Cats Street [mxm]

Chapitre 23

LA CUITE

Autant le dire maintenant pour que ce soit clair : nous étions complètement saoules. Ash et moi étions allongés en étoile de mer sur le parquet poussiéreux du salon depuis maintenant plusieurs heures. J'avais beaucoup bu, Ash d'avantage mais étant donné que je ne buvais jamais et que je n'avais rien mangé, c'était comme si j'avais bu l'équivalent de 3 fois sa dose. Il m'avait fait m'allonger et m'avait ordonné de ne plus bouger sous risque de vomir l'intégrité de mon estomac. C'aurait était un mélange de la bille et de beaucoup trop d'alcool fort, un régal. Le salon se mouvait autour de moi en se tordant en formes abstraites, formant des spirales aléatoires au-dessus de moi. Ash n'avait pas l'air d'avoir tout un univers qui prenait vie au-dessus de sa tête et devait sans doute se demander pourquoi j'avais des paillettes dans les yeux à la vue de ce tout nouveau paysage privé.

« Première cuite? demanda Ash en riant.
_ Deuxième, répondis-je en fermant les yeux pour tenter de mieux réfléchir.
_ Je croyais que Monsieur ne buvait pas.
_ Quand Monsieur n'a pas vue l'ombre d'une goutte d'eau pendant plusieurs jours et que la première chose que Monsieur voit c'est une bouteille de vin français, Monsieur boit. L'alcool était cela dit bien moins fort.» fit remarquer Monsieur.

La dernière fois j'avais seulement eu un léger tournis et une envie de pisser du tonnerre de Dieu alors que là je ne sentais plus mes jambes. J'avais également tenté de me battre contre Laurent avec un tesson de bouteille alors que celui-ci était armé jusqu'aux dents. Avec du recul je l'aurais probablement fait avec ou sans alcool. Ma réponse fit sourire Ash.

« Dino n'était pas en colère ? demanda Ash qui avait très bien compris à quand je faisais allusion.
_ Il était si heureux qu'il m'a montré ta première fois en sextape. » répondis-je sans trop réfléchir.

J'avais retenu mon souffle. Je n'aurai pas dû dire ça mais je ne m'en étais rendue compte qu'une fois que les mots furent sortis de ma bouche. Quel imbécile, nous passions pourtant un bon moment. J'eu envie de m'excuser mais eu le sentiment que ç'aurait été pire et n'en fit rien.

« Ce n'était pas ma première fois, répondit finalement Ash. C'était bien plus tôt. J'habitais encore chez mon père dans le Massachusetts. Griffin était déjà parti en Irak et je m'étais retrouvé seul. Mon père n'en a jamais rien eu à faire de moi, il méprisait ma mère qui lui avait fait un incapable de gosse avant de se tirer avec le premier guignol venu. Un homme du village arrivé quelques années plus tôt qui donnait des cours de sports aux jeunes m'avait un soir ramené chez lui et...»

Ash bailla bruyamment, renifla bruyamment avant de ma jeter un coup d'œil songeur.

« Je ne te fais pas de dessin. Mon père l'a tout de suite su mais personne n'allait le croire et de toute façon je crois qu'il s'en fichait un peu. Il ne l'a pas fait qu'une fois et me donnait de l'argent en échange. Un jour j'en ai eu assez et l'ai tué d'une balle dans la poitrine. Des fouilles ont été menés par la police du coin et une bonne dizaine de cadavres d'enfants ont été retrouvés dans son sous-sol, tous avaient des traces d'agressions sexuelles. Certaines dataient de plusieurs jours après le décès des gamins.
_ Lástima... » murmurai-je.

Le silence s'installa dans le salon. Que répondre à ça ? Sa vie n'a été qu'abus, meurtres, violence, mensonge et fuite. Pas étonnant qu'il ait du mal avec les relations humaines puisqu'il n'avait jamais eu de relation saine avec qui que ce soit d'autre que Shorter (qu'il avait tué), Skip (qu'il avait fait tuer) et son frère (qu'il avait vue mourir après qu'il ait passé plusieurs années dans un état végétatif). Comme quoi nous nous complétion : l'un incapable de rapport sociaux, l'autre d'affection. Et pourtant, nous, les deux êtres les plus sentimentalement handicapés étions parvenu à construire quelque chose. Quelque chose d'extrêmement bancale et surement dangereux mais quelque chose. Ce qui me liait à Ash était probablement la chose la plus étrange mais également la plus forte que j'ai jamais vécu. Je tentais de lui témoigner ma compaction en prenant sa main dans la mienne.