Yuna
Le confort, la chaleur et ce sentiment de quiétude. Je crois que j'avais pas aussi bien dormi depuis au moins mille ans. Une douce quiétude agrémentée par les rayons du soleil qui filtrent à travers le rideau fermé. La couverture jusque sur mes épaules, que je coince toujours dans mes mains pour la serrée contre moi, sens l'odeur d'Elijah. Minute. Quoi ?
Je dégringole de mon nuage de coton à la vitesse d'un avion de chasse. Je me suis endormie chez lui. Ce n'est pas possible. Je devais partir quand Tara, sa mère, arrivait. Et je suis encore là. Une gifle n'aurait pas eu la même brutalité que de constater que je ne devrais pas être ici. Merde.
Concentre toi, McKinley. Tu t'es endormie et alors ? C'est ce que les gens font la nuit. Même Elijah. À moins que le problème se situe entre ma chaleur corporelle hautement élevée et un sentiment de quelque chose d'inassouvie. Non. N'importe quoi. Je le déteste, déjà et ensuite, je sors avec Matt. Oh non, Matt ! Il a dû m'attendre bien sagement pendant que je dormais dans les bras de l'ennemi public numéro un. Mais achevez-moi, pitié ! Il a fait le voyage pour moi, et c'est comme ça que je le remercie ? Je suis la pire copine de la Terre.
Et puis, il est où ce sale fourbe ? Il voulait que je reste jusqu'à ce qu'il se réveille, c'est fait. Lui par contre, il est aux abonnés absents, à croire que sa migraine est partie. Je ne vais pas m'énerver dès le réveil, non. Dans l'immédiat, j'ai besoin d'une douche et d'une dose maximale de caféine. J'empeste l'odeur de Satan, aussi envoutante soit-elle, je ne peux décemment le sentir sur moi. Un aller direct pour l'asile pour ma pomme, sinon.
Heureusement pour moi, je me souviens où est la cuisine. Je patauge dans la semoule, et j'ai besoin d'y voir clair. Cette cuisine est beaucoup trop grande pour une seule personne. Qui a besoin d'avoir autant de place ? N'importe quoi. Si il avait le melon à l'époque, là c'est une montgolfière. Cela dit, c'est épuré et fonctionnel. Et vu la collection de café à disposition, je vais calmer mes réflexions acerbes le temps d'en boire un et de profiter du moment. Tu parles. J'ai l'impression d'avoir fait une grosse connerie. Et qui de mieux que les copines pour me faire voir les choses sous un autre angle ? Pas les miennes, elles sont diaboliques. Et ma vessie est prête à exploser.
Après une tasse qui m'a fait chavirer les papilles, je décide de me débarrasser de l'odeur de Shrek*. Mon aversion pour lui refait surface. Il faut vraiment que j'enlève cette robe et vite. Le couloir est aussi large et long qu'un hall de gare. De la démesure. Du Elijah tout craché. Il a peut être besoin de place pour se supporter lui-même. Tu m'étonne. Une rosace en mosaïque est incrustée dans le sol de l'entrée. Je pourrais dire que c'est kitsch et laid, mais non. C'est aussi complexe que magnifique et absolument raffiné.
Reconnaissant l'escalier qui mène à sa chambre, je me souviens y avoir vu une porte. Pourvu que c'est une salle de bain et pas une porte dérobée pour une salle porno. Il en serait capable. sa chambre sent le frais et son odeur. Je vais brûler mes synapses si je respire encore son essence. Et c'est excessivement énervant de sentir ce frisson de plaisir qui me heurte les os. C'est le diable, McKinley. Garde cet élément dans ta tête. La literie et les rideaux sont dans les tons ambrés, c'est vraiment classe. Je n'ai pas le temps d'admirer la déco, j'ai une douche à prendre. Et c'est extrêmement urgent.
Le soulagement m'envahit quand je constate qu'il s'agit bien d'une salle de bain. Des serviettes hyper moelleuses gris acier attendent sagement qu'on s'y enroule dedans. Qui suis-je pour me refuser un tel plaisir ? C'est pour le côté pratique rien de plus et c'est de sa faute si je suis coincée ici. J'ai le droit. La salle de bain en elle même est une œuvre d'art. Un savant mélange de pierre naturelle et de bois. C'est autorisé de se laver dans cette bulle de beauté ? La baignoire est creusée dans le sol, quatre Yuna ne serait pas de trop pour la remplir, et encore. Si je salive de plonger dedans, je vais opter pour la douche. Tout en vitre à effet opaque, j'ai l'impression d'entrer dans un écrin de luxe. Et je compte bien en profiter.
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Au creux de Nous
RomanceIl était une fois, il y avait une fin... Ce dernier tome commence six ans, presque sept, après les événements du dernier tome. - Six ans, c'est long, Yuna. - Ça dépend de quel point de vue on se place. - Du mien, pourquoi j'irai me faire chier avec...