Elijah
Les gouttes de pluie s'écrasent sur les vitres, laissant sur leur passage une traînée d'eau éphémère, vite remplacée par une autre. Les éclairs déchirent le ciel aussi violemment que le tonnerre gronde. Un orage s'abat sur la ville, sauvage, hors de contrôle. Et pourtant, le tourment de l'atmosphère me paraît tellement doux sous le poids de mes propres regrets qui m'accable. Karma de merde.
Tous mes choix, toutes mes résolutions sont en train de me bombarder comme des putains de kamikazes. Je m'en foutais que ça n'impacte que moi, parce que j'étais fait pour être adulé ou détesté. Ça aussi, je m'en foutais. Combien m'aime, combien veulent être moi ? Ils peuvent être des millions, pour ce que j'en ai à foutre, même moi, je me déteste.
Je n'ai jamais été qu'un putain d'égoïste qui suinte l'arrogance de partout. C'était toujours moi qui passe en premier, moi le meilleur le plus fort et une bonne chose, le plus beau. Rien n'avait d'importance si ça ne me concerné pas moi ou ma famille. J'ai toujours été seul de toute façon, ça ne m'a jamais dérangé. J'aimais tellement ma tranquillité, qu'on ne me casse pas les couilles, parce que personne n'osait me dire quoi que ce soit, à part ma mère. Si je suis encore vivant, c'est parce qu'il valait mieux que je l'écoute.
J'avais tout le monde à mes pieds, prêt à tout pour que je pose mon regard sur eux. C'est toujours le cas, mais je ne ressens plus rien. Une coquille vide. Je l'ai mérité, alors ma bouche reste fermée. Il n'y a pas moyen qu'on me voit comme un faible. Évidemment, mon ego est trop grand pour le supporter. Jouer le mec froid et inaccessible paraît plus facile. Ce n'est pas un rôle, c'est ce que suis. Parce que je me suis pris pour le roi du monde. Supporter les reproches, les regards haineux, même me faire insulter par mes proches ne me fais rien, j'ai l'habitude d'être le méchant.
Je pourrais vivre avec sans problème, je le fais déjà. Ce n'est rien du tout. Vraiment, que dalle. Mais son indifférence me tue. Elle est justifiée de millier de façons. Il y a un monde où rien ne m'atteint, pas celui-là. Je pourrais foutre le monde à feu et à sang pour qu'elle me voie. Ça ne changera rien. Je l'ai bien compris, j'ai enregistré ses paroles qui tournent encore et encore dans ma tête. Elle a renoncé, elle ne me fait pas confiance alors que je lui ai dit, supplié de le faire. Putain.
Le verre dans ma main fini par s'éclater contre un mur. Ce n'est pas le premier et définitivement pas le dernier. Mes démons me chantent leurs douces mélodies à l'oreille. C'est tellement facile de se laisser bercer que je plonge avec eux. Tout ça parce que je suis un lâche de merde qui n'assume pas ses choix de merde.
- Je t'ai déjà dit d'arrêter de casser des trucs !
Et cette voix que je ne supporte plus, celle qui m'a baisé sur toute la ligne, ne me fais même plus réagir. Meave. Saloperie de cancer.
- Et je t'ai répondu que j'en avais rien à foutre de ton avis.
Si je l'avais trouvé quelque peu attirante avant, maintenant mon envie de lui éclater la tronche prend le dessus. Je ne le ferai pas parce que j'ai des principes. Le foulard qu'elle arbore, pour cacher les marques que je lui ai faites, ne m'émeus même pas. Je suis devenu tout ce que je ne voulais pas. À cause d'elle.
Il faut comprendre que tout part d'un contrat de mon ancienne agente, Maryse. C'était pour redorer mon image. Rien que d'y penser, je ricane. Quelle idée à la con, putain. J'ai bien fait de la virer cette connasse, vu la merde qu'elle m'a apporté. Il suffit que je regarde le visage de celle qui me tue du regard pour que la rage brûle sous ma peau.
- Tu devrais arrêter de boire, ça ne te va pas du tout. Grogne-t-elle.
- Tu rigoles ? Ça me va très bien. Je vois pas ta gueule, t'es floue. Non, vraiment. Ça me va très bien. Casse-toi.
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Au creux de Nous
RomanceIl était une fois, il y avait une fin... Ce dernier tome commence six ans, presque sept, après les événements du dernier tome. - Six ans, c'est long, Yuna. - Ça dépend de quel point de vue on se place. - Du mien, pourquoi j'irai me faire chier avec...