Ennemi juré

Chapitre 13- Piment

~Kuroro~

Je posai les deux assiettes fumantes sur l'îlot de la cuisine. En face, le gamin avait ouvert le livre que je lisais et ne prêtait même pas attention à l'assiette posée devant lui.

- Tu t'intéresses à la mythologie ancienne ?

Le blond releva la tête, le sourcil levé.

- QUI n'est pas intéressé par la mythologie ancienne ?

- Beaucoup de gens, tu sais.

Il souffla par le nez avant de s'attaquer à son assiette. Ses yeux brillèrent mais il ne dit rien, je ricanai. Tant mieux s'il aimait le plat. Je lui demandai où il en était dans sa lecture et à ma grande surprise il s'élança dans un long discours sur la Montagne Soleil et ses théories à propos du mythe. Ces yeux étaient grands ouverts et un sourire éclairai son visage tout du long.

            Je perdis le fil de ses paroles en repensant à ce que j'avais aperçu cette nuit.

Après avoir réglé mon petit soucis, je m'étais retourné encore et encore dans le lit, incapable de dormir. L'étrange odeur de pain sorti du four et la chaleur du précédent propriétaire du lit me hantait et me troublai les idées. L'image du Kuruta penché sur moi et la présence fantôme de son corps sur le mien était ancré de façon très précise dans mon cerveau.

Je m'apprêtais à m'endormir pour de bon en chassant toutes les pensées non acceptable à propos de mon colocataire quand j'ai entendu sa porte s'ouvrir et ses pas passer discrètement dans le couloir. Somnambule il n'était sûrement pas. Je me levai en silence et le suivis, jetant mon manteau sur les épaules. Il ne me remarqua pas - ni quand il se versa du chocolat chaud ni quand il s'installa sur le toit. Quand il étendit son Nen, je dus cacher le mien de justesse ; il m'avait pris par surprise et j'aurai du mal à trouver des excuses quant à ma présence (même si je savais pas moi même ce que je faisais ici).

Au bout d'un moment il s'était endormi et je m'étais approché jusqu'à être suffisamment proche pour pouvoir le toucher sans tendre le bras trop loin. C'était le moment ou jamais de le tuer. Le tuer, venger mes camarades, faire disparaitre la menace que ma terrible vérité sois révélée et récupérer mon Livre.

J'avais tendu la main, décidé à l'enrouler autour de son cou et craquer sa nuque avant même qu'il ne se réveille. Mais à l'instant où je posais mes doigts sur son cou il bougeait la tête vers ma main, l'éffleurant de sa joue. Un courant électrique avait traversé mon bras et je m'étais figé, le souffle coupé. Le visage du Tournesol était détendue. L'ombre que jetait ses cils sur ses pommettes était hypnotisante et un souffle calme caressait l'intérieur de mon poignet, m'envoyant des frissons à chaque expiration.

Ma respiration, elle, s'était emballé comme un lièvre traqué. Mes doigts avaient tremblé. J'avais beau l'action de serrer les jointures autour du cou blanc bien détaillé dans le cerveau, la force manquait dans ma main. Je m'étais laissé tomber avec un soupir à ses côtés et avait tiré la couverture sur moi, étalant mon manteau sur nos jambes. J'aurais tout le temps pour le tuer après tout et j'étais sûr que le garçon avait encore quelques tours amusant dans sa manche. C'était sûrement la fatigue qui m'embrouillait les pensées et me saquais ma force.

J'ai passé le reste de la nuit à écouter sa respiration en sirotant son chocolat - dans lequel il avait rajouté des guimauves trouvées je ne sais où. Ce détail m'avait fais sourire et j'avais trouvé le gamin encore plus mignon. Contrairement à la première fois où on avait dormi ensemble, je ne me suis pas endormi et j'ai pu constater que Kurapika était de ceux qui bougeait beaucoup dans leur sommeil. A peine quelques minutes après m'être assis à côté de lui, il a chopé l'occasion d'avoir quelque chose à quoi s'agripper pour se coller à moi. Il n'arrêtait pas de tourner et retourner sa tête dans mon cou, frottant ses cheveux sur ma peau - où je me découvris chatouilleux - jusqu'à ce que je pose ma main sur sa tête en le maintenant fermement pour qu'il ne bouge plus. Ses jambes, c'étaient encore pire. Il n'arrêtait pas de les descendre et les remonter le long des miennes, glissant parfois très proche de ma zone sensible.