Isolés dans le minuscule bureau du directeur du stand de tir, Bérard peine à reprendre ses esprits face à l'homme de pouvoir devant lui. Le président de la République française, telle une personne normale, est assit sur un vulgaire tabouret de comptoir.
Le lieutenant Bérard l'observe pendant un long moment. Une allure chétive, un crâne dégarnie, un visage creusé par la fatigue et un teint aussi terne qu'un ciel d'automne... Sans le titre de président de la République, cet homme passerait pour un individu tout à fait banal voir invisible de la société. Mais le lieutenant Bérard a admiré sa verbe, sa répartie et son éloquence durant la campagne électorale. Candidat de la dernière minute, ses discours avaient cloués le bec aux partis traditionnels et le président Coty s'était imposé à une courte majorité.—Comment allez-vous ? Vous vous êtes bien remis ? demande le président Coty avec une fausse empathie presque perceptible.
—Je vais beaucoup mieux. J'ai repris le travail et c'est vrai que retrouver une activité professionnelle m'a fortement aidé à guérir. Merci de vous en préoccuper monsieur le président.
—Votre chef m'a averti de votre situation. C'est terrible ce qui s'est passé dans cet appartement, votre équipier était une jeune recrue et il ne méritait pas une telle fin. Je lui ai remis la légion d'honneur à titre posthume, le saviez-vous ?
—Oui je l'ai appris lorsque j'étais à l'hôpital. Il aurait été très fier monsieur.
—J'ai rencontré ses parents. Son père est un homme admirable et a lui aussi servit notre pays.
—Ce sont des gens biens.Le lieutenant Bérard ne souhaite surtout pas montrer qu'il est affecté par la disparition de Florent et surtout encore épuisé mentalement par sa longue dépression. Toutes les nuits, il revoit Louisa Conti, arme à la main, abattre son coéquipier devant lui. L'impuissance qu'il a envahi à ce moment là est l'une des pires douleurs qu'il ait ressenti au cours de sa vie.
Le président Coty frotte ses yeux fatigués.—Vous savez lieutenant, ça n'a pas été facile ces derniers temps...
—Je comprends. La pandémie a troublé les gens, tout le monde est sur les dents.
—Non, je ne parle pas de ce problème là. C'est secondaire, rétorque froidement le président.Le lieutenant Bérard est interloqué par sa réponse.
Une pandémie mondiale aux répercussion économiques considérables, avec des milliers de personnes décédés, des hôpitaux en état de crise permanent, des personnes confinées dans leur foyer, tout ces problèmes ne sont pas secondaires... à moins que son travail d'enquête est beaucoup plus important que ce qu'il pensait.—Le peuple j'en fais mon affaire. J'ai réussi à me faire élire, croyez-moi que je réussirai à me faire respecter.
—Très bien monsieur le président.
—C'est plutôt Louisa Conti mon problème du moment. L'affaire du manoir d'Andrej Kïska a bouleversé tout le petit milieu parisien et la presse internationale en a fait ses gros titres. Je ne vous apprends rien lorsque je vous dis que ça n'arrange pas les affaires de hauts industriels français et étrangers quand des amis à eux se font exploser par une gamine de vingt ans, au coeur d'une grande capitale européenne. Je veux que Louisa Conti et ALLOS disparaissent de la surface de la terre ou du moins, dégage de la France.
—Je comprends monsieur mais...
—Alors... interrompt le président qui ne cesse de regarder sa montre. Je vous donne carte blanche.
—Carte blanche ? rétorque avec surprise le lieutenant.
—Oui, carte blanche. Je vous accorde un budget illimité pour votre cellule spéciale et je vous intègre au commandement de l'armée française. L'arrestation et la neutralisation de Louisa Conti sont désormais notre priorité et une question de sécurité nationale.
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À LA TÊTE DU CARTEL : II
ActionCouronnée « Reine d'Europe » par les cartels du monde entier, Louisa se doit d'assumer seule ses responsabilités de dirigeante. Au cœur d'une guerre sans scrupule avec la Norway Arctic, la jeune étudiante désire remettre ALLOS sur le chemin de la gl...