À LA TÊTE DU CARTEL : II

Chapitre 7 - Un drame

La jeune dirigeante de ALLOS prend la direction de l'immense table circulaire digne d'une institution internationale. Au dessus de celle-ci, trône un splendide lustre en cristal rappelant à Louisa la décoration excessivement riche du manoir d'Andrej Kïska. Elle sourit en se remémorant l'explosion et la vision de la toiture éventrée...
Lorsque Louisa arrive devant une petite pancarte avec comme indication ALLOS suivi d'un petit drapeau français, elle prend place sur le fauteuil en cuir. Assise, elle obtient une vue d'ensemble des personnes présentes à la réunion. Henrique assit aux côtés de l'homme à moustache, le fameux couple de femmes toujours à étudier une pile de documents et un amoncellement d'hommes solitaires ou par groupe de trois ayant chacun leur petit trafic international.

Du coin de l'œil, Louisa ne peut s'empêcher de lire la pancarte de ses voisins. Sur sa gauche, un drapeau du Japon accompagné du mot Taiyo. Elle dévie son regard et observe l'homme corpulent, de type asiatique, qui est omnibulé par un petit jeux en bois et s'acharne à vouloir encastrer des petits blocs en bois les uns dans les autres. Sur sa droite, le siège est occupé par un cinquantenaire en costume noir qui semble tout droit sorti d'un film d'espionnage. Le drapeau Russe présent sur sa pancarte n'étonne pas vraiment Louisa car l'homme n'a même pas daigné lui adresser un regard.
Louisa lit attentivement l'inscription sur sa pancarte « Sila Bogov ». Peut-être était-ce son nom ou celui de son cartel mais Louisa ne prend pas le risque d'engager la conversation.
Le jeune homme étriqué au nœud papillon réapparaît subitement.

—Je vous remercie d'avoir pris place. Je vous prie d'accueillir monsieur Ajay Indrajit, le créateur et le président de cette réunion.

L'homme s'avance au centre de la table circulaire.
Sous le lustre de cristal, Ajay semble rayonner de mille feux entouré des plus grands mafieux de la planète. Même si son physique de petit garçon empoté ne renvoie pas cette image, le poids de son pouvoir s'affirme rien qu'en observant sa posture conquérante et son regard imperturbable.

—Bonjour à tous et merci de votre présence aujourd'hui. Comme vous le savez, cette réunion que nous tenons chaque année est essentielle et vitale pour nous. Et celle que nous allons tenir aujourd'hui sera sans doute l'une des plus importantes...

Ajay commence à arpenter le centre de la table et veille à regarder tout les dirigeants les uns après les autres.

—En effet, cela n'aura échapper à personne que l'année précédente a été très compliquée pour nous tous. L'événement historique qu'a été la pandémie de Covid-19 nous a profondément affecté et personne dans cette pièce, ne peux se vanter de n'avoir pas subi de pleins fouets l'arrêt des échanges commerciaux. De plus, parmi vous, des chamboulements internes ont perturbé notre équilibre et croyez moi, nous allons y remédier.

Louisa se sent instantanément visée par cette remarque. Une fois de plus, le regard des italiens se posent sur elle mais son entraînement avec Hélène porte ses fruits.
Louisa reste de marbre, yeux figés sur Ajay.

—Mais avant de débuter notre réunion, la coutume veut que nous nous levions pour accueillir notre nouveau collaborateur.

Tout les dirigeants se lèvent en chœur.
La grande porte s'ouvre subitement et une jeune femme ravissante, pas plus âgée que Louisa, s'extirpe de l'ombre. D'un pas déterminé, dans une robe en velours bleu-cendré parfaitement ajustée à ses formes, elle s'élance en faisant résonner ses talons sur le parquet vitré. Avec un mouvement de tête parfaitement contrôlé, sa longue queue de cheval aux reflets dorés se balance dans le vide.
Louisa adresse furtivement un regard interrogatif à Henrique qui lui répond par un haussement d'épaule.

—Merci beaucoup monsieur Ajay, dit-elle en lui empoignant vigoureusement la main.

Dents parfaitement blanches, ongles manucurées à la perfection, yeux bleus océan, une posture digne d'une princesse Disney... Absolument tout chez cette fille dégage classe et distinction.

—Bienvenue mademoiselle Thörsen. Je vous en prie, dîtes quelques mots ! Vous faites parti des nôtres maintenant.

Son sourire robotique s'agrandit. 

—Merci encore Ajay et merci à tous de m'accueillir dans votre cercle. Je m'appelle Oléana Thörsen, fille de Rof Thörsen le fondateur historique de l'entreprise pétrolière Thor. Par notre volonté d'extension, j'ai hérité de la section commerciale de l'entreprise et je serai ravi d'échanger avec vous en tant que dirigeante officielle de la « Norway Arctic », branche de Thor Industries !

Instantanément, le regard de Louisa s'obscurcit. Ses dents se resserrent. Ses poings se crispent. Au loin, Henrique Tavares l'observe fulminer et pense alors qu'un drame peux subvenir à tout moment au cours de cette réunion.