Les Seigneurs de Fallaris Tome 4: Auguste

Chapitre V

Une tasse de café dans la main, et le journal de l'autre, il lisait l'article consacré à la jeune Princesse qui revenait d'une visite officielle dans le nord du pays, à seulement trente kilomètres de Finack. L'article était accompagné d'une photo de la jeune femme dans une belle robe blanche. Elle était l'incarnation parfaite d'une Ronor, de l'âge d'or des Ronor: le teint blanc de lait, les cheveux noirs ébènes, les yeux pénétrants foncés, magnifiquement sombres, mais avec la bravoure des Radmacher: un nez rebondi, un sourire des plus amicale, un visage qui inspirait la bonté et la joie de vivre. Ses yeux étaient surmontés de deux parfaits sourcils épais qu'elle avait hérité de son père, Tobias Ronor. Romy Radmacher était surnommée « l'héritière », celle de l'Impératrice de Garmanie Tania Radmacher. Tobias reposa le journal quand il entendit un petit bruit, comme une cuillère qui frappe un verre:

-Adria. Murmura-t-il en fronçant les sourcils. Que fais-tu?

La petite fille de 10 ans fit un grand sourire comme pour s'excuser auprès de son père:

-Fais attention avec la porcelaine. Rajouta Tobias. Ton frère lui au-moins mange proprement.

Du haut de ses 15 ans, Matthias Radmacher était le deuxième enfant de Tobias et Tania. Les trois enfants étaient bruns, des yeux sombres, ils se ressemblaient énormément sans être pareil. Matthias était grand pour son âge, il dépassait presque Tobias. Il avait de longues mains fines qu'il déposaient souvent sur les touches d'un piano, il était remarquablement intelligent et passionné. Son front était large, comme si ses connaissance l'avait agrandi, ses yeux étaient fins et perçant, trahissait sa perspicacité, sa mâchoire carrée et il avait cet air de grand dirigeant quand il parlait. Tania le soupçonnait d'être surdoué sans en être sûre, et sans avoir vraiment envie de le savoir. Adria, la toute dernière, qui portait le nom de la mère de Tobias, était maladroite, d'une gentillesse infinie, et son sourire édenté trahissait ce trait de personnalité, elle riait tous les jours, tout le temps, et ne jurait que par son père. Tobias ne savait pas pourquoi il avait cette relation si forte avec Adria. Mise à part le prénom, issu de sa défunte mère, ils avaient ce lien puissant. Les parents ne doivent pas avoir de préférer, mais peuvent. Cependant le facteur de cet amour sans faille venait d'un simple fait: depuis la naissance d'Adria, Tobias et Tania ne se regardaient plus comme avant, comme-s'ils ne s'aimaient plus. Une affection réelle existait mais c'était tout. En bref, ils n'étaient plus un couple. Ils avaient eu des aventures et le couple avait explosé. Alors Adria était le dernier lien entre eux, et Tobias s'y raccrochait. La naissance de Romy avait été l'apogée de leur relation, il s'en souvenait beaucoup trop bien pour ne pas en souffrir tout en étant terriblement heureux. Il acheva son café. Matthias fit:

-Je dois me rendre à l'école. Je n'aime pas être en retard.

-Le chauffeur t'attend. Murmura Tobias.

Matthias quitta sons siège, embrassa la joue de son père et parti sans un mot de plus. Le garçon avait énormément d'affection pour les membres de sa famille mais en voulait à sa mère de n'avoir jamais assumé sa relation avec son père. Tobias et Tania ne sont pas mariés, n'ont signé aucun engagement, et à part la fidélité évidemment qu'il y avait eu entre eux durant une dizaine d'années, rien ne les liait concrètement. Matthias avait ce sens du devoir exacerbé, la fidélité, l'amour de la patrie, étaient des mots importants, des concepts imposants dans son éducation. Les journaux avaient pendant des années essayés, en vain, de convaincre leur Impératrice de dévoiler le nom de son amant et surtout du père de ses enfants. Mais jamais Tania n'avait dit un seul mot, et tout le monde avait fini par si faire. Et depuis des années Tobias vivait clandestinement entre un appartement du centre ville, et le palais. Il voyait ses enfants au palais et avait son indépendance dans son appartement. Il exerçait le métier de propriétaire de bar. Après la naissance de sa première fille il avait investi dans un établissement près du fleuve, un bel endroit très chaleureux: le Romy: