Faux départ

Épilogue : Javi

« Salut Papa,

Il y a un bout de temps que je ne suis pas venu. C'est difficile...

C'est difficile parce que tu me manques. Tous les jours, je pense à toi. Tous les jours, je me demande comment notre vie serait si tu n'avais pas eu ce fichu accident et si tu étais encore parmi nous.

Est-ce que maman aurait encore cette étincelle de bonheur qui brillait autrefois en elle ? Est-ce que Carla aurait grandi si vite ?

Est-ce que j'aurais pris le même chemin ? Celui qui m'a mené vers une indépendance solitaire.

Tu nous manques...

Maman parle de toi quasiment chaque jour. Si ce n'est pas pour t'utiliser comme leçon de morale, elle nous raconte vos rêves, vos envies, les bons moments que vous avez partagés ensemble. Elle ne mentionne jamais vos disputes ou désaccords, à croire que vous aviez été le couple parfait. En tout cas, vous l'êtes à mes yeux.

Grâce à elle, j'ai parfois l'impression que tu es encore là, quelque part, et que tu vas bientôt rentrer, passer le pas de la porte. Je sens parfois ta présence à côté d'elle, lui tenant la main pour lui donner la force de continuer.

...

Papa.

Papa, je suis désolé.

Je suis désolé de t'avoir déçu.

Je suis désolé de t'avoir donné l'impression que ton enseignement ne portait pas ses fruits.

Je suis désolé de ne pas avoir été le garçon parfait que tu méritais d'avoir.

Je suis désolé de m'être fermé et de ne pas avoir voulu t'écouter et discuter.

Je suis désolé, que de ton vivant, tu aies pu avoir l'impression d'échouer avec moi.

Mais non, Papa, tu n'as pas échoué et voici la réponse que tu n'as pas eu le temps d'entendre.

J'ai fait des erreurs, et oui, j'ai fait partie des personnes qui ont harcelé Tomas lorsque nous étions au collège. Je me suis laissé entraîner par l'effet de groupe. Je lui ai fait du mal, tout comme j'en ai fait à Maman, Carla et toi en agissant ainsi.

Je n'ai pas d'excuses à mon comportement parce que je n'avais pas de raisons valables. Stupidité, besoin d'appartenance, fierté, je pourrais en citer de nombreuses, mais elles me paraissent toutes désuètes.

Je sais que ce n'est pas comme ça que tu nous as élevés, que ce n'est pas les valeurs que tu as transmises.

Alors je te demande pardon.

Pardonne-moi d'avoir failli.

Deux fois.

Parce que tu étais déjà parti à ce moment-là, mais j'ai été lâche encore une fois Papa. Je n'ai peut-être plus fait partie des harceleurs, toutefois j'ai fermé les yeux sur ce que je voyais. Je n'ai pas empêché les violences physiques et verbales que subissait Tomas.

Je me suis bêtement convaincu que si je ne participais plus, ce n'était plus de mon ressort. Si je n'étais pas acteur, il n'y avait aucun mal à être spectateur détourné. J'avais tort.

Je n'arrête pas de me dire que si je t'avais écouté ce jour-là, si je n'avais pas fui par culpabilité la discussion, alors peut-être que les choses auraient pu être différentes. Peut-être que tu m'aurais donné la force d'agir et de protéger Tomas face à ses agresseurs.

Aussi, je peux te donner une réponse à la dernière question que tu m'as posée.

Non Papa, je ne suis pas homophobe.

Pour être honnête, je ne l'ai jamais été.

Si je suis sûr de ma réponse aujourd'hui, c'est parce que je suis tombé amoureux d'un homme. Un homme magnifique, à l'extérieur comme à l'intérieur. Celui qui, en quelques heures à peine, a fait de nouveau battre mon cœur endommagé.

Tu le connais.

Cet homme, c'est Tomas.

Si seulement tu pouvais voir l'homme qu'il est devenu. Il est parfait. J'aimerais tellement pouvoir te le présenter officiellement comme mon petit ami, te dire fièrement « c'est celui que j'ai choisi ».

Je connais ma chance d'avoir à mes côtés un homme qui, malgré toutes les raisons de me détester, a au contraire accepté de me donner l'opportunité d'être son compagnon. Il me rend meilleur. Avec lui, j'ai la sensation de devenir progressivement celui que j'aurais dû être, celui qui s'était perdu en chemin.

Il me rend heureux.

J'ai enfin trouvé ma place, il m'aide à guérir de ton absence. Pour la première fois, depuis ce jour maudit, j'arrive à sortir la tête de l'eau et à envisager un avenir plus serein. Plus libre. Et ça c'est grâce à lui.

Voilà... j'arrête de t'embêter avec mes histoires.

Merci de m'avoir écouté où que tu sois.

Tu me manques.

Je t'aime Papa. »

FIN

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Voilà...
Faux Départ est terminé ! ( ça me fait vraiment bizarre !! ) 

Je vais commencer par vous dire un énorme MERCI, vous qui avez suivi l'aventure de Tomas et Javi, leur road trip riche en émotions.

Merci de m'avoir accompagné tout au long de la publication, merci d'avoir pris le train en marche ou juste d'être arrivé jusqu'ici. 

Merci aussi à vous, pour tous vos commentaires, votes et encouragements. De vous être laissé emporter dans votre lecture. 

Encore un Grand Merci à mes correctrices sans qui Faux Départ ne serait ce qu'il est aujourd'hui
(Et croyez-moi, il est beaucoup mieux ! )

Aussi, parce que cela fait toujours plaisir, n'hésitez pas à me faire un retour sur votre lecture (même s'il est négatif 😊 ). 

A bientôt, pour de nouvelles aventures !

J.A. Bonnet 🧡