Chapitre 13

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     Elle resta un moment sans bouger. Pétrifiée par la colère qui montait en elle. Après tout ce qu'ils avaient partagés, après qu'elle se soit donnée à lui, comment pouvait-il ne serait-ce que regarder une autre femme ? La respiration coupée, elle mit un certain temps avant de reprendre ses esprits, il l'avait trahie, elle le savait. Les femmes sentaient se genre de chose et il semblait beaucoup trop amical avec l'autre infirmière ou médecin. Il ne pouvait pas, il n'avait pas le droit, ils s'aimaient, elle comptait sur lui.

Mais quand l'infirmière quitta la pièce, ne les laissant plus que tous les deux dans la petite chambre d'isolement, Alaska ne put retenir la rage qui grandissait en elle.

- Comment as-tu pu me faire ça ?

Elle hurla à plein poumon, tirant sur ses liens pour se détacher. Pourquoi était-ce si serrer ? Elle voulait se relever, elle voulait pouvoir marcher, se dépenser, se défouler. Elle voulait pouvoir frapper son torse, l'insulter, lui faire comprendre ce qu'elle ressentait. Mais rien. Elle avait beau se débattre, tirer de toutes ces forces sur ces poignets et ces chevilles, rien n'y faisait. Sa peau déjà irritée la brûlait à mesure qu'elle tirait sur ces liens. Les larmes commençaient à lui monter aux yeux. Elle n'était pas un animal. Pourquoi ne voulait-on pas l'écouter ? Pourquoi ne pas lui laisser la liberté dont elle rêvait tant ? Elle voulait fuir, s'échapper, courir loin de tous ces gens et de l'homme qu'elle aimait.

- Alaska, calmez-vous.

Les yeux fermés, elle refusait de l'écouter. Pourquoi lui faire subir une telle trahison si c'était pour revenir quelques heures plus tard comme si de rien était. Secouant la tête de droite à gauche, elle voulait se boucher les oreilles. Elle ne voulait pas l'écouter. Elle voulait qu'on la laisse tranquille, elle voulait pouvoir rentrer chez elle et profiter de sa vie et de son petit Jules. Elle voulait revoir Jules. Il lui manquait tellement. Pourquoi ne voulait-on pas la laisser tranquille ?

Soudain, elle sentit une main se poser sur son bras. Elle se figea sous l'effet de surprise, les yeux écarquillés.

- Ne me touchez pas !

Elle l'aimait tant, pourquoi la faisait-il souffrir ?

- Détendez-vous Alaska, nous sommes seuls, vous êtes en sécurité.

En sécurité ? L'était-elle vraiment ?

Elle dirigea son regard vers l'homme qui lui tenait toujours le bras, méfiante et tendue. S'il l'avait trompée, elle n'était pas en sécurité.

Mais...

Peut-être avait-elle réagi trop vite. Et s'ils n'étaient simplement qu'en train de discuter d'un patient ?

- Pourquoi n'êtes vous pas venus à notre rendez-vous ? Je vous attendais.

Le médecin fronça les sourcils avant d'acquiescer.

- J'ai eu un léger souci avec une patiente, j'ai dû passer le relais à une infirmière pour venir vous voir mais un léger problème de planning m'a obligé à réexpliquer le cas de cette dame à une nouvelle infirmière pour ces soins.

Alaska sentit ses muscles se détendre légèrement avant que de détailler l'homme du regard.

- Mais pourquoi avoir pris autant de temps ?

Floyd soupira avant de passer une main dans ses cheveux. Était-il nerveux ? S'en voulait-il ?

- Je n'avais pas l'intention d'être autant en retard. Mais j'ai eu un contre-temps, je m'en excuse.

Elle se contenta d'hocher la tête avant de soupirer. Elle avait eu si peur. Elle ne voulait surtout pas revivre la même douleur qu'autrefois.

- J'ai eu peur vous savez.

Floyd prit place au pied du lit prêt d'elle avant de l'inciter à continuer.

- Vous savoir en retard m'a rappelé le soir où mon mari et moi étions censé diner ensemble pour notre anniversaire de mariage. J'avais passé la journée chez une amie pour me préparée et me faire belle pour lui, pour que nous passions une magnifique soirée. J'ai reçu un message de sa part m'indiquant qu'il prenait plus de temps que prévu à se préparé et qu'il serait en retard. Alors...

Elle ferma les yeux un instant, sentant sa gorge se serrer. Elle n'aimait pas se rappeler de se jour.

- Je me suis rendue à notre appartement pour lui faire une surprise, j'étais passé aux toilettes juste avant, j'avais retiré ma robe pour ne garder que mes sous-vêtements sous mon manteau. Quand je suis rentrée discrètement chez nous, j'ai entendu du bruit venant de la chambre et il n'était pas seul.

Elle étouffa un sanglot avant de souffler.

- Il était avec une femme. Il m'a laissé le jour de notre anniversaire de mariage pour coucher avec une autre femme.

La douleur de cet instant restait intacte. Elle avait essayé de se reconstruire mais son enfermement en avait décidé autrement.

- Que s'est-il passé ensuite ?

- Je suis tombée enceinte. Il a essayé de revenir mais j'ai refusé. Il s'est suicidé quelques semaines plus tard, la police aurait retrouver nos papiers de divorce sur la table de sa cuisine.

La main de Floyd se posa autour de sa jambe pour la soutenir. Il n'avait jamais eu à subir ce genre de situation mais il se doutait de la douleur qu'avait pu éprouver la jeune femme, surtout en apprenant sa grossesse. Il comprenait maintenant les raisons de son comportement.

- Je suis désolé, je sais que ce que tu as vu peux porter à confusion mais il ne s'est rien passé. Je lui expliquais simplement la situation de ma patiente.

Alaska hocha doucement la tête, ne sachant que faire d'autre. Elle le croyait. Elle avait confiance en lui et même si elle se doutait qu'enfermée entre ses quatre murs elle ne pourrait jamais le satisfaire, elle savait qu'il ne la tromperait pas. Ce n'était qu'un malentendu, elle n'aurait pas dû douter de lui.

Elle l'aimait d'une façon qu'aucune autre femme ne pourrait le faire, elle en était sûre et certaine. Son amour était bien trop grand pour qu'il ne puisse envisager de faire quoi que ce soit avec une autre, même si elle était enfermée.

Elle ne voulait plus le quitter, elle ne voulait plus qu'il parte loin d'elle, elle voulait le garder là, dans son cocon, loin du monde et des autres. Elle ne se souvenait que trop bien de l'effet de la gent féminine sur les hommes mariés et elle ne voulait que l'expérience se réitère. Elle avait connu l'Amour, le bonheur, une famille... Tout ça pourrait peut-être recommencer.

Et même si personne ne pourrait jamais remplacer son petit bébé. Même si elle se rappellerait toujours les infirmiers qui s'affairaient autour d'elle, du brouhaha incessant et des cris de son enfant, de sa vie. Elle l'entendait encore dans ses rêves pleurer, pleurer la vie, la découverte, le bonheur d'être enfin sur terre.

Mais on le lui avait pris, lui aussi. On l'avait endormie et à son réveil, il n'était plus là, plus dans son ventre, pas dans le berceau. Il n'y avait d'ailleurs aucun berceau dans sa chambre. Cette même chambre qu'elle habitait depuis cinq ans maintenant. Seule l'immense cicatrice qui lui barrait le ventre lui rappelait qu'il avait réellement existé, que son bébé était bel et bien vivant, qu'on le lui avait enlevé.

Mais avec Floyd, ce serait différent, elle le sentait, il l'aimait autant qu'elle, elle en était certaine, il ne pourrait jamais l'abandonner et il la ferait sortir de cet hôpital. Ils pourraient refonder une famille ensemble.

Elle en était sûre.

La Maladie d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant