Cats Street [mxm]

Chapitre 13

SANZ

Je ne savais pas exactement quelle heure il était, mais nous étions en octobre et le soleil était déjà visible de là où j'étais. Il devait donc être plus de 10h. Ash s'était retourné dans son sommeil et me faisait face à présent. (D'ailleurs c'était un miracle qu'il ne soit tombé lors de cette périlleuse manipulation.) En réalité lui faisait face au vide et moi à ses clavicules. J'avais pour habitude de me recroqueviller sur moi-même dans mon sommeil, m'enfonçant plus profondément dans le lit par la même occasion. Bien que nous ayons bougé, mon bras recouvrait toujours sa taille. Le siens par contre passait par-dessus mon épaule pour atterrir derrière ma tête, où sa main épousait la forme de mon crâne.

Tout était là, ses cheveux blonds toujours mal coiffés, sa peau rosie, son parfum qui, certes était délicat, mais m'agaçait au plus haut point. Mais surtout ses yeux, même sous ses paupières closes je les devinais. D'un vert profond, remplis de haine et de peine.

Et pourtant ce n'était pas le Ash que je connaissais. Celui-ci était calme, presque paisible. Le Ash que j'avais devant moi, avait encore 16 ans. Il n'avait pas vécu toutes ces horreurs. Il ne m'avait jamais rencontré, Skip n'était pas mort et moi j'étais dans ma chambre, un dimanche matin, à avaler mes médicaments devant une série télévisée pour adolescents au QI négatif.

Je m'étirai puis sortis du lit en faisant attention à ne pas le faire tomber. J'ouvris le frigo et en sorti une brique de lait. Vérifiant qu'il dormait toujours je bus au goulot. De toute façon il n'en saurait jamais rien. La chambre empestait la transpiration sur un fond d'alcool. J'ouvris la fenêtre et m'y posai pour siroter mon lait dans le calme. En bas, les poubelles débordaient mais heureusement l'odeur ne pouvait pas atteindre l'étage. L'homme en revanche n'était plus là. Raph qui avait dû sortir par ma fenêtre maintenant que nous n'avions plus vraiment de porte avait bondit sur le rebord, manquant de tomber à la renverse et de s'écraser sur le bitume encore et toujours humide. "Coucou toi" murmurai-je en lui grattant les oreilles.

« Je rêve ou c'est dans ma bouteille que tu déposes toutes tes bactéries et ta salive de gamin prétentieux ? demanda Ash d'une voix pâteuse.
_ T'as vu ça Raph ? Le plouc est enfin réveillé ! m'exclamai-je en reprenant une gorgée.
_ Pourquoi le chat a un meilleur accueil que moi ? se plaignit- il à présent. D'ailleurs pourquoi absolument tout le monde semble avoir un meilleur traitement que moi ? renchérit-il.
_ Tu m'apportes des souris mortes toi ? »

Ash émit une sorte de grognement en guise de réponse. Il était relevé et était à présent assis sur son lit, la couverture sur ses jambes. Son caleçon était tellement descendu dans la nuit que je me demandai s'il en portait toujours un. Je m'apprêtais à râler, mais me rappelant que je n'étais guère plus vêtu que lui, n'en fis rien. Je lui servis un verre d'eau qu'il but d'une traite.

« Encore des effets de la drogue ? Des nausées, le tournis ? Migraine ? demandai-je au cas où.
_ Étonnamment non. Je n'avais pas beaucoup touché au verre.
_ Choisis mieux tes fréquentations à l'avenir. » me moquai-je.

Il avait murmuré quelque chose qui sonnait comme " Moi au moins je ne flirt pas avec Jin " mais probablement une hallucination auditive dû au manque de sommeil ainsi qu'au réveil tardif. Probablement. Je ne sais exactement pourquoi mais il avait ri après avoir murmuré ces quelques mots totalement absurdes.

« Il s'est passé quelque chose ? T'as l'air moins... à cran en ce moment, fis-je remarquer.
_ J'ai arrêté de boire comme un trou. Ça me pourrissait la vie et je n'avais pas trop envie de ressembler à mon père biologique donc j'ai pris les choses en main.
_ Allias le mec qui s'est fait droguer dans verre de rhum la veille même.
_ Ouais je sais mais je n'ai presque pas touché au verre et je voulais vraiment me taper ce mec donc j'ai fait une exception.
_ Le petit Jésus t'a puni, me moquai-je.
_ On dirait bien, ça m'apprendra. » dit-il en me rendant son verre pour que je le remplisse à nouveau.