Chapitre XIV

8 3 0
                                    


S'il savait comment elle le dévisageait et l'envisageait, il aurait peur. En effet Andréa le suivait partout. Quand il allait à la bibliothèque, au réfectoire, au sport auquel il s'était récemment inscrit...Partout. Elle le dessinait souvent, surtout au cours de Littérature qu'ils partageaient. Abigail ne cessait de lui conseiller de lui parler, mais Andréa trouvait son attirance pour Ivar inexplicable, comme une folie passagère, alors elle attendait qu'elle passe. Abigail levait les yeux au ciel et disait d'un ton amical mais ferme:

-Ça ne passera jamais si tu ne lui parles pas.

-Si, je finirai par l'oublier quand il quittera la faculté.

-Et toute ta vie, tu te demanderas « et si? ». Tu n'as rien à perdre.

Andréa soupira en lançant un dernier regard à Anwar qui prenait des notes. Des notes...il était très consciencieux. Le cours s'acheva et Andréa prit son courage à deux mains:

-Ivar! Appela-t-elle dans le couloir.

Il se retourna en souriant:

-Andréa.

Elle perdait ses moyens. Se reprenant elle dit:

-J'ai constaté que tu prenais très bien tes notes. Il y a certains aspects que je n'ai pas saisi. Tu pourrais me prêter tes notes?

-Évidemment. Attends.

Il lui donna une cahier rempli de son écriture:

-S'il y a quelque chose que tu ne comprends pas tu peux me demander, parfois j'écris mal.

Il rougit. Elle se demandait pourquoi? Elle acquiesça et partit rejoindre Abigail qui patientait au bout du couloir. Anwar commençait doucement à éprouver une forte affection pour Andréa. Une chose inhabituelle pour lui. Un sentiment inconnu. Il avait aimé, il aimait sa famille plus que tout, il avait adoré ses animaux de compagnies, il avait apprécié la compagnie de plusieurs personnes...mais ce sentiment là, étrange et inexplicable, il le connaissait pour la toute première fois. Andréa était intelligente, passionnante, et passionnée, jolie, cela va sans dire, et un aura particulier l'entourait, comme un ange qui apparaissait subitement. Anwar prit une profonde inspiration et retrouva Rowen.

Maman, bien aimée,

Je t'écris depuis ma modeste chambre de Lebel. Rowen ronfle dans la sienne. Je ne trouve pas le sommeil. Ou alors il ne veut pas de moi? Je me remémore nos jours heureux, ceux de mon enfance. Entre ces quatre murs, j'essaye de te raconter un bout de ma vie.

Les cours sont passionnants, j'ignore si mes résultats seront à la hauteur de mes attentes et des tiennes, mais je me plais à croire que je fais de mon mieux. Ils parlent énormément de Papa, je veux dire les professeurs du cours d'Histoire des Îles, cours orientés vers le gloire des Harval, mais avec un récit magnifique et puissant. Tous sont glorifiés qu'importe leurs actions. Un des professeur est lui-même Manaé, ce qui explique son discours. Je pense que nous sommes suffisamment intelligents pour comprendre que chaque récit est orienté, tous sans exception.

Les actualités parlent essentiellement de Daniel Moscov, personnage fascinant et horripilant. Il cherche à aller en Hôpital Psychiatrique. Il accuse les Augustins, c'est à dire toi, de l'avoir rendu totalement inapte à la réflexion. Est-ce vrai? Qu'importe. Il est trop dangereux. N'est-ce-pas? La justice Montoise est ainsi faite. Permettre à tous citoyens du monde enfermé sur leurs terres de demander à être pardonné, voire libéré.

Je ne sais pas si je dois t'en parler...Il y a une femme...Que dis-je...La femme la plus ravissante que j'ai rencontré. Tu vas me dire que j'en ai rencontré peu et c'est vrai. Je tairais son nom car je ne sais pas où tout cela va me mener. Je lui mens chaque jour. Elle m'appelle Ivar, elle pense que je suis Ivar, c'est Ivar qui l'intéresse, pas Anwar prince d'Auguste. Je ne pensais pas qu'il était si difficile de vivre dans le mensonge.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 4: AugusteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant