Chapitre 40 - Lou

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Je suis venue ici pour me confronter à lui. Je pensais que ça m'aiderait à me sentir mieux et que ce serait plus efficace qu'une thérapie et toutes les heures que j'ai passé chez le psy, mais c'est tout l'inverse, je suis toujours aussi malheureuse, toujours aussi amoureuse. Rien ne changera jamais.

_ Alors qu'est-ce que tu deviens ? M'apostrophe-t-il.

Je ne sais pas pourquoi il pose la question, Ezra lui a déjà probablement tout raconté à mon sujet.

_ J'ai arrêté Yale au grand désespoir de mes parents, ils ne m'ont pas jugé, je n'avais pas besoin qu'on me sermonne. Grâce à Alexander et à son père, j'ai réussi à me faire un nom dans le milieu, j'ai vendu quelques toiles et je suis autonome financièrement, je ne suis pas Frida Kahlo, mais ça marche plutôt bien pour moi. Et toi ?

_ Je vis ici en autarcie depuis 3 ans, quand j'ai besoin de fric, j'aide le garde forestier, je m'en sors comme ça.

Il touche ma bague, le regard empreint d'une évidente tristesse qui me comprime le cœur.

_ Alors comme ça tu vas l'épouser ?

_ Quoi ? Non bien sûr que non, on n'est même plus ensemble. Je me sens obligée de préciser.

_ Alors pourquoi tu gardes sa bague de fiançailles à ton doigt ?

_ Sa bague je lui ai rendu quand je l'ai quitté, cette bague-ci, se sont mes parents qui me l'ont offert pour mon 22 ème anniversaire. Je réponds du tac au tac.

_ oh.

Je ne sais pas comment je dois interpréter ça, mais sa tête, je jurerai y lire du soulagement.

Tous ses signaux contradictoires, c'est étrange, il ne me rend pas la tâche facile. Je l'aide à débarrasser la table dans le silence, nous attrapons la dernière assiette en même temps, je le regarde fixement, en proie à une confusion extrême. Nous sommes si bien tous les deux si attirés l'un par l'autre mais si distants. Ni l'un ni l'autre ne peut donner à l'autre ce qu'il recherche. J'ai envie de glisser mes doigts dans sa vilaine barbe, mais au lieu de ça je me dérobe, lui laisse l'assiette et me tourne vers la seule fenêtre de la cabane. Un silence paisible s'installe entre nous. Je regarde la nature belle et luxuriante, ici c'est le calme absolu, seule la pluie qui tombe perturbe le calme ambiant. Cet endroit c'est une ode à la vie, un cocon, une bulle impénétrable, je ne suis pas une adepte de la campagne, je suis une enfant de la ville, mais ici avec lui, je pourrais y passer le restant de mes jours, parce qu'être avec lui c'est tout ce qui compte à mes yeux, je pourrais faire une croix, sur mon confort, ma vie de citadine et mon goût prononcé pour la mode pour être là avec lui perdue au milieu de nulle part. Il se glisse derrière moi, je me retourne, l'intensité de son désir brille dans les profondeurs de ses yeux qui me scrutent. La tension sexuelle monte d'un cran entre nous. Notre attirance l'un pour l'autre est indéniable, rien n'a changé, pourtant nous luttons chacun de notre côté pour ne pas franchir la limite, pour ne pas basculer dans le vide.

_ A quoi tu penses ? Il demande tout en se rapprochant dangereusement de moi, mon corps tout entier tremble de désir pour lui.

_ Oh rien, je suis épuisée. Je mens. Je vais aller me coucher, comment on s'organise ?

_ Tu vas prendre mon lit, je dormirai par terre.

_ Par terre, pas question, pourquoi pas à la belle étoile tant qu'on y est. Je resterai de mon côté et toi du tiens, comme deux adultes responsables.

_ C'est ça rigole.

_ Je ne rigole pas Asher, mais admet que tout ceci est grotesque.

_ Ce qui est grotesque c'est toi ici, pourquoi tu es venue ? Pour que je te baise, et tu vas me proposer combien cette fois pour que j'accepte. Tu es pathétique Lou et après que se passera-t-il hein ?

Parce que ce sera toujours toi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant