Cats Street [mxm]

LA "SURPRISE"

Chapitre 3

Cette nuit je dormis très mal. Tout bien réfléchi, je ne dormis pas. Dès que j'essayais de fermer les yeux, j'avais l'impression d'être de retour dans cette ruelle et mon cœur se serait si fort que j'avais l'impression de ne plus pouvoir respirer. Mon torse me lançait, me donnant des sueurs froides dont mon mes draps étaient trempés. Je m'étais donc enfilé une double dose de morphine _ mauvaise idée _ résultat, j'avais passé les neuf heures qui suivirent dans un état second, quasiment végétatif. Donc non, je ne dormis pas, étant donné que j'étais bien trop occupé à me demander pourquoi j'avais un flingue dans ma poche et pourquoi des flammes sortaient du canon lorsque j'appuyais sur la gâchette.

Le week-end quant à lui passa très vite. Shorter et moi n'avions essayé de nous contacter, j'avais des choses à penser bien plus importantes que lui. Sans oublier que j'avais toujours cette envie, ce besoin viscéral de le frapper très très fort au visage.

Je m'assis sur un banc en attendant que la sonnerie m'annonce qu'il était temps de rentrer. Ce temps me parut incroyablement long. Le froid était tel que mon nez n'avait plus aucune trace de sang en lui et prenait une teinte violacée effrayante. Je crus qu'il allait tomber, mais me rappelant que c'était un phénomène "normal" en vue de ma peau qui était d'une pâleur macabre, je me rassurais en me disant qu'au pire je ferais un procès à Jack Frost. On était aux États-Unis, je l'aurais gagné et aurais empoché beaucoup d'argent. Shorter arriva, me vit, détourna le regard puis accéléra dans la direction opposée. Fin. C'en était dégradant pour lui. Il avait littéralement esquivé le problème.

Quelqu'un d'autre arriva et s'assit à mes côtés. Décidément pas le Père-Noël. Je me retournais pour vérifier. C'était Jin. J'aurais préféré le Père-Noël. Il semblait heureux de me voir pour une raison qui m'était inconnue. Il me regardait fixement, sûrement attendait-il que j'engage la conversation.

« Salut, fit-il enfin.
-Salut ! T'as passé un bon week-end ?
-Sûrement moins que le tien, tu vas bien ? dis-je pour ne pas laisser paraître mon envie furieuse de m'en aller.
-Ouais, je suis un peu angoissé à cause du contrôle d'histoire, mais sinon tout baigne. On... on pourra se mettre à coté ? Enfin si tu le veux bien sûr. » m'avait-il proposé avec une timidité qui semblait étonnamment fausse.

Pris de cours, j'avais accepté. Nous passâmes les quatre jours qui suivirent ensemble. Quatre longs jours à voir Shorter m'esquiver encore et encore, inlassablement. Je les ai donc passé en compagnie de Jin, qui s'est avéré être de bonne compagnie. Au cours de ces quelques jours je me suis également aperçu qu'il n'avait que peu d'amis, en fait il n'en avait pas du tout. Le quatrième jour venait de se terminer avec succès, et Shorter m'attendait devant le lycée. Je le savais car cette fois il s'était contenté de baisser les yeux en me voyant, contrairement à d'habitude où il fuyait lâchement. Là il venait même vers moi. (*Applaudissements dans l'assemblée*)

« Ray.» dit-il d'un ton déterminé.

Rien d'autre, seulement mon prénom, suivit d'un long blanc. A côté de moi, Jin était visiblement mal à l'aise. Comme un enfant, il prit une grande inspiration et se lança dans une interminable tirade.

« Écoute, je suis désolé, je ne sais pas ce qui s'est passé de ton côté et si tu ne veux pas m'en parler tant pis, mais s'il te plait pardonne moi. J'aurais jamais dû te mentir, c'était stupide. Je t'ai laissé tomber, je le sais, mais cette semaine m'a fait comprendre que je n'ai que toi. C'est pas une blague, j'ai pas d'amis mec ! Être avec ce gang c'est important pour moi, j'ai une image à entretenir. Mais je n'aurais jamais dû te mentir et t'éviter, c'était vraiment un comportement de connard. Mais s'il te plaît ne dis rien à Nadia. »

Je ne savais même pas qu'il était capable d'être aussi franc. A peine avait-il terminé sa première phrase qu'il était déjà pardonné. Malgré toute la bonne volonté du monde il m'aurait était impossible de détester Shorter. Il était bien trop bête pour être détestable. Mais je le dirais quand même à Nadia, juste pour le plaisir. De plus une ça avait dû être très éprouvant pour lui d'apprendre tout ce texte par cœur.