Chapitre 4

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Yuna

Après quatre heures d'avion, deux heures de route, dont les trois quarts coincés dans un embouteillage, le taxi nous dépose, Laeti et moi, devant les grilles d'une maison d'une taille indécente. J'ai donné un pourboire en plus parce qu'il était sympa. On la voit d'ici alors qu'il y a un chemin à parcourir pour y être pour de vrai.

- Rappelle moi de fracasser Al. Crache Laeti, aussi gonflé que moi par ce trajet de l'enfer.
- Je le tuerai avant. T'es sûr que c'est la bonne adresse ? On se croirai à Guantanamo*.

Des gardes en tenues de combat style militaire, entièrement de noir vêtus, montent la garde et inspecte chaque personne qui entre. Laeti fait quasiment le double de leurs poids et les dépasse de facilement une tête. Mon Pupuce est impressionnant sans la panoplie de Rambo, et moi j'ai l'air d'un porte-clé à côté de lui. Parfaitement assortis.

- C'est bien là. Tu veux tester les chambres ? Je suis chaud.
- T'as lourdeur n'a aucune limite.

J'avance jusqu'au poste de sécurité, les mains gelées je tends nos papiers d'identité et l'invitation. Le garde me regarde, puis regarde de nouveau les papiers, il fait pareil pour Pupuce. Sauf qu'il a dû lever la tête pour lui.

- Vous êtes ensemble ? Demande le garde.
- Elle est fabuleuse. Répond Laeti avec un clin d'œil.

Aucune limite, comme je le disais. Je lève les yeux au ciel, et souffle sur mes mains froides. C'est qu'il fait presque nuit, que ce voyage a été horrible de bout en bout, et que j'aimerai rentrée à l'intérieur, histoire de me réchauffer. Le garde ne me rend pas mes papiers tout de suite, et fronce les sourcils.

- Un problème ?
- Votre nom, McKinley. Y a-t-il un rapport avec Anton McKinley?
- Je suis sa fille.
- Oh pardon. Tenez, vous pouvez y aller.

Il a légèrement pâli aussi, surprise, je récupère mes papiers et les rangent dans mon sac. Papa a pris sa retraite de l'armée, il est à la tête d'une agence de sécurité, connaissant par cœur le monsieur, je ne doute pas de sa capacité à les mener d'une main de maître alors que c'est une vraie guimauve. Mais, je ne vais pas lui dire.

- Je vais rencontrer mon futur beau père ? Cool !
- Ce que tu risques de rencontrer, c'est son poing dans la tronche si tu l'appelle comme ça.
- Je suis adorable.
- Si ça te plaît d'y croire.

Une marche de quasiment dix minutes dans le froid, et je déteste officiellement cet endroit. Des voitures de luxe de partout, des tenues de soirées à perte de vue, et je porte un jean bleu et une paire de Doc Martens. Ou l'art de se fondre dans la foule.

- Je vais vraiment massacrer mon beau frère.

Pupuce porte un jean noir et une chemise de la même couleur , il est beaucoup plus classe que moi, parce que sa carrure est parfaite dans ce genre de vêtement. J'ai quand même fait un effort en me coiffant et en me maquillant. On arrive enfin à la porte avec nos valises, des domestiques nous les prennent et nous guident à travers un dédale de couloir sans fin. Le propriétaire aurait pu au moins faire un plan, je vais me perdre, c'est certain.

Vingt minutes plus tard, je retrouve Pupuce et Al en grande conversation, je ne peux m'empêcher de regarder partout. C'est tellement grand mais décoré avec goût tout en étant minimaliste. Bon d'accord, j'aime beaucoup. J'ai pu remettre de l'ordre dans ma coiffure, une longue queue de cheval qui m'arrive à la taille. Des pinces décore le haut de ma tête, comme un diadème mais en plus stylisé. La vanité n'est pas un truc flagrant chez moi, sauf mes cheveux, je ne les ai jamais teint. Un blond cendré clair naturel. J'ai retouché mon maquillage aussi. Mon trait de liner est parfait, j'ai remis un peu de noir pailleté sur mes paupières, le bleu de mes yeux est immanquable comme ça. Et un rouge à lèvres corail.

Au creux de NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant