L'Héritage

Chapitre 17

Ça résonne dans ma tête. Ça résonne parce que quand Sander le dit, j'y crois. Comme tous ceux qui ont dû regarder le journal.

Mais je le connais. Je sais que les Carver sont de très bons menteurs. Et le doute s'installe en moi. Croire en les sentiments, ou en croire en apparence ?

Mais en même temps, Sander m'a embrassé trois fois. Et même si je n'y croyais pas, maintenant que je prends du recul, je me demande si Sander m'apprécie plus, dans le sens que je l'imagine. Les mots de Doug sonnent dans ma tête aussi. Celui où il ne souhaite que le bonheur de Sander.

Mais je me rappelle aussi de la première fois que j'ai parlé à Doug. Il flirtait avec moi. Était-ce une manière de m'attirer à accepter son deal ?

Ces entraînements ont été utiles. Je ne lui reproche pas, je lui en remercie, même si c'était la part du marché.

Je me suis même attachée à eux, même si la plupart du temps je le nie. Je sais que je me suis attachée car j'ai cette boule de cliquer sur les vidéos. Cela m'a fait quelque chose quand j'ai vu Sander embrasser quelqu'un hier dans la rue. Ça me fait quelque chose qu'ils ne soient pas revenus me chercher. Je me suis presque sentie trahie, abandonnée. Mais j'ai réalisé que rien de tout ça n'a réellement existé chez eux.

Voilà pourquoi je déteste m'attacher aux gens. Je ne le choisis pas. Mais je peux le nier. Ça fait moins mal que de l'accepter je crois. Ou pire. Mais j'ai cette idée que la souffrance vous forge à être plus forte.

Je veux devenir forte.

Je ne veux pas être le fardeau des autres. Je veux être indépendante et maître de moi-même. Je sais que ça va demander du temps. Mais je l'ai ici. J'ai mes années pour me perfectionner. À devenir forte, dure, invincible.

Sirsja interrompt mes pensées. Elle est habillée d'un smoking bleu marine avec des tallons. Même à l'intérieur du domaine, elle a du style. Je ne vois pas pourquoi elle s'habille si bien dans le domaine. Pour les gardes ? Pour Brodie ? Ou elle-même ?

Le physique peut tromper. L'apparence peut devenir une arme.

Je crois surtout que Sirsja a beaucoup de choses à m'apprendre.

Sirsja ouvre la pièce des trésors des Roberts, et me laisse entrer. Elle a déjà demandé à un des gardes de lui installer un bureau devant. Et elle a rangé sa paperasse et jongle entre le téléphone et la documentation.

Je suis plongée à ranger les documents et à les consulter un par un.

Du début qui est vague. À vrai dire, je n'arrive pas à déchiffrer tous les documents et je décide de les prendre en photos un par un pour pouvoir les analyser plus tard et ne pas déranger Sirsja à repasser, ou plutôt à passer ma vie dans cette pièce.

C'est long à scanner tous les fichiers et en même temps de les ranger. J'espère que Sirsja est occupée. Je ne pense pas que Sirsja serait contente d'apprendre que je scanne tous les documents. J'en profite pour lire un peu en même temps qu'ils scannent. Ma famille s'étale sur vraiment une centaine de personnes.

J'avais décidé même de faire un arbre généalogique, histoire de comprendre qui était - qui bien évidemment et - où précisément. Cela me prit une autre journée, de quoi en profiter pour scanner les derniers documents.

J'avais vérifié qu'il n'y ait aucun logiciel qui puisse rencontrer ma carte. Même si j'étais sûre que ce jour n'arriverait jamais, exceptée si je meurs. Mais personne ne pourrait accéder à ma carte car il faudrait des années pour craquer et quelques secondes pour l'auto-détruire.