Chapitre 20

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Yuna

Plus les kilomètres passent et plus mon angoisse grandit. Dans quel état je vais le trouver ? Autant physique que psychologique. Est-ce qu'il va m'ejecter directement ? Moi, mâle alpha. Moi, pas besoin femelle. Moi, fort et beau. Oui, bon, je résume beaucoup, mais en gros, je m'attends à un discours similaire, avec beaucoup plus de mots cruels et vindicatifs.

- Je te jure que si c'est un plan avec des meufs à poil, je les renie. Grince Dee entre des dents.

Je blémis d'un coup, je me sens capable de tout encaisser mais pas ça. Dans tous les plans que j'ai conçu, il n'y en avait aucun avec cette possibilité. Et je me sens comme une abrutie de ne pas l'avoir pris en considération.

- Pardon, Yuna. C'est sorti tout seul, je ne voulais pas te blesser. Dit-elle affligée.
- Je saurai à quoi m'en tenir, si c'est ce qu'on trouve.

Ma voix est blanche, comme moi. Des noeuds triturent mes méninges bien méchamment mes neurones maintenant que l'image s'imprime dans la tête.

- Et vous croyez que je vais le laisser en vie après ça ?! Oh non, je vais le crever et lui faire un collier de viscères à ce tas de merde.

May est d'un calme olympien, et croyez-moi, ce n'est pas bon du tout pour le matricule d'Eli si mes craintes se confirment.

- Tu lui as donné sa chance, Yuna. Si ce gros tas de pus gluant n'est pas foutu de la prendre, je me ferai un plaisir de lui raboter le fion comme il se doit.

Concentrée sur ma conduite, j'écoute ma meilleure amie faire un menu entrée, plat, dessert, de comment elle va le faire souffrir. Et elle est très imaginative, et carrément flippante. Linus conduit comme un papy, je ne risque pas de le perdre de vue.

- Peut-être qu'il a rien fait du tout, j'aurais pas dû mettre le sujet sur le tapis. Soupire Dee.
- Je l'espère pour lui parce que je te jure qu'il va morfler et qu'on retrouvera jamais son corps.

Bonne ambiance, dites-moi. Elle n'aura pas le temps de faire quoi que ce soit, parce que je pense qu'il n'y aura plus assez de matière d'élu pour qu'elle s'en accommode. Sors toi cette idée du crâne, McKinley, tu vas faire un infarctus. Linus se gare dans une rue bien éclairée. On est à Virginia Beach. Les souvenirs de cette ville m'assaille, l'époque où on a goûté à ce qu'était le bonheur. Bonjour amertume qui me tord le ventre bien gentiment.

J'en suis réduite à faire une filature avec les meilleures amies, non mais franchement. C'est ridicule. Je fais pitié, oui. Mais je suis déjà hors de la voiture, prête à faire brûler le monde entier pour le retrouver et me prendre un ouragan dans la tête. Naïve et maso. Mon ventre se contracte de façon désagréable, l'angoisse qui s'éclate à étouffer mes organes. Je peux le dire et certifier pour l'avenir, je déteste cette sensation. Je saigne de moins en moins, mais je suis prête à parier ma culotte de règle hyper confortable, qu'elle est tachée. Bref. Non, vraiment, je déteste tout ça.

- Il est rentré là dedans ? Mais qu'est-ce qu'il fout ce con ?

Excellente question May, c'est une ancienne boutique en cours de rénovation. La devanture, cachée par un échafaudage, est blanche et la lumière est allumée à l'intérieur. Je m'attends à tout avec cette brochette de raclure de fond de bidet. Et mon stressomètre est à son maximum. May m'attrape par le bras avant qu'on entre, aussi déterminée que Dee à y mettre le feu. Même le fait qu'il pleuve à sceaux, ne pourra calmer l'incendie. Est-ce que j'ai un tuba sur moi ?

- Tu es une bombe atomique, accompagnée d'un missile et d'un avion de chasse. Dit-elle.
- On entre dans ce merdier ensemble, et on explose tout si ça nous plaît pas. Continue Dee.

Au creux de NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant