Chapitre 26

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 31 juin 2023

6 rue Garat, 64310, Ascain

Maëlle,

Voilà un mois que je n'ai pas eu de tes nouvelles. J'espère que tout va pour le mieux.

La mer était en colère hier et je me suis surpris à t'attendre sur ce banc où j'ai trouvé ta lettre, il y a de cela quelques mois. Cela peut paraître bête mais je m'inquiète pour toi. Je me suis attaché à toi. Tu me fais penser à mon Héloïse, avec ta joie de vivre et ta passion pour l'écriture. Peut-être es-tu très prise mais mon fils travaille dans une maison d'édition. J'ai parlé avec lui et si tu as des textes à lui soumettre, il serait ravi d'y jeter un coup d'œil. J'avais totalement oublié de t'en parler, à vrai dire, je n'avais pas fait le rapprochement. Il faut bien avouer qu'à mon âge, on n'a plus toute sa tête....

Mais voilà, j'ai eu une bouffée d'inspiration hier soir et je m'en suis senti ravi. J'aimerais tant pouvoir changer ta vie comme tu as changé la mienne. J'aimerais te remercier et t'ouvrir de nouvelles portes. Non, te donner la clé pour les ouvrir car ton chemin, c'est à toi que tu le devras.

Mon deuxième petit-fils a dit son premier mot hier. Ce n'était ni "maman" ni "papa" mais "papy" . J'étais fier, très fier. Je crois que ça aurait plu à Héloïse. En tout cas, son père ( mon fils, Charly) était jaloux et j'ai bien ri. C'est un de ses traits de caractère que ne part jamais. On a bien essayé pourtant. Peine perdue. Il est resté ce jeune homme capricieux, égoïste mais terriblement gentil et attachant. Chaque enfant est unique, une perle rare qui nous délivre ses secrets à force de temps et de persévérance.

J'ai regardé par la fenêtre et je me suis rendu compte l'été était bel et bien installé. Que le temps des vacances arrivait. Alors, je me suis demandé quand tu rendrais ton travail. Car, ça y est, tu as bientôt fini ton année de première.
Je m'en souviens comme si c'était hier. Jamais je n'aurais pensé que tant de choses m'attendaient. En terminale comme dans mes études.
Le temps passe si vite. Il faut réussir à en saisir chaque nuance. Chaque étincelle.

Jules a soulevé, il y a déjà quelque mois, que je pourrais te rencontrer. J'avais refusé, de peur de mettre à mal ton expérience et ton année de travail. Mais, une fois achevée, que dirais-tu que l'on se retrouve sur ce banc où tout a commencé ? Sur ce banc où j'ai trouvé ta lettre. A moins que ce ne soit elle qui m'ait trouvé. Ce banc où je me suis rendu et où j'ai senti ton absence.
On pourrait aller manger une glace chez Lopez, discuter. Rire aussi. L'on pourrait être gênés dans les premiers instants; il n'est pas anodin de rencontrer une personne avec qui l'on a uniquement échangé de manière épistolaire.
Pourtant, je suis persuadé que cette gêne ne durera pas. Tout simplement parce que nous nous connaissons trop bien pour qu'elle subsiste et s'installe.
Je te prendrai dans mes bras, espérant ne pas te froisser. Froisser comme une lettre, une feuille de papier. Tu aurais une odeur, un visage, une chaleur que je n'ai pu que deviner jusqu'alors.

A bientôt, à notre rencontre peut-être.

Harold

Le vieil homme se prend la tête entre les mains. Il ne sait que faire. Il sent une distance, un écart avec Maëlle. Il se doute qu'elle n'est pas véritablement partie en vacances. Elle lui en aurait parlé avant, non?

Harold ne comprend pas. Il ne comprend pas ce qu'il doit faire ou non. Si Héloïse avait été là, elle aurait su l'aider, le convaincre qu'il se faisait des idées.

Juliette le fixe. Le monde continue sa course mais pour lui, une chose a changé. Une petite chose pour certain pourtant, elle lui apparaît monumentale. Il ne sait pas ce qui se passe mais une chose est sûre, sa vie va être bouleversée.

Les Lettres De MaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant