Chapitre 38 - Lou

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Cher journal,

Alors que je croyais être éteinte pour le restant de mes jours, j'ai à nouveau goût à la vie. Une petite lueur d'espoir qui ranime mon âme. J'ai conscience que toutes les relations amoureuses ne peuvent être sauvées et c'est peut-être utopique et illusoire de croire que tout va redevenir comme avant, comme si rien ne s'était passé. Peut-être mais peut-être pas. Si je n'y vais pas, je ne le saurai jamais. J'ai mis du temps à assimiler que si je n'ai jamais réussi à faire mon deuil d'Asher c'est parce qu'il ne m'a jamais dit de vive voix qu'entre nous deux c'était terminé. Il est parti, il m'a abandonné de la plus lâche des manières et aujourd'hui je veux qu'il me regarde droit dans les yeux et qu'il me dise que nous deux c'est fini, qu'il ne ressent plus rien pour moi et qu'il est passé à autre chose. Tant que je n'aurais pas la certitude qu'il m'a définitivement oublié je ne pourrais pas tourner la page. Pour la première fois de ma vie, j'ai envie de me battre, pour lui, pour nous.

Je suis assise dans l'avion et même si j'ai la frousse de ce qui m'attends, à 10 000 pieds du sol, portée par l'adrénaline je ne souhaiterai faire machine arrière pour rien au monde. Je regarde à travers le hublot la mer de nuages qui se dessine à l'horizon, tout est calme, paisible sauf dans mon cœur où c'est la panique. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, tout est flou et confus. Ça fait plus de trois ans qu'on ne s'est pas revu, 3 longues années et avant tout ça, je me sentais vivante, explosive, libre, acceptée et comprise. Tellement femme, tellement bien, et tellement belle simplement grâce à la façon dont il me regardait. Se peut-il qu'il m'ait complètement oublié ? Se peut-il qu'il ait fait une croix sur moi et notre idylle.

Depuis la découverte de cette adresse, je suis vibrante et obsédée, je ne dors pas, je n'ai pas d'appétit, je ne désire rien d'autre qu'être avec lui, mais lui que désire-t-il ? Si ça se trouve je suis en train de me faire un méga film, ou dans mon monde, lui et moi on tomberait dans les bras l'un de l'autre, on oublierait tout et on ferait l'amour pendant des heures, je m'installerais chez lui, on finirait pas se marier et on aurait peut-être même des enfants.

J'écrase une larme sur ma joue et repousse le plateau repas que me tend l'hôtesse de l'air qui tente un sourire compatissant en voyant la tristesse qui m'accable. J'arrive à l'aéroport de Portland à 16h00 et il y a un monde fou, le temps de passer les contrôles de sécurité et récupérer ma valise qui pèse 1 tonne, il est déjà 18h00, je fonce tête baissée sur le trottoir ou je monte dans le premier taxi, je dicte l'adresse que je connais par cœur au chauffeur, boucle ma ceinture et ouvre ma fenêtre. Il fait une chaleur écrasante en ce mois de juillet. Le type ne démarre toujours pas, je commence à m'impatienter. Il se retourne et me regarde embêté, ce qui se profile à l'horizon ne présage rien de bon.

_ Ça fait 30 ans que je roule dans Portland mais je ne connais pas cette adresse. Grommèle-t-il, navré.

Mon monde s'écroule, je ne reverrai jamais Asher, cette adresse est un leurre. Je m'enfonce dans mon siège la mine défaite. Il souffle en tapotant sur l'écran de son GPS.

_ Comment ça marche ce machin ? Gronde-t-il.

Il saisit enfin l'adresse et réfléchi quelques secondes.

_ C'est paumé votre truc, c'est en pleine forêt.

Une lueur d'espoir traverse mon visage.

_ Conduisez-moi là-bas, s'il vous plaît, je vous donnerai tout ce que j'ai. Ma voix n'est que supplice.

Dieu soit loué, le type jusque là indécis, n'est pas insensible à ma détresse, il démarre et nous voilà en route pour cette adresse inconnue qui suscite toutes les interrogations.

_ C'est parti. Dit-il en montant le son de son poste.

J'ai les mains moites, la sueur perle sur mon front, je ferme ma fenêtre et profite de la climatisation.

Parce que ce sera toujours toi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant