Epilogue

72 5 0
                                    

            Le ciel était gris, les oiseaux semblaient absents. Aucun bruit, à part les pleurs, ne semblait vouloir percer ce silence qui planait dans la petite cour de l'église. Tous rassemblés autour du cercueil en bois, ils se tenaient la main, se souriaient doucement alors que dans sa robe noire, au creux des bras de son époux, Philippine ne parvenait à calmer ses pleurs. Après toutes ses années de souffrances, elle se sentait coupable de ressentir du soulagement malgré le désespoir qui brûlait son cœur.

Alaska avait tant souffert, emportant toute sa famille avec elle dans son sort, pourtant elle n'avait jamais rien demandé...

Enfants, elles adoraient jouer ensemble dans le jardin de leurs parents, courir après le chien, se prendre pour des chevaux en sautant n'importe quel bout de bois qui se trouvait sur leur chemin. Adolescentes, elle se rappelle encore leurs premiers amours, de leurs petites soirées pyjamas où elles se racontaient leurs premiers baisers, leurs premiers câlins, leurs premières fois... Puis le jour où tout a basculé après la tromperie de son ex-compagnon, l'arrivée du bébé, les meurtres...

Comment avait-elle pu en arriver là ?

Comment la douce jeune fille qui avait grandi avec elle avait pu devenir cette femme si cruelle ?

La maladie ?

Sans doute.

Mais parfois, elle avait du mal à croire que cette chose qui avait pris part d'elle ait fait autant de dégâts. Une telle maladie ne s'attrapait pas comme ça du jour au lendemain ; alors pourquoi les médecins n'avaient-ils rien détectés plus tôt ? Pourquoi leurs parents n'avaient pas fait quelque chose pour l'aider ? Elles étaient bien trop jeunes et bien trop proches l'une de l'autre pour que Philippine puisse s'apercevoir de quoi que ce soit, tout allait si bien quand elles étaient toutes les deux, toujours sur la même longueur d'onde, à rire de tout et de rien, à compléter les phrases de l'autre...

Pourtant alors que les années passaient, elle était devenue de plus en plus solitaire et naturellement à cause de leurs études elles s'étaient éloignées l'une de l'autre, s'appelant tous les soirs pour se raconter leurs journées...

Comment aurait-elle pu deviner qu'une telle souffrance était logée dans son âme ? Comment aurait-elle pu...

Alaska...

Ma précieuse petite sœur...

Si tu savais au combien je regrette de ne pas avoir pu prendre plus soin de toi, si tu savais au combien je rêve de pouvoir remonter le temps pour me retrouver une nouvelle fois à tes côtés...

Je sais que tout cela n'est pas possible alors ma puce, je t'en prie, où que tu sois maintenant, sois heureuse et profite... Tu le mérites plus que n'importe lequel d'entre nous...

Je t'aime.  

La Maladie d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant