Karen faisait le tour de la table de son salon, une main sur le front, l'autre faisant tourner nerveusement un stylo entre ses doigts.
-On ne peut pas le garder chez nous! Pas avec Denny! S'exclama t-elle en chuchotant, parce que son fils dormait dans la pièce au bout du couloir, et qu'un homme était inconscient sur le canapé de leur salon.
Elle avait trouvée comme seule arme pour se défendre, un stylo noir sur la table, délaissé là après avoir passé plus d'une heure à remplir des papiers.
Hen se frottait le front, nerveuse mais aussi tiraillée par deux choses. Son cœur qui lui disait d'écouter sa femme et d'éjecter l'intrus de chez eux. Son cerveau qui lui intime de garder lui venir en aide. C'était son travail d'aider les gens dans le besoin, et la seule fois où elle avait presque failli ne pas appeler le 9-1-1, alors que son ex était sur le point de mourir d'une overdose, elle s'en était voulue d'avoir pu penser ainsi. Pendant des jours elle s'était demandée si elle était réellement la personne qu'elle prétendait être. Celle qui avait voué sa vie à sauver celle des autres et à rassurer, à soigner et à rendre à des gens en détresse, un semblant d'espoir.
Elle savait ce qu'Evan avait fait, ou du moins elle pensait savoir ce qu'il avait fait et une partie noire de son coeur, voulait le laisser se vider de son sang sur le porche de leur maison, mais elle l'avait amené ici. Elle s'était démenée pour le tirer et le soulever avant de le laisser retomber sur le canapé de son salon, et rien que l'idée qu'elle ait fait ça inutilement pour le laisser mourir lui faisait regretter son acte.
Elle sentit bien Karen, plongée dans une réflexion intense et insensée, tiraillée par sa raison et son coeur elle aussi, et quand elle croisa son regard, elle savait déjà ce qu'elle allait dire.
-On ne peut pas le laisser comme ça, déclara t-elle, l'air grave, presque suppliante.
Hen hocha la tête, presque soulagée et remonta ses manches.
-Je vais avoir besoin de serviettes propres, de ma trousse de soins, de désinfectant, d'un couteau, d'une bassine et...
Elle regarda autour d'elle et ses yeux se posèrent sur le buffet du salon, sur lequel était posé des fleurs, des photos et un petit tableau d'un artiste du coin.
-Quelque chose d'assez fort, reprit-elle en faisant un signe de tête vers le type occupant leur sofa. Il va avoir besoin de quelque chose pour le calmer s'il se réveille.
Karen approuva et disparu dans le couloir, se précipitant vers la salle de bain. Elle se répétait la liste dans sa tête, comme si sa propre vie en dépendait.
Hen s'agenouilla près de l'abdomen du blond et souleva son t-shirt poisseux, noirci par le sang. Elle fit une grimace soucieuse avant d'attraper la poignée de serviettes que Karen venait de lui rapporter. Elle attrapa également la trousse que sa femme lui tendait et elle piocha à l'intérieur, en sortant un ciseau long et fin.
Elle découpa le premier tissu dans la longueur et l'arracha d'un seul geste sec et vif. Karen lui tendit immédiatement les serviettes et à deux, elles les étalèrent sur le sofa, soulevant le corps lourd et épais d'Evan pour les faire glisser dessus.
Hen secoua la tête, inquiète.
-Qu'est-ce qu'il y a? S'enquit sa femme, paumée.
-Il a de la fièvre. Il va avoir besoin de soins si on ne veut pas qu'il meure, d'autres soins que ce que je peux lui apporter.
Elle s'arrêta un instant, embarrassée.
Athena avait assuré que l'homme qui se tenait sur leur canapé, n'était pas aussi mauvais que ce qu'Hen aurait aimé croire. Peut-être que sa meilleure amie avait raison ou peut-être qu'elle avait voué trop d'espoirs dans ce type et aurait aimé le sauver. Maddie était une personne formidable, qui ne méritait pas de se retrouver embrigadée dans une histoire si sordide et impactée par les erreurs de son frère. Mais voilà, tout le monde savait qu'elle aimait son frère, et c'était peut-être ça qui conduisit Hen à faire ce qu'elle s'apprêtait à faire.
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Remember Me? (Buddie)
FanfictionElle doit être là, quelque part... Sûrement dans un vieux carton où au fond d'un tiroir. Cette maudite photo de classe. Qui aurait cru, qu'une simple photo d'une classe de gamins, pouvait révéler tant de secrets et de manipulations? Et si des retr...