Assise dans la cour, elle attendait avec impatience l'arrivée de Floyd pour leur rendez-vous. Leur moment d'intimité de la veille repassait en boucle dans sa tête et elle n'arrivait toujours pas à croire que tout cela c'était réellement passé. Il l'avait fait jouir avec une facilité déconcertante, comme si leur corps se connaissaient depuis toujours, comme s'ils étaient faits l'un pour l'autre. Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour trouver son point d'extase et elle attendait avec impatience de voir jusqu'où tout cela allait pouvoir les mener. Comment son corps réagirait-il quand ils se retrouveraient tous les deux nus, l'un contre l'autre, en train de faire l'amour ? Elle avait hâte de le savoir, mais avant, elle devait rester concentrer sur le moment présent et ne pas s'emporter plus que nécessaire.
Il lui avait promis de venir la rejoindre, pourtant au bout d'un quart d'heure à attendre seule, elle commençait à s'impatienter.
L'avait-il oubliée ?
Non, impossible.
Ce qu'il lui avait fait ressentir hier soir était de toute évidence réciproque, alors pourquoi la faisait-il attendre ?
S'il voulait se faire désirer, il n'avait pas besoin de cela, sa simple présence éveillait chacun de ses sens.
Ou alors, peut-être avait-elle précipité les choses ?
Elle n'en savait rien, mais de toute évidence, une dizaine de minutes plus tard, elle voulait des explications. Elle partit alors à la recherche de l'homme qui la faisait vibrer. Elle fit le tour de la cour sans l'apercevoir avant de se figer.
Il était là, face à la porte des jardins, mais il n'était pas seul.
Une femme était là, elle aussi, elle lui souriait d'une manière qu'elle n'appréciait pas du tout. Alaska se mit alors à observer la femme. Elle devait être un peu plus âgée qu'elle, sa blouse blanche ne la mettait pas trop en valeur mais elle devinait sans grand mal une silhouette élancée aux jambes interminables. Ses cheveux blonds étaient ramenés en chignon strict à l'arrière de sa tête mais elle semblait ravissante. De loin, elle pouvait apercevoir les traits fins et harmonieux de son visage, un sourire parfait dessiné sur son visage alors qu'elle se rapprochait un peu plus de son médecin.
Non.
Non, il allait bien reculer à un moment, ils étaient bien trop proche pour que leur relation ne soit que strictement professionnelle.
Sa gorge se resserra au moment où la main de l'infirmière se posa sur le bras de Floyd. Assaillit par un soudain flash, elle recula de quelques pas. Elle revit son ex-mari, nu allongé sous cette femme, blonde elle aussi, au corps digne d'une déesse, elle était magnifique. Elle revoyait parfaitement les mouvements de va et vient de leurs corps alors que le monde s'écroulait autour d'elle.
Doucement, sa respiration s'accéléra et son ventre se tordit de douleur alors que le visage de Floyd se superposait à celui de l'homme qu'elle avait aimé autrefois.
Ses mains tremblaient de plus en plus fort alors que ses yeux s'emplissaient de larmes.
Non, impossible, il ne pouvait pas lui faire ça. Non. Pas lui ; il n'avait pas le droit. Il était à elle... Pas à cette femme qu'elle ne connaissait même pas.
Il lui avait promis de venir la rejoindre et elle le trouvait avec une autre femme... Comme pouvait-il lui faire ça ? Elle l'aimait tant et voilà qu'elle se retrouvait trahit à nouveau.
Elle sentait sa cage thoracique se refermer autour de ses poumons, l'empêchant de respirer. Les larmes coulaient sur ses joues sans qu'elle ne parvienne à les retenir. Il l'avait trahie... Un sanglot s'échappa alors que la douleur au creux de son cœur grossissait, devenant de plus en plus envahissante, oppressante. Elle sentait son corps commencer à trembler et ses oreilles siffler. Tout était si fort, si douloureux.
Elle se boucha les oreilles et poussa un cri à s'en déchirer les cordes vocales, elle voulait se débarrasser de tous ses sentiments qui la terrassaient. Les genoux au sol, le corps plié en deux, elle tentait tant bien que mal de faire diminuer la douleur.
Il s'était moqué d'elle...
Comment avait-il pu oser ?
Elle sentait du monde s'agiter autour d'elle mais elle ne voulait pas qu'on la touche, plus jamais, elle ne voulait plus souffrir, elle ne voulait plus attendre quelque chose qui ne viendrait jamais. Si lui ne voulait pas d'elle alors qui le pourrait ? Elle ne voulait plus lutter. Elle hurlait et se débattait alors qu'elle se sentait tirée par les épales pour la relever ou pour l'allonger, elle ne savait pas très bien. Elle ne voulait pas qu'on la touche. Tout son corps brûlait, elle voulait se débarrasser de cette douleur et de sa cause.
Il ne pouvait pas lui faire ça.
Non.
Il n'avait pas le droit... Elle lui avait ouvert son cœur... Elle l'aimait... Tant...
Mais peu à peu, elle senti son corps se relâcher jusqu'à ne plus rien ressentir. Non... Pas... Encore...
***
Son esprit se réveillant doucement, elle peina à ouvrir les yeux. Ses membres étaient engourdis, sa tête lui faisait atrocement mal et elle avait la gorge sèche. Elle ne se rappelait rien. Comment avait-elle bien pu terminer sur ce lit ?
La dernière chose qui lui revenait à l'esprit était le pommier sous lequel elle attendait Floyd avant de le voir avec cette femme ; après, plus rien. Elle essaya de se redresser avant de sentir ses poignets attachés contre le lit. Ses chevilles étaient elles aussi retenues par les mêmes liens et les souvenirs de sa dernière fois dans cette chambre lui revenaient au fur et à mesure que la panique prenait part de son être. Elle voulait se lever, marcher, courir, quitter cet endroit pour ne plus jamais connaitre un pareil supplice ; mais il semblerait que quelque chose lui en veuille assez pour vouloir la retenir encore et encore dans cet endroit maudit.
Quand une infirmière arriva enfin, elle fit face à une parfaite inconnue, elle ne la connaissait pas, ils lui avaient encore donné une nouvelle. Elle ne voulait pas, elle en avait assez.
Pourquoi ne pouvait-elle pas garder la même infirmière une bonne fois pour toute ? Après tout, si elle devait rester autant de temps que le regard des médecins semblait le prédire, pourquoi ne pas lui assigner une référente avec laquelle elle passerait ses journées ?
La vieille dame prit ses constantes avant de lui sourire avec bienveillance.
- Bonjour Alaska, comment vous sentez-vous ?
Elle voulait lui répondre mais sa gorge, tout comme ses yeux la brûlait. Elle voulait boire.
- De l'eau...
La dame se tourna un instant pour lui servir un verre. Elle était plutôt petite et ses formes reflétaient son vieil âge, elle n'était pas vraiment costaud, ni mince, elle était plutôt banale même.
Quand elle se retourna, elle lui releva délicatement la tête, une main sur sa nuque avant de la faire boire, lentement. Elle avait si soif, pourquoi l'empêchait-elle de se rafraichir comme elle le voulait ? Elle voulait être détachée et retrouver sa chambre habituelle. Ses membres commençaient déjà à la faire souffrir et à s'engourdir, elle sentait des fourmillements remonter le long de son corps sans pouvoir les en empêcher.
Une fois son verre terminé, l'infirmière lui posa une infinité de question auxquelles elle n'avait absolument aucune réponse. Elle ne se souvenait de rien et elle refusait de croire à une nouvelle crise, c'était impossible, pas après toutes ces années. Elle demanda tout de même à voir le docteur McCornick, elle voulait une explication.
Pourquoi ne pas être venu la voir ? Pourquoi préférer cette femme ? Pourquoi avoir accepté de la rejoindre si ce n'était que pour l'humilier devant tous les patients de la clinique ?
Elle voulait des réponses sans plus tarder. Les films qui se déroulaient dans sa tête étaient bien trop sombres pour que ce ne soit vrai, elle voulait qu'il la rassure et la prenne dans ses bras.
Mais elle lui en voulait tellement que quand il fit son apparition dans la pièce, sa colère prit le dessus sur ses quelconques envies de réconfort. Après tout, si elle était ici, dans cette chambre, c'était de sa faute.
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La Maladie d'Amour
Mystery / Thriller5 ans. C'était l'âge qu'aurait dû avoir son enfant. 5 ans, qu'elle se retrouvait enfermée dans cet hôpital sans vraiment en comprendre la raison, enchainant les traitements, le médecins, les infirmières, les jours, les nuits sans jamais rien dire. V...