Chapitre 1
Ce matin-là il pleuvait. Encore. En réalité, il n'avait plu qu'une seule fois mais étant donné que dans ce cas précis ''une seule fois'' signifiait en réalité un mois entier sans interruption, ''une seule fois'' voulait dire qu'il avait beaucoup plu. Il y avait toutefois des instants où la pluie se transformait en épaisse brume grisâtre qui donnait l'impression que l'intégralité de New York s'était perdu dans le moteur fumant d'une vieille Cabriolet. Bien que nous n'étions qu'en automne, les températures ne dépassaient que rarement les 60°F. Je ne vous apprends donc rien en disant que les matins ressemblaient à une retour subit à l'aire glacier.
Je n'avais sur le dos qu'un vieux sweat shirt troué dans lequel le vent s'infiltrait à la perfection. Je crevais littéralement de froid et c'était bien de ma faute. Je n'étais pas une personne ayant la capacité pourtant désirée de résister au froid. C'est à dire un jeune homme à la corpulence d'un phasme et au teint plus gris que la cendre, ce qui me donnait constamment l'air malade ou en phase quatre d'un cancer du sang. Et encore, uniquement dans mes meilleurs jours.
A peine arrivé au lycée, quelqu'un me bouscula violemment et je me retrouvais au sol, désorienté par cette brutale sortie de mes pensées. Ce n'était que Shorter qui, encore une fois, n'avait su maîtriser sa force et m'avait donné un coup à l'épaule. En général je ne tombais pas mais des plaques d'égouts humides étaient devenues mes plus grandes ennemies depuis novembre, bien je ne sois pas particulièrement maladroit de nature.
Shorter était un personnage assez spécial. Il faisait partie des gens qui courent partout avec hystérie en été. Turbulent, un peu bête, grand, cheveux violet et toujours une paire de lunettes de soleil à portée de main. Actuellement il en avait une sur le crâne qui lui servait de sert tête. C'était une habitude qu'il avait pris en primaire lorsque les enfants de l'école avaient commencé à se moquer de lui à cause de ses yeux bridés. Puis un jour, Shorter leur avait cassé le nez. Il avait été élevé par sa sœur, Nadia, et le lendemain de l'incident celle-ci l'avait autorisé à ne pas aller à l'école et lui avait un gâteau à 3 étages. En plus d'être la seule personne que Shorter et moi craignons, c'était une excellente cuisinière.
« Tu ne t'es pas fait mal ? demanda mon autre ami en m'aidant à me relever.»
Eiji, contrairement à l'autre guignol, était très calme. Il ne cherchait jamais la confrontation et préférait se fondre dans la masse et éviter les gens bruyants. Shorter faisait exception à ses règles. Eiji tentait d'avoir l'air inquiet mais sa joue droite tressaillait. Ce petit salaupards se payait ma tête et croyait que je n'allais pas m'en rendre compte.
«T'en fais pas, après tout je ne vais pas m'énerver le jour de mon anniversaire, ça serait ridicule, dis-je en assignant à Shorter le coup de pied qu'il méritait.
_ Et en ce 21 octobre...» Eiji me tendit un paquet cadeau bleu et orange (évidente faute de goût) sur lequel était inscrit ''Joyeux Anniversaire''. »J'ouvris la boite et en sorti un fin cordon de cuir attaché à une magnifique lune d'argent ornée d'une multitude de lettres grecques. Elle semblait assez vieille mais également extrêmement onéreuse.
« Eiji c'est... c'est magnifique, hésitais-je, je ne savais pas si le mot était assez grand pour décrire la beauté du bijou. Mais ça a dû te coûter une fortune... »
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'il me coupa la parole et faisant mine de chasser mes paroles avec ses mains comme on chasse un insecte volant.
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Cats Street [mxm]
RomanceDeux ans seulement après avoir échappé au cartel de son père, Raphaël se fait de nouveau embarquer dans de sombres affaires impliquant gangs, mafia et Ash, le plus jeune chef de gang que New York ait connu mais également le plus impétueux. Une...