Chapitre 29 - Lou

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Je n'ai jamais été aussi heureuse que ce matin lorsque je me réveille et qu'il vient derrière moi et m'enveloppe dans ses bras, sa chaleur m'envahit. Je me sens au chaud. Protégée, mais pourtant terriblement honteuse, le sentiment de ne pas le mériter m'assaille de plus en plus. Je dois lui parler, Erza a raison, plus j'attends et plus c'est difficile. Depuis que je sais que je suis la responsable de la mort de son père, ça me détruit jour après jour, je ne supporte plus de le trahir de cette manière. Je lui dois la vérité.

Ses lèvres effleurent ma peau entre ma nuque et ma clavicule. Ce baiser aussi léger qu'une plume me procure un douloureux pincement au cœur. Me voilà avec une grosse boule dans la gorge, qui j'ai l'impression, ne fait que grossir encore et toujours. Je peine à respirer normalement et Asher s'en rend compte. Je pensais que j'étais forte, j'ai essayé de me protéger, de le protéger, mais je n'en ai plus la force. J'ai juste envie de me poser dans un coin et de pleurer jusqu'à ne plus avoir de larmes, jusqu'à ce que la culpabilité que je ressens se dissipe.

_ Lou est ce que ça va ? Est-ce que tu veux que j'aille chercher ta mère ? Me demande Asher, fou d'inquiétude. Il m'attrape par les épaules et m'oblige à le regarder.

_ Bébé dis-moi si je peux faire quelque chose pour toi.

Je me sens nauséeuse, faible, il faut que ça cesse. j'ai du mal à le regarder sans avoir le ventre noué. Alors que lui me fixe de ses yeux verts perçants. Puis je sens son pouce passer sur mon menton et m'empêcher doucement de me mordre la lèvre.

Je ne respire plus. Il a ce pouvoir sur moi. Même quand je tente de lui résister.

Il faut que je libère la parole, maintenant.

_ Asher assieds toi s'il te plaît, j'ai quelque chose à te dire d'important. Ma voix se brise en disant cela.

_ Si tu comptes me quitter, Lou, je te préviens je ne te laisserai pas faire, pas après cette nuit torride que tu m'as offerte.

_ Asher je suis sérieuse il faut que tu m'écoutes.

_ Si t'es enceinte, on se débrouillera.

_ Asher, bon sang ! Je prends la pilule, écoute-moi.

Il se saisit de ma main et la pose sur son cœur.

_ Merde Lou, tu me fais flipper.

_ J'avais 16 ans, pas d'amis et la seule chose qui avait un sens à mes yeux, était de me rendre utile. Je venais de rencontrer Jake, il est venu un jour dans mon lycée pour nous parler de son association. Mes parents me trouvaient trop jeune pour effectuer la distribution de repas dans la rue, je suis donc devenue bénévole mais à condition de rester au centre de distribution, une banque alimentaire où je préparais les colis, des paniers-repas destinés aux plus démunis. J'ai rapidement trouvé mes marques, les personnes aidées s'y rendaient une ou plusieurs fois par semaine. C'était bien plus qu'un lieu d'accueil pour elles, c'était un lieu de rencontre et d'échange où elles pouvaient boire un café et passer un moment au chaud, établir des contacts et, ainsi, aller plus loin dans l'insertion. J'y ai fait de belles rencontres, il y avait parmi eux un homme extraordinaire, je me souviens la première fois où il est venu, (je souris, mais vois très vite floue à cause des larmes qui s'infiltrent dans mes yeux) il n'osait pas entrer, il était tellement timide qu'il n'osait pas me regarder dans les yeux et encore moins accepter l'aide que je lui tendait. Devoir se rendre dans ce genre d'établissement était pour lui bien au-dessus de ses forces, mais la «honte» ressentie à ce moment-là fut vite balayée par l'accueil chaleureux des bénévoles.

Il venait de perdre son emploi sur un malentendu et n'osait pas le dire à sa famille, il n'avait plus d'autres choix. Alors tous les jours il se rendait à l'association, une personne du centre ou moi même lui servions un café avec du lait et du sucre, on papotait et le soir il repartait avec un colis rempli de nourriture, ce n'était pas grand chose mais comme il disait, ça mettait du beurre dans les épinards.

Parce que ce sera toujours toi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant