C'est mon dernier cours avant la rentrée, Asher est sur le tatami en train de faire des sauts périlleux et autres figures impressionnantes.
J'observe sa musculature impressionnante silencieuse, profitant du spectacle, je ne m'habituerai jamais à ce concentré de beauté, puis j'applaudis pour lui signaler ma présence, il semble contrarié.
_ Tu es vraiment très souple. Je déclare en enlevant mes chaussures.
_ PARKER toujours à l'heure à ce que je vois.
5 minutes de retard, pas de quoi en faire un flan.
_ Oui mais j'ai une bonne excuse, comme je n'ai pas eu le temps de pâtisser aujourd'hui, je me suis arrêtée chez Zinneken's, ils ont les meilleures gaufres Belges de toute la ville. J'ai pris un supplément pâte à tartiner. J'amorce un pas dans sa direction en lui tendant le sachet.
_ Tu n'aurais pas dû. S'agace-t-il en repoussant le sachet.
Bon j'ai raté un épisode, d'habitude, il ne dit jamais non. Ok après ce moment de honte absolue, j'abandonne le sachet sur le banc.
_ Qu'est-ce que tu t'aies fait ? Gronde-t-il en examinant le bleu que j'ai au-dessus de l'œil droit. J'aurai dû suivre les conseils de ma mère et mettre un peu de fond de teint pour camoufler tout ça, mais quelque part, je suis fière de cette blessure de guerre.
_ C'est une longue histoire mais je sens que le professeur va être épaté.
_ Vas-y accouche.
_ J'étais dans le parking souterrain d'un centre commercial, je venais de me garer lorsque j'ai entendu des cris, une femme était en train de se faire voler son sac à main par deux types, le genre molosse tu vois, je me suis mise à leur courir après et j'ai réussi à rattraper celui qui tenait le sac, il ne s'est pas vraiment méfié, je l'ai attaqué direct en lui mettant une droite, d'ailleurs ma main s'en souvient. (Asher regarde le bandage qui recouvre celle-ci avec stupéfaction). Bon forcément le type a riposté et je me suis pris une droite à mon tour, j'ai vacillé, je suis tombée à terre, le type a pris la fuite, j'ai été stupéfaite quand j'ai relevé la tête et que j'ai vu qu'il était parti sans prendre son butin. Je lui ai fait peur, tu te rends compte, c'est génial !
_ PARKER tu as risqué ta vie, (déplore Asher en haussant le ton). Tu n'aurais pas dû t'en mêler. Il enlève mes lunettes et passe délicatement son doigt sur ma blessure de guerre.
_ Tu as mal ? S'inquiète-t-il.
_ J'ai connu pire, je devrai survivre.
Après ça, il remarque la cicatrice que j'ai sur mon épaule, elle est grosse, épaisse, hideuse, mais avec le temps j'ai appris à vivre avec et je ne cherche plus à la cacher.
_ Et ça c'est quoi ?
C'est la première fois qu'il s'intéresse à moi, et forcément il faut que ce soit pour me poser ce genre de question hyper intime. Je ne suis pas prête à me confier à lui, c'est d'une histoire bien trop douloureuse et personnelle.
_ C'est rien. Je réponds simplement, il n'insiste pas.
Cher journal,
Voilà, j'ai eu mon dernier cours de Krav-maga. Ça veut dire que je ne reverrai probablement plus jamais Asher ATKINS, alors j'ai fait un portrait de lui pour ne jamais oublier son visage et j'ai aussi noté quelques phrases relevées sur son corps :
"Vita est proelium" qui veut dire, la vie est un combat.
" Ars longa, vita brevis" qui signifie, l'art est long, la vie est courte.
J'aime beaucoup celle-ci car elle parle d'art alors forcément...
J' ai aussi relevée :
"Alea jacta est"
Qui veut dire Advienne que pourra (le sort en est jeté).
Il y en avait d'autres, plein d'autres, mais je ne voulais pas avoir l'air de le déshabiller du regard. Ces phrases doivent toutes avoir une signification pour lui et je serai curieuse de les connaître.
Mais en attendant, demain je prendrai la route pour New Haven, mes valises sont bouclées, et mes parents ont insisté pour faire le trajet avec moi. Yale n'est qu'à deux heures de Boston, j'aurais pu me passer de leur présence mais laisser leur bébé s'avère être aussi difficile pour eux que pour moi.
Le lendemain matin je suis debout aux aurores, les valises sont alignées dans l'entrée, le bacon et les œufs sont servis. Papa est très classe comme toujours, dans son costume anthracite, il consulte son agenda électronique tandis que je feuillette le Boston Daily News. Maman prépare des sandwichs qu'elle emballe soigneusement dans de l'aluminium.
_ Maman, il y a un self sur place. Je peste en soufflant.
_ La rentrée officielle n'est que demain alors il se peut qu'aujourd'hui tout soit fermé. Rétorque-t-elle.
_ Si tu ne les veux pas, est ce que je peux les garder pour moi, je n'aime pas le ragoût de viande. Demande Eliott.
_ Prends-les mon poussin, maman, il y a tout ce qu'il faut sur place, je me débrouillerai. Insisté-je.
_ Éléanore, Lou est une jeune femme maintenant, tu n'as pas à t'en faire. Mon père essaye de rassurer ma mère qui est, pour le coup, plus stressée que moi.
_ Bon on ne va pas se mettre à pleurer maintenant, hein. Allons-y. Je décide qu'il est temps d'y aller avant que quelqu'un ne change d'avis.
Le trajet par l'autoroute est relativement rapide, deux heures, mais assez loin pour ne pas rentrer tous les week-end.
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Parce que ce sera toujours toi !
RomanceLou Parker est de celles qui font des plans sur la comète, qui s'imaginent une vie réglée comme du papier à musique. Toujours studieuse, altruiste, d'une sagesse volontaire sans jamais vouloir causer de désordre ou de déséquilibre. Elle le sait...