Quand la sonnerie se fit enfin entendre, Alaska s'empressa de sortir de la chambre vers l'escalier de sorti patient, ils n'avaient pas le droit non plus de partager le même escalier que le personnel soignant et les visiteurs, le moindre contact avec une personne extérieure pourrait leur causé une crise des plus grave alors autant ne prendre aucun risque, mais peu importe, elle voulait à tout prix prendre l'air, et son état s'étant stabilisé, elle avait maintenant le droit de sortir seule sans que l'infirmière ne la suive partout pour s'assurer qu'elle ne fasse aucune dérive. Arrivée dans le hall d'entrée, elle passa enfin les portes battantes menant au grand jardin avant de prendre une grande inspiration et de sourire. C'était apaisant, les oiseaux chantaient et la légère brise lui caressait délicieusement le visage alors que les rayons du soleil embaumaient sa peau avec délice. Elle marchait sur les petites pierres blanches qui marquaient le sentier en observant les autres patients déambuler autour d'elle, certains jouaient aux cartes, d'autres riaient, dormait sur un banc ou marchaient tout simplement, comme elle, ils avaient besoin de se dégourdir les jambes avant de retourner s'enfermer dans leur chambre jusqu'à la prochaine sonnerie. Mais ça ne la dérangeait plus, elle se sentait bien avec sa nouvelle infirmière et le médecin qui suivait de près son évolution était gentille alors elle n'avait pas de quoi se plaindre et être malheureuse. D'autres n'avaient pas ce luxe.
Mais un visage inconnu venait de troubler sa sérénité. Un homme en blouse blanche s'occupait d'une vieille dame, madame Poumirol, une schizophrène qui perdait de plus en plus le contrôle en même temps que son âge avançait. Elle l'avait connue il y a quatre ans de cela lors de son arrivée et elle avait vu son état mental se dégrader en même temps que son corps se courbait sous le poids du temps. Mais elle ne connaissait pas l'homme à ses côtés et cela éveillait sa curiosité tout en attisant sa frustration, elle voulait savoir qui il était, ce qu'il faisait là et quel poste il occupait au sein de l'établissement. Soucieuse de trouver des réponses à ses questions, elle était partie rejoindre une infirmière qui l'avait suivie il y a quelques temps de cela et qui surveillait son patient, monsieur Valderik, qui dormait sur un bac au soleil.
- Alaska, que puis-je faire pour toi ?
- Qui est cet homme là-bas avec madame Poumirol ?
- C'est le docteur McCornick, il a été transféré dans notre service ce matin pour s'occuper d'elle.
Alaska pencha la tête sur le côté tout en détaillant du regard l'objet de ses interrogations. Il était grand, ses cheveux brun clair semblaient incroyablement doux et tombaient sur son front. Sa blouse blanche encadrait ses épaules et peinait à cacher sa musculature qui semblait si puissante et parfaite d'où elle se trouvait. Elle s'imaginait une belle silhouette et une démarche féline qui la ferait à coups sûr frissonner, elle était certaine qu'il se dégageait de lui une aura pleine de luxure, elle s'imaginait pouvoir le caresser du bout des doigts et quand il se retourna enfin, sentant un regard contre son dos, son regard croisa celui de la jeune femme et il fut pris d'un immense frisson. Comment cela était-il possible ? Il n'avait jusqu'alors jamais ressenti une chose pareille mais il n'avait pas le droit. Il ne devait contrôler son corps qui le poussait à contempler un peu plus la jeune femme et s'approcher d'elle, quitte à délaisser sa patiente qui ne tarda pas à le rappeler à l'ordre.
- C'est un médecin particulièrement réputé dans le milieu de la psychiatrie.
- Saviez-vous où il travaillait avant aujourd'hui ?
- Je sais qu'il a travaillé en clinique après ses études, mais il l'a rapidement quittée pour s'installer à son compte. Il me semble qu'il a maintenant plusieurs patients dans différents hôpitaux et cliniques de la région.
Alaska se contenta d'acquiescer avant de s'éloigner, il travaillait donc à son compte. Cela décrivait forcément une forte personnalité entreprenante ; à cette pensée, elle sentie ses joues rosir. Ses sens étaient en éveil et elle ne pouvait empêcher ses pas de se diriger vers l'homme qui attisait sa curiosité. Elle sentait quelque chose monter au creux de son ventre, comme les braises d'un feu qui reprend peu à peu vie. Elle n'avait pas ressenti ses choses depuis si longtemps. C'était si fort et si différent de ce qu'elle ressentait lors de ces crises, si beau, si bon... Plus doux, passionnant, exaltant, dévorant... Comment cet homme arrivait-il à lui faire ressentir autan de chose en un seul regard, elle voulait apprendre à le connaitre, tout savoir de lui, de sa vie, ses passions, ses goûts. Quel était son genre de femme ? Pourrait-elle lui plaire ? Il lui plaisait énormément.
Elle continuait de l'observer tout en marchant. Le parc de la clinique n'était pas si grand que ça mais les pas qui la séparaient de lui paraissaient interminables. Sa voix serait-elle aussi virile que ce à quoi elle s'attendait ? Grave, douce, une voix qui lui chuchoterait des mots doux à tous moments de la journée. Elle l'imaginait, penché au-dessus de son épaule, son souffle chaud contre la peau de son cou, ses lèvres contre son oreille... Son cœur ne palpitait rien qu'à l'idée de le sentir si près d'elle, sa respiration s'accélérait et les frissons de son corps la rendait toute chose. Elle ne savait pas de quoi il s'agissait, elle ne pouvait pas croire que l'amour puisse lui tomber dessus aussi rapidement, en un regard, comme dans ses romans...
Le docteur se retourna en l'entendant s'approcher, son regard sombre plongea dans celui de la jeune femme. Elle était encore plus belle que lorsqu'il l'avait aperçue de loin. Sa longue et fine silhouette dévoilait des formes harmonieuses qu'il trouvait ravissantes. Il remonta son regard dans le sien, clair, gris ? Bleu ? Il ne savait pas vraiment mais peu importe, ils étaient magnifiques, hypnotisant. Il la vit esquisser quelques pas en arrière avant de s'immobiliser. Après un dernier coup d'œil à sa patiente, perdue dans son monde, il se redressa pour rencontrer la jeune femme. Il devait rester professionnel. Il savait mieux que personne que les apparences étaient trompeuses et qu'il fallait se méfier, mais elle était si belle et semblais si innocente. De quoi pouvait-elle bien être atteinte ? Il l'ignorait.
- Mademoiselle, je peux vous aider ?
Elle le dévisageait sans savoir quoi répondre. Son visage semblait parfait, sans aucune imperfection, sa peau lisse appelait ses mains ; elle voulait le caresser, sentir ses joues sous sa main, ses lèvres. Et ses yeux d'un brun foncer attisait le désir qui grimpait en elle, la rendant fébrile. Alors elle se contenta de sourire.
- Vous êtes nouveau ici.
- En effet, j'ai été muté ici pour m'occuper de madame Poumirol, sa famille tenait à ce que je m'occupe d'elle jusqu'à...
Elle fronça les sourcils avant d'acquiescer, il était donc là pour l'accompagner jusqu'à son lit de mort. Son cœur se pinça, le pauvre, il allait sans doute s'attacher à cette dame, même un peu folle, elle restait adorable dans ses moments de lucidité.
- Qui êtes-vous ?
Il haussa un sourcil, étonné, avant de laisser échapper un petit rire. Il ne s'attendait pas à une question aussi directe.
Ce son mélodieux la fit frémir de plus belle, tout chez lui semblait parfait. Il se rapprocha d'elle, doucement, comme s'il craignait de l'effrayer, et il n'avait pas tort. Elle n'était pas effrayée par lui à proprement parlé mais par les sentiments qu'il faisait naitre en elle. C'était si intense. Mais il ne s'arrêta qu'à un mètre à d'elle, son corps était si près qu'elle pouvait sentir les effluves de son parfum, un délicieux mélange qui fit naitre la flamme au creux de son ventre, tout en bas, entre ses cuisses. Il était si proche. Depuis combien de temps un homme n'avait-il pas aiguisé ses sens de cette façon ? Depuis quand un homme ne s'était-il pas approché aussi près d'elle ? Bien trop longtemps, mais elle avait l'impression qu'aucun ne pourrait jamais lui arriver à la cheville...
- Je suis Floyd McCornick, médecin psychiatre dans votre service depuis ce matin.
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La Maladie d'Amour
Mystery / Thriller5 ans. C'était l'âge qu'aurait dû avoir son enfant. 5 ans, qu'elle se retrouvait enfermée dans cet hôpital sans vraiment en comprendre la raison, enchainant les traitements, le médecins, les infirmières, les jours, les nuits sans jamais rien dire. V...