Épilogue - Lou

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Je suis dans un lit d'hôpital, terrassée par des douleurs insoutenables, mais cette fois, Asher est là pour me tenir la main. Assis à côté de moi, il ne cesse de répéter que tout va bien se passer. Il tape nerveusement du pied droit, sa lèvre tressaute, ses mains sont moites. C'est rare de le voir si vulnérable. Je me contorsionne tant la douleur est vive tentant d'oublier que c'est lui qui m'a mise dans cet état.

_ Sois courageuse bébé, ils seront là d'une minute à l'autre.

Ses yeux protecteurs sont rivés aux miens.

Lorsqu'il m'a dit qu'il voulait fonder une famille, je ne pensais pas qu'il était sérieux et encore moins qu'il le voulait dès maintenant. Après toutes ces années séparées l'un de l'autre, il ne voulait pas perdre plus de temps. Si bien qu'on s'est mis au travail tout de suite. Après nos retrouvailles dans la cabane, nous sommes restés un mois là-bas sans voir personne, nous avions besoin de nous retrouver juste lui et moi, des journées ponctuées de balade en forêt, de longues discussions et de sexe bien sûr. Ça ne répare pas tout mais nous nous sommes servis du plaisir commun pour enterrer nos souffrances. J'avais besoin de lui autant qu'il avait besoin de moi.

La sage-femme m'encourage comme elle peut, tout comme Asher, qui je sais, est terrorisé, mais qui joue les gros durs en sauvant sa réputation de mal Alpha. Le travail a commencé, l'effet de resserrement des contractions est en train de pousser les bébés vers le bas. Je sens une tête appuyer fortement sur mon col de l'utérus. Ça fait plus de 12h que les premières douleurs ont commencé, je suis dans un tel état de fatigue, j'ai l'impression que jamais je n'y arriverai. Ça fait longtemps que la péridurale ne fait plus effet et les contractions sont de plus en plus rapprochées.

– Ne t'inquiète pas, dit Asher en posant son front contre le mien.

Je secoue la tête en essayant de me concentrer.

_ C'est maintenant. Intervient la sage femme. Il va falloir pousser mademoiselle Parker.

_ Oh punaise, soit forte bébé, je t'aime oh oui putain je t'aime.

Asher s'excuse de son langage auprès de la sage femme qui je suis certaine le trouve trop mignon à en voir son sourire taquin.

_ Ce n'est rien, jeune homme, gardez cette belle énergie, votre petite amie va avoir besoin de vos encouragements.

Asher se lève et me masse les épaules en sautillant sur place, tandis que la sage femme est face à moi entre mes jambes prêtes à accueillir nos enfants. J'ai encore du mal à croire que nous allons être parents de deux petits êtres.

_ A trois il va falloir pousser. Allez 1, 2, 3. Ouiiiiiii c'est bien, encore, encore, encore, c'est ça, oui, continuez, respirez, ne vous arrêtez pas.

Je suis crevée je n'y arriverai jamais.

_ Allez bébé, tu es une bombe de fille, je suis super fier de toi. Lance-t-il la voix chargée d'émotion.

J'essaye de récupérer mon souffle et d'écouter les consignes à la lettre, mais j'ai tellement mal.

_ Allez mademoiselle on ne lâche rien, il faut y aller maintenant, à trois on reprend. 1,2,3. Ouiiii c'est bien, allez un peu plus de conviction, vous y êtes presque, je vois les cheveux de bébé numéro 1, je suis sûre que vous avez hâte de faire sa connaissance. Vous n'êtes vraiment pas loin, vous poussez encore deux fois de toutes vos forces et il sera là. M'explique la sage femme avec un sang froid hors du commun.

Malgré son entrain et sa bonne humeur, je n'arrive pas oublier les spasmes, la sueur perle sur mon front et je me sens complètement dépassée, je plante mes ongles qui s'enfoncent dans les bras d'Asher qui réagit plutôt bien, il conserve son sourire de façade. Il sait qu'il a plutôt intérêt à ne pas me contrarier maintenant, il a déjà eu droit à une série d'insultes plus tôt lorsque les premières contractions sont arrivées.

_ Vas-y bébé tu te surpasses, t'es une vraie déesse.

_ La ferme Asher.

_ Rhooo mademoiselle Parker, vos bébés ne sont pas sourds. Allez maintenant je ne rigole plus, si dans deux minutes bébé numéro 1 ne montre pas sa frimousse, je vous descends au bloc et c'est césarienne.

Césarienne, je me répète intérieurement, jamais de la vie, je veux accoucher par voies naturelles, j'en suis capable, je dois y arriver, je me cale sur la douce voix réconfortante de la sage femme qui m'encourage comme elle peut. Lorsque j'entends le 3, je pousse de toutes mes forces, je sens que ça vient, Asher est sur le qui vive, il fait les cent pas en se tenant la tête, je me mets à hurler, j'ai l'impression que tout mon bas ventre se déchire lors de l'expulsion de bébé numéro 1. Je m'effondre en voyant sa frimousse, des larmes de joie envahissent mon visage et j'oublie tout l'espace d'un instant, éprise d'un sentiment de bonheur indescriptible.

_ C'est une fille. S'écrie la sage femme en tendant une paire de ciseaux à Asher qui sans réfléchir coupe le cordon ombilical.

_ Est-ce...qu'elle... va bien ? Demande Asher dont la voix est étouffée par de gros sanglots.

Je ne l'ai jamais vu si ému, je n'ai pas le temps de m'attarder sur sa réaction, tout se passe très vite, une infirmière enroule notre fille dans une couverture et la place dans un berceau transparent sous une lampe. Je m'attendais à ce qu'on me la mette dans les bras pour que je puisse l'embrasser mais déjà bébé numéro 2 fait le forcing pour sortir, je n'ai pas le temps de récupérer que déjà, il faut se remettre au travail.

_ T'es une championne bébé, continue t'arrête pas.

_ Allez Mademoiselle, la voie est tracée, ce n'est plus qu'une formalité, encore un peu de courage et vous serez délivrée.

En une poussée, bébé numéro 2 rejoint sa sœur.

_ C'est un garçon ! Dit avec enthousiasme la sage femme.

L'émotion d'Asher est palpable, même s'il a toujours dit qu'il n'avait pas de préférence, je sais qu'il espérait secrètement avoir un petit gars, la vie nous a donné les deux, que demander de mieux ?

_ Est ce que ça va bébé ? Me demande-t-il en m'examinant de la tête aux pieds, le visage baigné de larmes.

_ Ça va. Je réponds dans un souffle.

_ Putain quelle émotion. Dit Asher dans un souffle.

Je laisse tomber ma tête sur l'oreiller et m'autorise à craquer. Je fonds en larmes, ça y est on l'a fait, nous sommes parents de deux petits êtres merveilleux, liés à jamais.

_ Lou, je suis tellement fière de toi. Je t'aime bébé. Promets-moi que tu ne me quittera jamais, je te jure que je ferai de mon mieux pour être un père et un mari exemplaire.

_ Un mari ?

Il approche sa tête de mon oreille, presse ma main et chuchote d'une voix éraillée par l'émotion en sortant un petit écrin de sa poche :

_ Parce que ce sera toujours toi...Bébé, veux tu devenir ma femme ?

FIN.

Parce que ce sera toujours toi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant