Chapitre XXI

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Quelque chose avait changé chez lui. Anwar était totalement absent. Il déambulait dans les couloirs sans un mot ou un regard. Andréa essayait d'entamer une discussion avec lui mais rien ne semblait pouvoir le distraire. Anwar était perdu dans ses pensées toutes tournées vers le procès mais surtout vers l'état de sa mère. Aysha souffrait, et son fils souffrait. Il ne percevait pas le regard d'Andréa sur lui, ni l'activité autour de lui. Les cours ne l'intéressaient plus et ses notes baissaient. Depuis l'annonce du procès c'était ainsi. Il n'y arrivait plus. Le jour du témoignage de sa mère arriva. Ce matin-là, il ne dit pas un mot à Rowen, ne mangeait rien, et ne prit même pas la peine d'aller en cours. Il se réfugiait à la bibliothèque, Aysha ayant refusé que son fils assiste à son témoignage. Le récit risquait de le choquer. Ainsi, assit à une des tables de la bibliothèque universitaire des Humanités, Anwar tentait de se concentrer sur un énième récit Manaé. Évidemment le calme régnait dans ce lieu, pas un bruit, seulement celui des pages qui se tournent, des notes sur le papier, et des respirations discrètes. Au milieu de tous les rayons de cette ancienne bibliothèque aux lumières tamisées, Anwar essayait de respirer, d'oublier un instant ce que vivait sa mère à quelques kilomètres de là. Il se massa l'arête du nez par réflexe et ne perçut pas les pas qui arrivaient vers lui. Il leva les yeux:

- Andréa.

- Ivar. Tu vas bien?

- Oui, et toi?

- Tu mens.

Ce n'était pas une question. Elle s'assit à côté de lui. Repensant à sa conversation avec Herny, Andréa se préparait à demander à Ivar un rendez-vous. Néanmoins ce n'était le moment, elle le sentit, et il le rappela:

- Je suis désolé, je suis...Je suis perturbé.

- Pour quelle raison? Demande-t-elle.

- Familiale, je n'ai pas trop envie d'en parler.

- Je comprends. Chez moi c'est horrible en ce moment. Avec le procès Moscov, mes parents ne cessent de se disputer.

- Et toi, tu le vis comment?

Andréa fit la moue:

- Pas très bien, mais mieux que mes parents.

Un élève les toisa du regard. Un bibliothécaire leur demanda de se taire d'un geste de la main. Anwar murmura:

- On sort.

Andréa accepta avec joie.

Dehors, le temps était bon, Anwar le constata espérant toujours aiguiller son esprit loin des tracas actuels. Andréa lui proposa de boire un verre dans le bar juste en face de la faculté. Il était souvent envahi d'étudiant de toutes filières, mais à cette heure de l'après-midi l'ambiance était studieuse et paisible. Ils prirent place, l'un face à l'autre. Un chocolat chaud pour Anwar, un café pour Andréa, avec toujours une pointe de lait. Dans le fond passait une chanson calme, qui ajoutait à ce climat chaud une quiétude apaisante. Andréa bu une gorgée de sa boisson ce qui cassa le silence. Anwar sourit dans sa tasse:

- Enfin une émotion. Fit-elle.

- Désolé.

- Tu as l'air très préoccupé.

- Je le suis. Ma mère est à Lebel actuellement pour quelque chose de très désagréable.

Andréa se pencha légèrement en avant et dit:

- Allons parlons de nous.

- De nous?

- Oui, je suis Andréa, j'ai 19 ans, j'ai un grand frère qui veut devenir médecin, mon père est un fonctionnaire qui selon ses dires « j'occupe de la paperasse des autres » et ma mère, selon les dires de mon père : « s'occupe des problèmes des autres ». À toi?

Les Seigneurs de Fallaris Tome 4: AugusteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant