Chapitre 97 - Imposteur

288 32 10
                                    

Vous êtes malade ! Qu'est ce qui vous arrive ?!

Rof prend une grande inspiration et part se servir un whisky.
Sous les ors de la République, il regarde le président allongé derrière son bureau, tel un moins que rien, la main sur son cou endolori.

Bienvenu dans le monde des affaires monsieur le président... lance-t-il plein de rage.
Mais qu'est ce que cela signifie ?! argue le président en toussant vivement.
Lorsqu'on déploie des forces armées contre des cartels et qu'on tue plusieurs d'entre eux, il faut s'attendre à des représailles. Ce monde n'a rien à voir avec celui de la politique. Président ou pas, vous devez payer.

Le visage du président Coty se décompose.

Mon dieu... vous étiez sur ce navire ?
—Ne faites pas l'innocent. Vous avez abattu ma fille et vous le savez très bien.
—J'ai abattu la Norway Artcic, ALLOS, et beaucoup d'autres encore. Rien de personnel, simplement une question de sécurité nationale !
—Mais vous vous foutez de ma gueule ?! Ma fille est morte sous mes yeux ! Par votre faute !

Rof s'avance devant le président. Ce dernier se protège le visage pensant recevoir un coup.

Alors maintenant, vous allez payer, lance rof enrâgé.
Je ne vais rien payer du tout ! Je suis le putain de président...

Dans un geste rapide, Rof saisit le coupe-papier présidentiel puis vient le placer sous sa gorge. La lame argenté scintille sous les lustres en cristaux.

Laissez moi parler et je vous enfonce ça dans le gosier...

Coty acquiesce, le souffle coupé.

Je ne vais pas payer pour les dommages causés par la station pétrolière... Vous avez le faire monsieur le président. Vous allez tout payer et je n'aurai pas un seul centime à débourser.
—Vous êtes fou, c'est impossible...
—Shhh.. Ensuite, vous irez dire à la presse que les cours de l'énergie ont fortement augmenté... peu importe les raisons, vous pourrez vous cacher comme un lâche derrière le conflit russe, mais vous m'achèterez tout mon stock de pétrole et de gaz au double du prix. J'ai besoin de renflouer mon empire et vous allez m'aider.

Rof vient plaquer la pointe du coupe-papier contre son cou. Son regard noir pénètre celui du président, qui demeure muet et tétanisé.

Répondez ! lance-t-il.
C'est impossible monsieur Thorsen. C'est l'argent public, je ne peux pas me servir dans les comptes de la France et dépenser des milliards de dollars ! Surtout que c'est de votre faute si vous en êtes là ! Votre propre guerre vous a mené à cette situation et sans moi, ALLOS serait toujours là ! Vous devriez me remercier !

Rof retire l'arme puis sourit machinalement. Il boit d'une traite son verre et le dépose avec force sur le bureau.

—Alors vous devriez peut-être demander à votre nouveau collaborateur, Henrique Tavares, de vous avancer l'argent.
—Je ne sais pas ce que vous avez fait à cet homme... mais il voulait votre peau. Ses informations sont tombées à pic et évidemment que je ne suis pas passé à côté d'une telle occasion !
—Cet homme vous a manipulé pour obtenir ce qu'il voulait.
—Grâce à lui, j'ai réussi à tuer ALLOS. Je le referai sans hésitation.
—Louisa Conti est toujours vivante espèce de grosse merde.

Le visage de Coty se décompose encore une fois.

C'est impossible... Les meilleurs ont été mis sur cette mission et j'ai moi-même vu les images de l'explosion !

Rof expose sa brûlure à la lumière.

Regardez moi ! Regardez ce que vous m'avez fait ! Je m'en suis sorti grâce à Louisa et à son équipe ! Vous avez échoué !
—Oh ! Alors maintenant vous faites ami-ami ? Main dans la main avec la grande Reine d'Europe dans le crime organisé ? Je ne sais pas ce que vous avez fait à Henrique Tavares, mais cet enfoiré à raison. Louisa Conti est une chienne à abattre !

Rof frappe du poing sur la table.

—Si je suis ici, c'est pour ma fille ! Elle est morte par votre faute ! Alors vous devez payer ! Ou mourir !

Voyant la rage intense de Rof, le président se rassoit derrière son bureau. Muet, il observe Rof puis dirige son regard sur le portrait de Napoléon. Son cœur accélère, ses poils se irriscent... Une montée d'adrénaline s'empare de lui...

Vous avez raison. J'ai été un lâche, dit-il en fixant toujours le portrait. Et si... j'allais plutôt dire la vérité aux médias. Que le grand groupe Thor Industries n'est en fait qu'un vulgaire cartel de la drogue. Qu'il a intégré la plus grande organisation criminelle et a mené une guerre contre le pouvoir en place. Et que par son incompétence, il a échoué et provoqué l'une des plus graves crises environnementales du siècle ainsi que la mort de sa propre fille.

Rof sourit grandement. Il montre les dents pour contenir sa rage et son envie de lui encastrer le crâne contre un coin de son bureau.

Vous m'avez enlevé ma chair... mon sang... Vous pensez que j'en ai quelque chose à foutre de vos menaces ? Je n'ai plus rien à perdre... Mais vous oui. Et à mon tour, j'irai annoncé que le populaire et médiatique président de la république française a communiqué avec les Russes en pleine guerre contre l'Ukraine. Qu'il a pris connaissance d'écoute à l'encontre de la Norvège et n'a préféré ne rien dire... Ne rien dire pour agir dans l'ombre et sans aval d'aucune organisation internationale, en envoyant un missile aérien sur un navire peuplé de civils. Comme un vulgaire dictateur, il a fait exécuté une cinquantaine de personne, froidement, sans procès, sans respect d'aucuns droits fondamentaux.

Rof sourit encore plus.

Si je ne me trompe pas... Dans cette éventualité, vous serez démis de vos fonction présidentielle et la cour martiale vous attendra, non ?

Coty, comme apeuré par les vives menaces de Rof, sent son cœur rétrécir. Son souffle se coupe à nouveau. Il le sait. Il vient de perdre.

J'en étais sûr, lance Rof Thorsen en prenant la direction de la sortie. Oh, et j'ai faillis oublié. Lorsque je sortirai de ce bureau, vous appellerez le centre d'incarcération où la collaboratrice de ALLOS, Hélène, est enfermée. Je repartirai avec elle. Prenez ça comme un gage de bonne gratitude à mon encontre et évidemment, c'est non négociable.

Rof saisit la poignée dorée.

J'attends votre chèque dans quarante-huit heures. Allez pourrir en enfer, lance-t-il en claquant la porte derrière lui.

Coty, toujours dans un état cathartique, reste fixé sur sa chaise. Il ne sait plus quoi faire, quoi dire, quoi penser... Seule la rage lui vient à l'esprit. Son bras balaie soudainement son bureau. Ses mains attrapent les chaises et les font voler contre les murs dorés.
Puis, comme un fou sorti de l'asile, ses doigts viennent arracher le portrait de Napoléon. Ses ongles lacèrent la toile et le visage de l'empereur tombe en lambeaux à ses pieds.

Imposteur !!!! Foutu imposteur !!!!!!!

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant