Parce que ce sera toujours toi !

Chapitre 1 - Lou

C'est les grandes vacances et comme tous les matins, je commence par éplucher le Boston Daily News, les faits divers m'attirent particulièrement, peut-être parce que je baigne dedans depuis ma plus tendre enfance, mon père, avocat, m'a nourri avec des tueries glaçantes, des périples meurtriers, des fusillades et autres règlements de comptes.

Après ça, je potasse l'actualité et pour finir, je survole le coin des petites annonces. Oh je ne recherche rien en particulier à part peut-être, une nouvelle Lou PARKER pour la rentrée, plus sûre d'elle, plus dans l'air du temps, plus populaire, moins ringarde et moins peureuse. J'ai été reçue à l'université de Yale section beaux-arts, rendant mes proches très fiers. J'en rêvais depuis toujours et maintenant que ça se concrétise, je suis morte de trouille. Je crains de ne pas rentrer dans le moule. Je suis contre les diktats de la mode, je suis une faute de goût à moi toute seule. J'ai de grosses lunettes vintages, des yeux pas vraiment gris, pas vraiment bleus, pas vraiment verts, ce qui m'a valu le surnom de sorcière durant tout le secondaire. Mes cheveux ne sont ni blonds, ni châtains...

Je suis petite, enfin bref, je crains que les gens ne perçoivent que mon manque d'assurance et mon physique trop banal, je ne supporterai pas d'être à nouveau la cible de détracteurs. Après avoir ressassé devant mon miroir de vieux souvenirs désagréables, j'enfile ma salopette short en jean fétiche que je mets aussi souvent que possible avec une chemise à carreaux nouées sur le côté, pleine de taches de peinture. C'est la tenue dans laquelle je trouve l'inspiration lorsque que je peins ou que je dessine.

_ Lou, tu vas être en retard ! Hurle ma mère du bas de l'escalier.

En retard pour aller où ?

Je songe à voix haute. Heureusement Eliott, mon petit frère de 6 ans, passe sa frimousse blonde dans l'embrasure de la porte de ma chambre et me rappelle à l'ordre.

_ Lou, ton cours de bagarre. Chuchote-t-il.

Oh zut j'avais complètement oublié. J'attrape un sac à dos sous mon lit et y enfourne ma tenue de sport récemment achetée par ma mère ainsi qu'une paire de baskets. Je fais un rapide chignon avec l'élastique que j'ai autour du poignet, des mèches partent de tous les côtés mais pas le temps de rectifier le tir. J'embrasse Eliott, et attrape la bouteille d'eau qu'il me tend, puis préviens ma mère que je file. J'ai rendez-vous à 10h00 et il est 9h50, la ponctualité n'est pas mon fort. Il faut encore que je traverse toute la ville pour me rendre à la salle de sport. C'est mon tout premier cours et j'ai trouvé le moyen d'arriver en retard. Lorsque que j'arrive à la salle il est 10h20, le cours est déjà bien entamé. Je n'y vais pas de guetter de cœur, c'est une idée saugrenue de mes parents :

"Lou nous vivons dans un monde hostile et il faut apprendre à te défendre".

J'ai eu le choix entre le krav-maga et la boxe. J'ai donc choisi le Krav-maga parce que c'est la méthode d'auto- défense qui me paraît la plus appropriée et surtout c'est à mon sens, moins barbare que la boxe. J'arrive dans la salle, il n'y a personne à par un jeune homme en plein effort physique, il est en train de faire ce qui ressemble à des étirements, je l'interpelle.

_ Excusez-moi je...

Mais l'impertinent ne me laisse pas finir ma phrase.

_ Les cours de piano c'est au deuxième étage. M'indique-t-il avec froideur.

Est-ce que j'ai une tête à faire du piano ?

_ Non, je cherche mademoiselle Ford pour un cours d'essai de Krav-maga. Il rit puis s'approche de moi en me détaillant de haut en bas.