Chapitre 25

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MA SOEUR

D'abord tous va bien. Vous pensez savoir ce qu'il se passe et que l'individu n'est qu'un petit rigolo dont vous parviendrez à vous charger à un rien de temps. Mais alors que son coude droit vous sert la gorge, le gauche le maintien fermement en place tout en maintenant une pression sur vos voies respiratoires. Déjà vous suffoquez. Plus à cause de la surprise et de la douleur que provoque ce bras massif vous broyant la gorge que par le manque d'air. C'est alors que vous vous rendez compte que vous n'arriverez pas à vous dégager de son emprise mais ce n'est que quand l'oxygène commence à manquer que vous prenez finalement conscience du danger qui vous guette. Vous sentez le sang vous monter à la tête et instinctivement vous tentez vainement de vous libérer et la tentative ne fait qu'accentuer votre manque d'air que vous gaspillez en vous agitant comme un asticot. Des sons ridicules sortent alors de votre bouche, donnant une satisfaction malsaine à l'importun. Votre cerveau, dangereusement en manque d'oxygène, votre vision, trouble, noyée dans une étrange noirceur ; vous avez l'impression de regarder le monde par le judas sal d'un vieil appartement désaffecté d'Harlem. Vous sentez vos yeux gonfler et semblent sortir de leur orbite. Des tâches noires mouvantes apparaissent, vos oreilles bourdonnent, votre corps devient lourd et c'est alors que le monde qui vous entoure finit par se résoudre à des formes mouvantes et des bruits étouffés. Une fois que la peur est omniprésente dans votre corps et que votre cerveau se sent dépérir, il décide de vous éteindre et vous tombez dans les pommes. Quelques secondes supplémentaires et vous passiez de l'autre côté.

Ce n'était pas la première fois que quelqu'un m'étranglait jusqu'à l'évanouissement, mais loin d'être la plus effrayantes. Lors de la première fois, on ne m'avait pas prévenu et l'homme engagé par mon mère pour m'entraîner _ Blanca _ avait usé de toute sa force sur le petit garçon d'à peine 8 ans que j'étais. Ne sachant pas ce qui m'arrivait, je m'étais débattu comme un animal pour finalement accepter mon sort et simplement attendre que la mort vienne me chercher. Il m'avait relâché, surpris par ma réaction. Je n'avais presque pas dormi la semaine qui suivit l'incident. Depuis, j'étais habitué à ce genre d'attaques d'entraînement et avait appris à m'en défendre.

J'étais tout de même parvenu à attendre mon agresseur mais celui-ci avait resserré son étreinte, manquant de me briser les os. J'avais donc abandonné et avait attendu le trépas avec lassitude avant de m'évanouir. Il arrive que quand le corps s'éteint à cause d'un disfonctionnement dû à une incompréhension cérébrale, vous ressentiez tout. Lorsque j'avais volé la Fire Bird de mon père pour finalement finir dans un ravin de façon parfaitement prémédité, j'avais eu un choc violent à la tête et étais tombé dans les pommes. Lors des quelques jours de coma qui suivirent, j'avais ressenti et entendu absolument tout ce qui se passait autour de moi. Les mots rassurant de ma mère et les moqueries de ma sœur. Le plus blessant dans l'histoire, c'était mon père ; il n'est jamais venu. C'est comme dans un rêve lointain, on ne réalise pas réellement qu'on vit, on ne fait que se remémorer partiellement les jours passés une fois que l'on est réveillé.

Aujourd'hui, c'était la même chose. J'étais allongé sur ce qui semblait être une banquette arrière. Ma tête était posée sur ce qui s'apparentait à des jambes et, à en juger par le parfum qui en émanait, celles de Jin. Une de ses mains était posée sur ma hanche, me retenant de tomber à chaque virage que faisait le véhicule. L'autre jouait avec mes cheveux, les tirant parfois sans le faire exprès. J'avais envie de lui hurler de ne pas me toucher et de dégager des mains de mon corps mais mon visage, comme mort, ne reflétait aucune des émotions de dégoût et de haine que je ressentais. Ma sœur était au téléphone avec notre père alors que le chauffeur nous menait Dieux sait où. Elle parlait en espagnol et Jin ne pouvant intervenir dans la discussion se taisait avec brio. Je ne saisissais pas tout à cause du bourdonnement dans mes oreilles mais elle semblait dire que j'étais vivant et qu'ils arriveraient dans une dizaine de minutes. Puis elle avait fait les louanges de Jin en expliquant à quel point il avait été formidable et à quelle vitesse incroyable il m'avait repéré. Mon devait ne pas apprécier Jin. Du peu que je savais de lui, il n'appréciait que les gens _ hommes ou femmes _ sachant se faire discrets, capable de le surprendre grâce à des capacités physiques ou intellectuelles extraordinaires. Il était capable de mépriser ses plus proches alliés sans le moindre scrupule tout en admirant sincèrement des gens voulant le tuer. Je devais le tenir de lui. Je haïssais mon père mais l'admirait à la fois et il me semblait qu'il en était de même pour lui. Cette situation périlleuse semblait nous convenir.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 04, 2023 ⏰

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