Remember Me? (Buddie)

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Le couloir était plongé dans un silence pesant mais agréable. Même l'air conditionné s'était tu, et derrière les portes, on entendait pas la moindre bribe de conversation, pas la moindre télévision ou sonnerie de téléphone. C'était comme ci le bâtiment avait été entièrement évacué de tous ses occupants, bien que dans le hall d'accueil, tout le monde était à son poste, y compris la sécurité, lourdement armée.

Dans ce couloir silencieux, il n'y avait que des pièces pour des bureaux et une salle de réunion tout au fond, de la taille d'un amphithéâtre, avec des sièges de cinéma, et une scène assez grande pour accueillir une fanfare entière. Des travaux avaient été faits récemment et les sanitaires avaient été rénovés -sûrement fraîchement nettoyés aussi à en croire le panneau jaune "sol glissant", laissé au milieu du passage.-

Les portes de l'ascenseur s'étaient ouvertes il y a plus d'une minute maintenant et étaient restées ouvertes, un doigt pressant le bouton. La flèche orange indiquait que la cabine était attendue autre part, mais elle ne bougea pas, son occupant restant immobile à l'intérieur, la respiration lourde et les yeux fermés, une grimace sur le visage. Quand il les rouvrit et qu'il fit un pas en avant, il laissa derrière lui en petite trace de sang, une belle empreinte sur le bouton bloqueur de porte.

Il se tint debout, légèrement affaissé dans le couloir, sa tête tournant de gauche à droite, cherchant à croiser le regard de quelqu'un qui se trouvait là, mais personne. C'était désert et tellement silencieux que s'en était inquiétant et oppressant.

Du revers de la manche, il s'essuya le front, trempant sa veste de gouttes de sueur et avança, son bras droit faisant office de support quand il commençait à se rapprocher des murs.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il détestait les films d'horreur. Il n'aimait pas se faire surprendre, être impatient et redouter chaque coin de couloirs tellement il était certain qu'un monstre ou un meurtrier allait bientôt arriver. Alors quand il plissa les yeux pour essayer de discerner ce qui se trouvait devant lui, il eut la désagréable impression de se retrouver enfermé dans Shinning.

Les couloirs tournaient, se tordaient et devenaient flous et même en se frottant les yeux, ça ne changeait rien. La porte tout au fond s'étaient éloignées de plusieurs mètres, créant un boyaux distendu et les murs rapetissaient à vue d'oeil, lui donnant la nausée. Quand il avança, les néons l'éblouirent et la sonnerie de l'ascenseur résonna dans sa tête avec une puissance démesurée.

Il n'avait rien bu, et pourtant c'était comme s'il était complètement ivre, abruti par un whisky trop fort, de la vodka au goût de dissolvant et du rhum à l'orange. Il avait le ventre vide, et troué par une balle qu'on lui avait enlevée mais qui avait fait des dégâts irréparables.

L'arrière goût dans sa bouche était désagréable et sa langue, sèche et pâteuse, était presque immobile derrière ses dents, qui s'entre choquaient de temps à autre.

Quand sa main se posa sur la poignée de la porte de service, il manqua de s'écrouler dans la cage d'escalier quand celle-ci céda sous son poids. Il se retint à la rembarre et eut un haut le cœur quand son regard s'accrocha au tourbillon noir et interminable qui menait vers le sol, disparu dans la noirceur.

Il releva la tête vers l'étage supérieur, d'où il pouvait déjà ressentir l'air frigorifiant passer sous le seuil de la porte et le vent hurler par le trou de la serrure.

Monter six marches n'avait jamais été aussi compliqué de toute son existence et lui qui avait pour habitude de ne jamais toucher aux barres sur lesquelles des centaines de mains s'étaient posées, déposant des tas de bactéries et de substances douteuses, craignant de rencontrer les traces d'un type déjà répugnant d'aspect et d'odorat, aujourd'hui, il était presque certain que s'il ne s'y était pas accroché, il n'aurait jamais réussi à monter.