34

159 18 86
                                    

-Qu'est-ce que ça veut dire? Implémenta t-il, confus. Tu étais ce qui se rapprochait le plus d'un cauchemar pour moi à l'école et tu oses me dire que c'est moi qui t'ai fait fuir? J'ai du mal à accrocher à cette histoire.

Evan secoua la tête, impatient, les mains sur les cuisses, son repas presque froid.

-Je n'étais pas ce qui se rapprochait d'un cauchemar Eddie, j'étais un cauchemar. Je te traitais comme un moins que rien, j'étais méchant avec toi et je me moquais souvent de toi, parce que tu étais intelligent, discret, gentil et solitaire, et qu'à l'époque, être tout ça ça voulait dire être ringard.

-J'étais pas un petit animal en détresse Evan, je sais me défendre et je savais déjà le faire à cette époque là. Je te signale que je faisais de la boxe à cette époque là, lui lança t-il, cinglant. 

-Je sais, souffla le blond, l'air triste. Le mardi et le vendredi, à dix sept heures après les cours. Tu prenais le bus pour y aller et tu descendais à Parkridge, juste devant le Colombus et tu repartais vers dix neuf heures pour rentrer chez toi. 

Eddie papillonna des yeux, perplexe et quand il réalisa ce qu'il venait de dire, il secoua la tête, confus. 

-Attends, le stoppa t-il en croisant les bras et s'affalant dans le fond de son siège, comment ça tu sais? Tu m'espionnais? 

Evan fronça les sourcils, troublé, ne comprenant pas où il voulait en venir et finit par ouvrir la bouche en "o", mal compris. 

-Non! Non! Du tout, je le sais, parce que je te voyais. Je me retrouvais toujours au Colombus quand je finissais les cours, je prenais un café avec mes potes et on discutait de ce qu'on ferait de notre week-end. Je te voyais passer devant la vitrine, et pour le bus, je sais parce que je prend le même mais une heure plus tôt, et comme il passe toutes les heures...

Eddie hocha lentement la tête, peu convaincu, mais il ne dit rien pour autant, sentant que quelque chose clochait. 

-Mais au bout d'un moment, continua Evan en se remettant à trifouiller sa nourriture, je venais seul. Je prenais un café et je m'asseyais à la table tout au fond, celle qui donne un angle parfait pour voir tout ce qui se déroule dans le café et à l'extérieur. Puis j'attendais de voir ton bus arriver et de te voir en sortir, ton sac de sport sur l'épaule et tes écouteurs dans les oreilles. J'essayais de deviner ce que tu écoutais en lisant tes expressions, mais tu restais toujours impassible, comme un mur de pierres infranchissable. C'était devenu une obsession. Je voulais savoir pourquoi tu étais si bizarre et pourquoi tu n'avais pas d'amis. 

Le Mexicain fit une moue désabusée, faussement vexé. 

-Le jour où je suis venu te parler à la bibliothèque, celui où je t'ai appris qu'il y avait une soirée, c'était pour ça que j'étais venu. Je voulais savoir ce que tu écoutais, parce que ça me rendait malade de ne pas savoir ce que t'aimais. Tu parlais jamais à part pour participer en cours, tu restait jamais plus d'un quart d'heure au self, tu traînais jamais dans les couloirs, ne te retrouvait jamais impliqué dans quelconque discussions et tu était toujours présent. C'était effrayant et je voulais savoir pourquoi tu me faisais si peur. Ca me tuait, parce que je ne pouvais pas dire à qui que ce soit que tu m'intriguais, on m'aurait pris pour un malade et je ne pouvais pas risquer de perdre la confiance de mon équipe alors que j'étais le vice capitaine. 

-Et donc tu t'es dit, "allons emmerder le petit solitaire de la classe, histoire de faire passer sa frustration pour du style", le coupa t-il en secouant la tête, sentant ses joues s'empourprer quand le douloureux souvenir de l'école se rapporta à lui. 

Evan déglutit de travers avant de plaquer ses mains sur ses cuisses. 

-J'étais un connard. Je m'en rend compte maintenant, mais j'ai passé l'entièreté de ma vie à te faire du mal. 

Remember Me? (Buddie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant