Chapitre 10- Mélodie & Rougeurs

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PDV KURAPIKA

En entrant dans la chambre que je me suis attribué je remarquais deux choses. Premièrement, la chambre était bizarrement disposée – le lit remplissait pratiquement toute la pièce et la couverture était si grande qu'elle traînait par terre, les meubles étaient ridiculement petits comparés au lit, la moitié du côté droit était en réalité un bout de serre rempli de plantes aux couleurs vives et le plafond était en verre, donnant un libre accès au ciel – et deuxièmement, les placards qui étaient grands ouverts étaient complètement vides. Pas d'habits, pas d'étagères, rien, juste une espace VIDE.

Je balançai mon sac sur sol et me jetai sur le lit. Je soupirai de bonheur.

Cela faisait longtemps que je n'avais eu de lit aussi confortable. Mon regard se riva sur le plafond et j'observai le ciel ; celui-ci s'est teinté d'orange et la Lune commençait à être visible.

« Ce n'est pas si mal finalement, ce plafond de verre. »

J'étais perdu dans la contemplation de ce nouvel horizon lorsque j'entendis l'arachnide en bas commencer à bouger. Ça me réveilla et je me redressai péniblement du lit ; je me penchai pour choper mon sac où se trouvait mes vêtements. Je les sortais quand je sentis que mon sac était mouillé.

- Qu'est ce que... Il n'a pas osé ?!

Si. Kuroro, qui n'avait plus de place pour son café dans son sac à lui, avait glissé sa boisson dans le sac de son compagnon, sans remarquer que le couvercle s'était légèrement ouvert. Résultat des courses : les seuls vêtements qui étaient secs étaient un sous-vêtement et un t-shirt que je ne portais jamais parce qu'il était bien trop grand pour moi.

- Ce ...ce... cet INSECTE !

J'étendis vite fait mes vêtements dans un coin de la chambre et attrapai le verre de café maintenant vide et mes bouteilles d'eau ; je trouvai rapidement la salle de bain et remplis au maximum les deux récipients. Après, je cherchais la pièce dans laquelle cet imbécile avait décidé de dormir avant de la trouver – bien sûr il avait pris la plus grande – et de découvrir le lit de sa couverture. Puis je renversais les trois litres et demi sur le matelas, furieux ; pour parfaire ma vengeance, je jetai ses coussins par le balcon.

***

         Après avoir pris une bonne douche, je pris le chemin de ma chambre pour une bonne nuit de sommeil mais la mélodie d'un piano retentit dans la maison. Je me figeai et tendis l'oreille. C'était beau. Trop beau ; au point où mon cœur se serrait. Je ne savais pas qui cette musique louait, mais elle me tordit les entrailles et les larmes me montèrent aux yeux.

      Je me sentis comme hypnotisé, mes pas me menèrent vers la salle de musique qui se trouvait au rez-de-chaussée. Je poussai timidement l'immense porte à double battant et l'observait, à moitié dans la salle. La salle était immense et pratiquement vide. Les longues fenêtres étaient ouvertes, faisant battre les lourds rideaux de velours ; la lumière de la Lune seulement éclairait la pièce, découvrant la silhouette de Lucifer qui s'acharnait sur les touches du majestueux forte-piano au milieu de la chambre. Ses cheveux noirs étaient lâchés, quelques mèches collées sur son front, les yeux fermés. Son corps s'agitait comme possédé tandis que ses doigts couraient sur le clavier. Mon rythme cardiaque augmenta, mes yeux ne pouvait plus se détacher de ce spectacle qui glorifiait l'Apocalypse.

      Cette mélodie était une promesse, un chant, de vengeance et de douleur. Mais alors pourquoi mon cœur battait la chamade ? Le souffle court, je contemplai les gestes avec émotion. Ma tension sautait à chaque fois que l'Araignée enchaînait avec un nouveau mouvement, j'avais l'impression de manquer d'air. Je souhaitais écouter jusqu'à la mort cette symphonie, ne l'entendre qu'elle, danser sur son rythme endiablé et me laisser aller à la destruction totale de ce qui m'entourait. Ne plus rien voir, ne plus rien ressentir si ce n'était la fièvre qui glissait sous ma peau.

Ennemi juréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant