre Javi, d'être aussi lâche, et contre moi-même d'avoir été atteint. Heureusement pour lui, il est déjà parti à l'intérieur du bâtiment et je ne vais pas lui courir après.

Décidément, je vais de surprise en surprise concernant mon compagnon de route. Je suis étonné de toutes ses confessions. Il est beaucoup plus renfermé qu'il ne le laisse paraître. J'ai le cœur serré à imaginer les épreuves qu'il a subies. Il a l'air d'être toujours dans la retenue, de devoir toujours avoir le comportement parfait, celui attendu par les autres même dans des sujets aussi intimes et personnels, comme sa sexualité. J'ai de la peine pour lui, il ne peut pas être lui, tout simplement. Cela doit vraiment être épuisant.

Je profite de l'arrêt pour prendre des nouvelles de Carla.

[Tomas] Coucou Maman. Nous faisons un court arrêt. Comment va Carla ? Je suis désolé de ne pas être là.

La réponse ne tarde pas à arriver. Mes parents sont à la pointe de la technologie, sûrement plus que moi d'ailleurs !

[Maman] Ne t'inquiète pas mon poussin. Elle va mieux. Elle se repose.

[Tomas] Merci. Vous avez eu des nouvelles de Manu ?

[Maman] Il a appelé pendant qu'elle dormait, alors j'ai répondu. Le pauvre petit, vivre ça si jeune. Il a préféré la laisser se reposer. Il sera un bon mari. Je dirai à Carla de l'appeler quand elle se réveillera.

[Tomas] Et comment il avait l'air d'aller ?

[Maman] Comme un jeune homme qui vient de vivre une tragédie, mais il s'en sortira. Crois-en mon expérience de mère.

[Tomas] Tu penses que je devrais l'appeler ?

[Maman] Oh mon chéri... Oui, mais pas aujourd'hui. Il ne sera pas en état d'entendre ce que les autres ont à lui dire. Laisse-lui ce temps en famille.

[Maman] Comment se passe la route ?

Je ne sais pas quoi répondre.

[Tomas] Bien. Etonnamment nous ne sommes pas en train de nous entretuer. Javi est aussi très atteint par le décès de Bertrand. Comme Carla, ça le touche énormément, mais ça va aller.

[Maman] Je savais que tu étais assez mature pour mettre de côté votre différend et lui offrir ton soutien. Soyez prudents et tiens-moi informée de votre avancée. Bonne route. Je t'aime, mon chéri.

[Tomas] Merci Maman. Je t'aime aussi.

J'ai les parents les plus merveilleux du monde, toujours là pour les autres, à donner sans attendre de recevoir. Lucas, Maëva et moi pouvons toujours compter sur eux quoi qu'il arrive. Je suis sûr qu'ils nous aideraient même à cacher un cadavre si on en avait besoin.

Javi apparaît à côté de moi, deux cafés en main. Il m'en tend un avec un demi-sourire, prudent par rapport à mon attitude. Impossible de refuser une bonne tasse de café.

- Détends-toi, lui dis-je en prenant la tasse. Je ne t'en veux pas. Tu as tes raisons et je les respecte.

Il se relaxe immédiatement, sûrement soulagé de savoir que je ne lui en tiens pas rigueur, même si j'espérais que la nuit passée compte un peu plus pour lui. De toute façon, il a été honnête et ne m'a rien promis. Je n'ai donc aucune raison d'en faire tout un plat. Nous restons là, à regarder dans le vide pendant quelques minutes, avant que j'annonce avoir besoin de faire un tour aux toilettes. Une fois de retour, Javi est déjà derrière le volant et m'assure être en état de conduire alors nous reprenons la route.