Chapitre 3

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- T'es pas si mal. Ou ce sont mes habits qui te vont bien. Par contre, pour les chaussures...

- J'ai rien d'autres, et vu la taille de tes pieds, je crois que je vais m'en passer, coupais-je.

- Okay, okay, conclut Sander.

J'ai l'air totalement ridicule dans les vêtements de Sander. Déjà que j'ai un physique non attrayant. J'ai l'impression d'être un homme. Un homme qui aime la bagarre et qui a les cheveux pas mal longs.

On prend l'ascenseur pour rejoindre le parking. Sander appuie sur le bouton le plus bas.

- C'est incroyable quand même. Tu es la première fille que je rencontre qui, il commence à compter, un n'a pas de robes, deux n'a pas de maquillage, trois n'a pas au moins une paire de talons.

- Parce que tu portes des robes toi ?

- Moui. J'ai plusieurs robes de chambres. On appelle ça aussi des peignoirs, précise-t-il.

J'ai juste envie de lui donner une bonne claque, histoire qu'il réalise que je ne suis pas la bonne personne qu'on peut taquiner.

Un silence s'installe entre nous, et je préfère le silence que Sander racontant n'importe quoi, ce qui me donne envie de lui donner des claques.

Bien évidemment, il coupe court à ce silence.

- Tu as déjà conduits des voitures, me demande-t-il.

- Non.

Mensonges Cae.

Il y a un gyrophare à la lumière rouge qui tourne autour de ma tête. Dans ma vie, j'ai déjà conduit des voitures. Des dizaines, ou vingtaines ou trentaines. Bon, j'exagère peut-être un peu l'ampleur. Mais comme je ne sais pas qu'ils sont, et que je ne leurs fais pas du tout confiance, je vais éviter que leurs affaires deviennent intéressantes à propos de moi.

La porte de l'ascenseur s'ouvre sur le parking.

- Tu préfères laquelle, me demande Sander.

- Mmh...

Je réfléchis un moment, et puis c'est comme un déclic.

- Toutes ces voitures t'appartiennent ?

- T'as tout compris Caenna.

- Cae, le corrige-je.

- Caenna c'est plus joli, m'avoue-t-il.

- Qu'est-ce que vous avez tous dans la famille ?!

Sander sourit. Il sort sa carte, choisit une voiture bleue et y monte.

Bonne pioche monsieur Arrogant. J'ai déjà conduit cette voiture. Ce modèle oui, mais aussi celle là. Je reconnais la trace que j'y ai laissé une petite puce - c'est un mot très grand pour l'appeler - que je ne vois qu'à travers mon œil et mes souvenirs.

Je m'installe de l'autre coté. La porte se ferme automatiquement que Sander a déjà appuyé sur l'embrayage et l'accélérateur. Heureusement, le siège m'attache aussi une ceinture, et à temps.

Quand on quitte le parking, les rues des premiers rangs sont... Espacées, grandes, dynamiques et fluides. Dans ma cité, parfois on dirait qu'il y a eu un mort. L'expression. Parce que quand y a un vrai mort, on entend toujours le cri de quelqu'un avant que la police ne décide à arriver.

C'est fou comme ici, il y a cinquante personnes qui sont habillées dans des tenues de travail et d'autres, sûrement des touristes ou des personnes qui profitent du commerce. Ici, ça doit être le top du top.

L'HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant