Chapitre 45 - La peur

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Allez c'est l'heure ! lance Oléana avec une gaieté presque malsaine. Contente de retrouver ta petite copine ?
—Surtout contente de ne plus voir ta sale gueule, réplique sèchement Hélène assise au sol, les mains et jambes solidement ligotées.

Dans l'entrée vaste et lumineuse de son immense villa méditerranéenne, Oléana se penche devant un élégant miroir aux courbes victoriennes. En se recoiffant avec délicatesse, Oléana parait satisfaite de l'image que lui renvoie cet œuvre d'art vitré et fixe longuement son reflet. Son regard scrute chacune de ses courbes et ses cheveux dorés, qui tombent en lambeaux sur son pâle visage, lui donne un air enfantin. Un simple T-shirt en satin noir, une jupe plissée au style écossais et des bottes lacées jusqu'au genou, Oléana ne laisse rien au hasard. Son apparence travaillée reflète exactement sa personnalité et se doit de frôler la perfection à chacune de ses sorties. Dans un petit sac à main Chanel, Oléana attrape un rouge-à-lèvre dans un étui doré flamboyant et repasse soigneusement les contours de sa bouche.

Tu sais Hélène, dans une autre vie ou dimension, je pense qu'on aurait été amie. Notre caractère, notre volonté, notre force sont semblables en beaucoup de choses.
—Par pitié... T'es une fille à papa qui n'a encore rien prouvé à personne. En plus, tu portes le mauvais rouge-à-lèvre chérie. Avec ton teint de cadavre à la Michael Jackson, privilégie les tons plus sombres, ça te donnera plus de caractère. C'est déjà un pas pour me ressembler.

Oléana remue les lèvres dans l'indifférence.

Comment tu fais ? demande-t-elle en se fixant à nouveau dans le miroir.
Comment je fais quoi ?
—Dissimuler ta peur. Rester impassible face au danger.
—Désolé de te décevoir, mais j'ai vécu des choses beaucoup plus stressantes au cours de ma vie. Tu me fais pas peur.
—Pourtant tu devrais.

Hélène éclate de rire.
Un rire forcé, accompagné de son fameux regard perçant, Hélène ne manque jamais de montrer son indifférence face aux menaces.

Je vais te dire une chose Oléana... Une chose que tu devras retenir toute ta vie si tu veux avoir une chance de t'en sortir.
—Je suis toute ouïe.
—Accepte de mourir. Ton espérance de vie s'est considérablement réduite dés lors que tu as accepté ce job. Mais je suppose que ce détail très important n'a pas été évoqué par ton père lorsqu'il t'a confié les rênes de la Norway.
—Ne parle pas de mon père.
—Ah... J'ai touché un point sensible. Si tu acceptes ta mort imminente tu n'auras pas besoin de dissimuler ta peur. Tu n'en éprouveras plus.

Oléana demeure pensive car au fond, les paroles d'Hélène ne sont pas insensées.

Mais tu n'y arriveras pas car tu es faible Oléana, reprend Hélène. Tu n'as pas choisi ce travail, contrairement à Louisa qui a eu le choix. Tu ne t'en sortiras pas.
—Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas ce que j'ai vécu et qui sont mes collaborateurs. Tu ne sais rien ! Les petites frappes dans ton genre ne me font pas peur. Louisa est une incompétente connasse et j'aurai la peau d'ALLOS plus rapidement que tu le penses. Et sans l'aide de mon père.
—Tu es faible et naïve aussi, réplique Hélène toujours en souriant. Et si un jour, avant de t'endormir, tu t'imagines le moment de ta mort... visualise moi en train de t'arracher les yeux car c'est sûrement ce qu'il se passera.

Oléana sort rapidement un revolver de son petit sac-à-main Chanel et pointe Hélène avec son canon.

Et comment tu feras avec une balle dans le crâne ? Tu n'as pas idée du nombre de gens qui sont passé devant mon flingue !

Hélène, toujours avec dédain et condescendance, sourit grandement. Elle se relève difficilement afin de préserver un maximum sa cheville blessée, mais une fois sur ses deux jambes, Hélène fait face à l'arme d'Oléana.
Prête à affronter la mort, les yeux dans les yeux.

Alors vas y ! Appuie sur la gâchette et libère moi !
—Pour que je manque l'occasion unique qu'il m'est offert d'asservir la Reine d'Europe ?!

D'un coup sec, Oléana frappe le genou d'Hélène puis la pousse violemment au sol.

Hors de question ! proclame-t-elle arme à la main. Ce soir, c'est toi ma marchandise !

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant