Chapitre XVII

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Cela faisait plusieurs années qu'il n'y avait pas eu autant de monde dans les rues de Lebel. L'avenue principale était prise d'assaut depuis le lever du soleil. C'était le grand jour pour Rosa Sevin: le procès du siècle. L'Humanité toute entière contre elle, contre son amant. Daniel fermait les yeux, la main sur le front, se massant parfois les tempes. Il restait concentré dans le véhicule fermé, et sans fenêtre qui le menait au tribunal. En face, Rosa l'observait. Il était d'un calme déroutant, ne posant aucune question, et ignorant les cris extérieurs. L'escorte était conséquente car le convoi était important. Rosa entendait distinctement les encouragements de fanatique et les insultes d'autres. Bientôt la police due les disperser. De la fumée pénétra dans l'habitacle et Daniel renifla bruyamment. Ses menottes s'entrechoquèrent. Rosa soupira et dit:

-Tu te souviens de ce que l'ont doit faire?

Il leva les yeux vers elle et la toisa:

-Tu me prends pour qui?!

Elle rougit. Dans quoi c'état elle embarquée? Et elle ne pensait pas au procès. Depuis trois semaines elle se savait enceinte. Enceinte de l'homme le pus détesté du monde, l'homme qui était juste en face d'elle. Elle ne savait si elle souhaitait garder cet enfant, qui n'était qu'un petit pois actuellement, ou si elle devait converser cet être, voire l'élever en sachant qu'il ou elle serait haïr jusqu'à la fin. Le véhicule se stoppa brusquement. Daniel se leva, prêt à affronter la foule, la haine et surtout ses fans. Rosa tira sur sa veste, et s'empara de son attaché caisse. Les portes s'ouvrirent sur eux. La lumière les aveugla un instant. Des hurlements fendirent l'air pesant de Lebel. Deux policiers en uniforme attrapèrent Daniel et le sortir de la camionnette. Entre deux « Vive l'Empereur », Rosa due éviter des jets de projectifs en tout genre, dont des tomates. Ils pénètrent dans un hôtel de la capitale, un hôtel entièrement réservé aux personnes qui participaient à l'organisation du procès. Daniel fut placé dans une chambre au dernier étage, surveillé par plus de quinze policiers. L'un d'eux lui ôta les menottes et ferma la porte. Rosa et Daniel restèrent seuls pour préparer la première phase du procès. Daniel se servit un grand verre d'eau et se tourna vers son avocate, déjà attablée prête à peaufiner les derniers détails:

-Oublies tous ses papiers, tu vas me raser les cheveux.

-Pour...

Elle comprit rapidement. Ses cicatrices seraient plus voyantes s'il n'avait plus de cheveux. La tondeuse arriva et Rosa se mit à l'oeuvre. Les cheveux bruns tombèrent doucement sur le sol brillant de la salle de bain. Daniel ne disait pas un mot. Il ressemblait réellement à un prisonnier. Ses immenses cicatrices traversaient son crâne nu et ressortaient tellement qu'il frissonna de dégout en se regardant. Il remercia Rosa du regard et ne vit pas qu'elle aussi était pétrifiée d'horreur face à ce spectacle. Ils se firent face et s'embrassèrent délicatement. Puis Daniel murmura entre les lèvres épaisses de Rosa:

-Tu as fait ce que je t'avais demandé?

Elle hocha la tête pour acquiescer. Elle avait réussi, grâce à son réseau au soin de la Justice Montoise, à soudoyer deux juges pour qu'ils soient en faveur de l'enferment psychiatrique. Le procès n'était qu'une mascarade en faveur de l'opinion. Et surtout pour revoir tous ses ennemis. Ils étaient tous convoqués. Il voulait dire « elles » étaient toutes convoquées: Pia, Alexane, Pauline, Aysha. Il attendait avec impatience ces moments où leurs regards allaient croiser le sien. Surtout celui de son ex-femme. Pauline. Brusquement ils entendirent du bruit à l'extérieur comme une explosion. Rosa alla vers la fenêtre et constata les dégâts causés par la foule en délire qui essayait d'accéder à l'hôtel dans l'espoir d'apercevoir Monsieur Moscov. Ce dernier ria. Rosa se tourna vers lui:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 4: AugusteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant