Désappointée, pire, meurtrie par sa rencontre avec rahou, sa confidence lui a été fatale. Jamais elle ne s'était imaginée vivre avec ce virus meurtrier qui rend honte ses adversaires en les déstabilisant par des regards railleurs, improbateurs et chenapans de la société.
Comment allait-elle vivre avec cette maladie ? Comment l'annoncer à sa fille?
Secouée par une vive terreur, Anna ne put dormir de la nuit. Morphée la fuyait comme la peste. L'insomnie la frappait de plein fouet augmentant son rythme cardiaque. La honte l'enveloppait jusqu'à la moelle. La peur la tenaillait. Des souvenirs lancinants s'échappaient de son esprit et se pointaient devant elle sous son regard aveugle et impuissant.
Le ciel s'assombrissait de fil en aiguille laissant place à une obscurité noire de tristesse qui berçait les heures insomniaques d'Anna.
Lorsqu'elle est revenue de chez Abdourahmane, elle avait trouvé Assia déjà sur les bras de Morphée. La pauvre s'inquiétait pour elle, car elle n'avait pas pris ses appels interminables. Sachant que sa fille pouvait, si elle ne lui répondait pas, ameuter tout le quartier où même aller à la police, Anna décida afin de lui laisser un message vocal sur WhatsApp lui disant de ne pas l'attendre et qu'elle allait bien. Elle lui avait laissé un dîner pantagruélique dans la cuisine, mais la peur et l'inquiétude avaient rempli son ventre jusqu'à ce qu'elle soit rassasiée et bien désaltérée. Quelle faim alors et quelle soif!
Recroquevillée sur son lit, elle ne pensait qu'une seule chose: la mort. Subitement, ses peurs se dirigèrent vers sa fille, que sera-t-elle devenue sans elle? Assia ne connaissait qu'elle dans ce monde, que sera son sort si jamais elle quittait ce monde en laissant seule sa fille ? Ce monde pauvre de richesse et riche de pauvreté, ce monde honoré de badauds impudiques, ce monde dénué de vertu, d'honneur et de vérité, ce monde enchevêtré et emmêlé par la terreur ; un monde maculé de sang, animé par le désordre où aucun parent ne souhaite quitter laissant seuls ses protégés. Le monde des déshonneurs où te vouer aux gémonies est plus facile que de raconter une virgule de ta bonté. Un pays dans un monde où on désacralise la consécration pure sans partie prise, claire sans tache, autant travaillée que méritée, se glissant dans une complaisance aisée à bannir, médire, injurier, même déshériter un confrère, un compatriote, un parent ou un ami.
Certains diront, mais écoute, tout le monde n'est pas pareil, il existe des exceptions. Of course ! Il existe bel et bien une exception mais elle est voilée par cette minorité- majoritaire qui s'exhibe et sont toujours devant. C'est une minorité majoritaire car, c'est ce qu'on nous montre et ça nous crève les yeux. On la voit chaque instant qu'on ouvre les yeux, elle court dans les rues, abonde les écrans de télés, les sites internet, les radios, bref les plateformes. On ne voit que cette minorité nullarde, sans scrupules, sans vergogne, bête, insouciante de son avenir. Cette pollution d'humains de m. nous aveugle à tel enseigne qu'on pense que c'est la seule chose qui existe alors que derrière, nos valeurs référentielles enveloppent le cœur de tout un chacun. Si on laisse certains éhontés déroulaient un tapis rouge à cette minorité qui dansent sous le rythme endiablé du Niak sutura, du Niak kersa, du Niak diom, du Niak foula, du Niak mandou, du Niak barké, du Niak koleré...... On pensera toujours que le bien, la vertu, la vérité et la valeur sont morts. Pullulons notre espace par la pureté, abondons le de valeur, enveloppons le de sincérité arrosée par un humanisme qui fleurira d'homme pur, social et altruiste.
Mais, que chacun se pointe du doigt envers sa personne pour s'incriminer car, nous sommes tous responsable.
Anna voyait déjà le futur de sa fille défilait sous ses yeux, un futur où la société malgré sa reconversion lui rappellerait chaque jour qui passe, chaque minute qui se pointe, chaque seconde qui traverse et même chaque tierce si elle le pouvait qui filait, qu'elle était la pute de la ville, cette fille d'une pute que le SIDA a terrassé et enterré sous terre. Elle la stigmatisera, l'indexera, puis tuera, morte comme vivante, car de nos jours ce sont les morts-vivants qui pullulent la société tant, leur souffrance est atroce. Et c'est toujours la faute de la société, cette société énergumène, cette société jaseuse et qui interdit de jaser, quel paradoxe ! Cette société qui vous tue avec une balle réelle dans la poitrine et se charge de ton autopsie. Cette société qui achète ton linceul alors qu'elle t'avait coupé la main jadis, quand tu voulais te torcher avec un mouchoir. Cette société qui achète les denrées qui serviront à rassasier les hôtes de tes funérailles alors qu'autrefois, elle t'avait refusé une gélule de Doliprane. Cette société, qui, une fois six pieds sous terre ne témoignera que des bienfaits à ton égard tandis qu'avant, c'était elle qui te proférait des injures aussi salaces que celles des insultes de mère et qui sur ton dos te médisait avec volupté comme ces DEUMS qui sucent le sang des humains. Cette putain de société pauvre en acte mais immensément riche en paroles, car elle ne fait que jaser à longueur de journée. Et pourtant, si vous êtes au Sénégal, cette société se dit être musulmane. Astaghfiroulah! Boum dieum kaw !
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