Chapitre 36 - Ronge

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Les dossiers s'empilent mais la traque n'avance pas.
Seul dans son bureau enfoui au sous-sol, à une si heure tardive que les locaux sont seulement arpentés par les employés de ménage, le lieutenant Bérard s'acharne à collecter des informations. Depuis sa première rencontre avec Louisa Conti, sa vie a totalement basculée. Son divorce, son renvoi du commissariat du 14e après être passé en commission de discipline pour ne pas avoir respecté les procédures d'investigations, l'assassinat de son équipier et enfin sa longue dépression ont mené le lieutenant Bérard à dédier son existence à la traque de Louisa Conti et à l'anéantissement d'ALLOS de manière définitive.

Boosté par les ordres présidentiels mais éreinté par ces heures de recherche dans les bases de données, le lieutenant Bérard se sert un bon café revigorant. Dans son mug aux couleurs de la DGSI, Bérard observe le grand tableau blanc sur lequel sont apposés des dizaines de photographies des membres de ALLOS. À force de le regarder jour après jour, le lieutenant Bérard connaît chaque recoin de ce tableau. Les photographies, les dates, les noms, absolument tout est profondément enfoui dans sa mémoire.
Hélène, la femme imperturbable à la chevelure de feu, au passé trouble et dont les autorités anglaises ont renseigné à la France qu'elle fut la tueuse à gage la plus prolifique du continent. Plus proche collaboratrice de Louisa Conti, Bérard sait pertinemment que cette femme est prête à tout pour assurer sa sécurité et ses ressources financières.
Lorïs Kovalenko alias « Loup ». Vu pour la première fois avec la mère de Louisa Conti qui était encore loin de soupçonner sa fille de posséder un puissant cartel de drogue international. Étrangement, depuis l'explosion du manoir d'Andréa Kïska, Loup avait disparu des écrans radars. Les autorités ukrainiennes refusaient de transmettre la moindre information à son sujet du fait de son passé d'agent de protection dans les institutions politiques. En pleine montée des tensions avec la Russie, l'Ukraine s'est renfermée diplomatiquement et dissimule la moindre information avec la peur, presque irrationnelle, de l'espionnage russe. 
Viens Julien Quorez, aperçu sur les caméras de surveillance du manoir d'Andrej Kïska en compagnie de Louisa. Homme de l'ombre, les services de renseignements internes belges ont indiqué qu'il était spécialiste en informatique depuis sa plus tendre enfance et qu'au fur et à mesure de son évolution, le jeune Julien s'est spécialisé dans la surveillance et la gestion des comptes financiers.
Et enfin... André. Celui qui réussit à dissimuler au mieux son passé. Son nom demeure inconnu tout comme son lieu de naissance, ses parents, et même son âge. Vu l'efficacité de sa couverture, le lieutenant Bérard est persuadé qu'il s'agit du plus proche collaborateur de Alessio Del-Orti. Il dirige Louisa et lui donne la marche à suivre pour assurer la survie de son cartel. Pour affaiblir ALLOS, Bérard sait qu'il faudrait forcément attraper et enfermer cet André. Sans lui, ALLOS n'a plus de cerveau et sera paralysé en quelques jours.

Toutes ces personnes que Bérard observe au quotidien, constitue le cercle proche de Louisa Conti. Ce sont eux qui font tourner la machine ALLOS et depuis quelques temps, la surveillance de la DGSI a vu les navires du cartel reprendre leurs activités. Bien évidemment, Bérard a fait tout son possible pour empêcher la reprise commerciale de l'entreprise. Mais ALLOS possède une armada de juristes et d'avocats ultra-compétents qui arrivent toujours à contourner les décisions judiciaires. L'ordre a donc été donné de tout arrêter et faire croire à l'arrêt total des poursuites à l'encontre de Louisa Conti pour permettre à cette cellule spéciale de mener ses investigations le plus sereinement possible.
Le lieutenant Bérard a mis des semaines à accepter cette stratégie mais lorsqu'il fut contacter par la DGSI pour diriger cette cellule consacrée à la traque de Louisa Conti, son quotidien a de nouveau prit un sens.
Bérard s'avance et fixe la photographie de la jeune dirigeante de ALLOS. Sur cette image, son regard parait si tendre et innocent.

C'est quoi ta stratégie... ? Que vas-tu faire... ? murmure le lieutenant devant la photographie de Louisa.

Plus il la regarde, plus son envie de l'attraper le ronge.
Déterminé, sa rage enfouie lui donne la force de ne pas abandonner. Alors, il finit d'une traite son café bouillant puis se replonge immédiatement dans ses recherches.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant