Shérif
Quand je l'ai vu, mon coeur a failli lâcher, le revoir yeux dans les yeux a provoqué en moi de fâcheux souvenirs. Djibril est un ex-ami de longue date que Abdourahmane m'avait présenté. On était ensemble en suisse et on est parti en France pour entamer notre cursus universitaire. Il habitait avec sa grande soeur Raby. Nous étions les meilleurs amis du monde, d'ailleurs si j'avais décidé à l'époque de continuer mes études en France c'était en partie sous son influence et bien évidemment celle de Abdourahmane . Il nous disait que Genève était une belle ville, mais son âme réclame Paris, il voulait coûte que coûte quitter Genève pour Paris. Sa soeur Raby qui était aussi étudiante n'était pas prête à le laisser faire ce long trajet pour concrétiser son rêve de vivre à Paris. Finalement,nous avions tous déménagé y compris Raby en France.
Cette ville luxuriante et luxueuse était devenue pour nous un lieu dramatique. À cause de leurs mauvaises fréquentations lui et Abdourahmane, Djibril n'avait pas protégé sa soeur comme l'aurait fait un soucieux frère, il avait préféré l'entraîner dans un cercle vicieux où coulait à foison l'alcool, la drogue et le sexe. Il n'avait pas vu venir la tragédie qui le guettait depuis qu'il s'était converti en bad boy. Intelligent, travailleur, soucieux de son avenir étaient ses qualificatifs avant qu'il ne vienne en France.
Toute mon erreur reposait sur le fait que j'ai pris la place de Djibril en voulant protégeait sa sœur de sa mauvaise fréquentation. À l'époque Abdourahmane m'avait maintes fois mis en garde que Djibril n'appréciait guère que je sois si proche de sa soeur. Peut-être que je n'aurais pas dû être si proche d'elle pour que les autres ainsi que son frère pensent que j'avais une relation intime avec elle ce qui n'était pas le cas.
Raby avait le visage d'un ange, elle était douce et pieuse. Si je pratique normalement ma religion en respectant les 5 prières obligatoires ce que je ne faisais pas auparavant , c'était grâce à elle. Elle m'avait appris comment prier et psalmodier quelques invocations après la prière ensuite, elle me donnait des cours de l'alphabet arabe et un mois plus tard j'avais tout bu, je pouvais lire la sourate An-nass avec facilité et au fil du temps j'avançais dans la lecture coranique. En un temps record de deux mois, je maitrisais déjà 10 sourates. Je me suis rendu compte que l'être humain pouvait quand il le voulait et surtout que j'avais perdu trop de temps à apprendre des choses qui ne me serviront que sur cette terre en fragilisant ce qui pourrait me sauver dans l'au-delà. Le jour de mon anniversaire, Raby m'avait offert le livre saint, un tapis de prière, un chapelet et un parfum de musc. C'était le plus beau cadeau qu'on m'avait offert et ce jusqu'à présent. Finalement, c'était devenu une habitude, à chaque anniversaire, elle m'offrait un livre de guide religieux. J'avais remarqué une chose qui m'intriguais et, c'est malgré que Djibril et Raby soient frère et sœur, Djibril ne priait jamais et ce malgré les remontrances de sa soeur et dire qu'il maîtrisait mieux la jurisprudence islamique les hadiths que nous deux. La seule fois où je le voyais s'incliner sur le tapis de prière était durant le mois de ramadan et ça ne concernait que les 10 premiers jours.
Étant donné que la première chose qu'on mettra dans la balance pour voir si ça vaut son pesant d'or est la prière, l'abandonner ou la négliger demeure une vilaine chose, une catastrophe.
Djibril et moi sommes restés de longues années sans se voir ni se parler. La trahison, l'incompréhension et la déception avaient taré notre relation d'antan si magnifique.
Nous avions bâti notre relation dans la vérité, l'empathie et la connivence jamais, la séparation ne nous avait effleuré l'esprit encore moins devenir un jour des ennemis.
Abdourahmane qui était entre l'enclume et le marteau avait tout fait pour que nous redevenions comme avant, hélas Djibril ne voulait pas lâcher prise.