Chapitre 16

375 30 22
                                    

Elijah

C'est une nuit de merde. À chier. Je suis trop con aussi. Je lui ai gueulé dessus parce que je me suis réveillé tout seul, en sursaut. Son odeur était sur les draps, mais elle était pas dedans. La rage que j'ai ressenti, à m'en broyer l'estomac, m'a fait vriller le cerveau. J'avais peur de rien, un vrai tank. Jusqu'à ce que je me retrouve tout seul. Cette sale sorcière va me buter. Je supporterai pas de la perdre une deuxième fois.

La première fois, c'était limite. J'ai fais tout ce que je pouvais pour me la sortir du crâne, l'annihiler de mon cerveau, la purger de mon cœur. Plein de trucs me sont passés par la tête. Faire une poupée vaudoo à son effigie, la maudire sur mille an, lui vouer une haine sans limite. J'avais juste pas pensé deux secondes que c'est elle qui a morflé le plus. Elle m'a sauvé, encore plus que ce que mon entourage croit. Alors que je l'ai démonté pièce par pièce, sans me sentir coupable. Tout était de sa faute, c'était plus simple comme ça. Bravo, connard.

Je déteste l'idée qu'elle se hait comme ça. Elle a éteint ses propres émotions, ses désirs les plus profonds pour me sauver, moi, le mec qui lui a tellement brisé le cœur et l'âme, qu'elle est persuadée qu'elle mérite de morfler pour toujours. Putain, quelle conne ! Si y a bien une personne au monde que je veux rendre heureuse, c'est elle. Une sorte de rédemption pour tout ce que je lui ai fait.

Le plus dur dans tout ça, c'est de la voir subir ses propres émotions. Les larmes, les sanglots, les hoquets, j'en ai entendu des tonnes. Mais les siens me donne envie de m'arracher le cœur pour ne plus le sentir cogner de douleur. Bordel de merde. C'est tellement facile avec le reste du monde que j'oublie qu'elle n'est pas pas comme eux. Elle se cache derrière des couches épaisses de force, de fierté et d'intelligence. Le connard en moi est soulagé de voir qu'elle se laisse aller devant moi. Juste elle et moi, sans rien entre nous.

- Yuna.

Ses mains sur son visage, elle pleure en silence. Je m'accroupis face à elle, je crève d'envie de la prendre danses bras, mais elle ne me laissera pas faire. Pas envie de me prendre une patate même si je l'ai mérité. Elle fait mal, ça, je m'en souviens très bien.

- Je vais te montrer un truc, ok ? Tu te sens capable de de te lever ?

Elle ne réagit pas toit de suite, je sais qu'elle m'a entendu. Sa respiration se fait plus profonde, un exercice que je pratique pour retrouver un minimum de calme. Elle retire une de ses mains, la passant sur son front, sa peau est marbrée de rouge. Je vais me noyer dans ses larmes si elle continue de me fixer comme ça. Elle hoche la tête doucement, et attrape la main que je lui tends. C'est le moment qu'elle choisit pour poser son autre main sur mon torse. Rien à voir avec ce que j'avais prévu, c'est beaucoup mieux. Ses lèvres, salées par ses larmes, me foudroie de l'intérieur. Ce n'est pas humain de désirer quelqu'un à ce point. Je crève d'envie de l'embrasser, putain.

- Qu'est-ce que tu veux me montrer ?

Sa main dans la mienne, l'autre trace les traits d'encre de mes tatouages du bout des doigts. Une pluie de frisson traîne après son contact, laissant une brûlure épidermique. Et sa voix est un murmure. Un truc a disjoncté dans ma tête.

- J'ai oublié.

Ses doigts sont des générateurs électriques, je tremble dès qu'elle me touche, putain. Sa main s'arrête sur mon pectoral, la paume sur mon téton percé.

- Désolée, j'aurais pas dû...

La tête baissée, on dirait une gamine qui a fait une énorme connerie, réveiller mes instincts, par exemple. Je suis assez conscient que c'est profiter de la situation encore une fois, mais putain, je suis sensé faire quoi quand mon envie de la prendre me tabasse comme ça ? Elle est en pleine détresse émotionnelle et je pense qu'à la soulever.

Au creux de NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant