- Les enfants, j'ai dit ça suffit, arrêtez s'il vous plaît, stop !
Si vous doutiez de mon autorité, sachez qu'il est beaucoup plus facile de m'imposer face à un homme menaçant, en revanche, la tâche se complique lorsqu'il s'agit d'enfants de moins de dix ans. Comment je suis censée être crédible alors qu'ils ont même oublié ma présence ?
- Jules, tu ne voulais pas ton chocolat ?
J'ai conscience que ma tentative pour le détourner de sa sœur est minable, mais je suis à court d'idées. D'habitude, je tiens le rôle de celle qui dit oui à tout, provoque les chamailleries ou encore achète des bonbons à l'heure du repas. En d'autres termes, je n'ai jamais eu à devoir tenir le rôle d'adulte lorsque je suis avec des enfants, alors, devant leur bagarre et leur manque total d'intérêt pour moi, j'avoue me sentir désemparée.
- Très bien, je vais chercher Pierre, je vous laisse cinq minutes pour vous calmer.
Je ne suis absolument pas convaincue qu'ils m'aient entendu, néanmoins, je tourne les talons, les laissant se taper dessus à l'aide de leurs petites mains et me dirige dans la chambre de Pierre qui pleure à chaudes larmes, debout dans son lit à barreaux.
- Coucou, tu te souviens, je suis Ariel et je vais m'occuper de toi pendant que tes parents sont au travail.
Pour toute réponse, il hurle de plus belle et tente de m'échapper en se débattant en tous sens quand je le prends dans les bras.
- Chut, tout va bien, calme-toi, je lui dis en le berçant doucement.
En retournant dans la chambre d'Agathe, j'ai l'agréable surprise de ne plus entendre de cris et de constater qu'ils ont enfin fini de se taper dessus. Et oui forcément, puisqu'ils ne sont plus là.
- Les enfants ! Où est-ce que vous êtes ? Ce n'est pas drôle du tout !
Tout en les appelant, je retourne dans le salon en prenant soin de vérifier les potentielles cachettes, comme derrière les rideaux ou l'énorme yucca à côté de l'écran plat, puis fait de même dans la chambre de Jules, mais ne trouve aucune trace de leur présence sous le lit ou dans l'armoire. Ils ne peuvent pas être très loin, l'appartement ne fait pas non plus trois cents mètres carrés. Si Pierre pouvait au moins cesser de me hurler allègrement dans les oreilles, je pourrais me concentrer sur les petits bruits émis par les enfants. Car nul doute qu'ils doivent être en train d'étouffer leurs rires actuellement, heureux de me voir tourner en rond.
- Agathe, Jules, où vous vous cachez ?
Après avoir vérifié la baignoire, la douche et les WC, il ne reste plus que la chambre des parents pour espérer les retrouver.
- Ce n'est pas le moment de jouer à cache cache, s'il vous plaît, montrez-vous !
Si vous pouviez entendre mon ton, vous ne pourriez pas passer à côté de la pointe de panique qui suinte à la fin de ma phrase. J'ouvre la porte d'un coup, cette fois sérieusement agacée, et suis accueillie par un "bouh" mi-amusé, mi-effrayant par Agathe qui surgit de sous le lit, suivie par son frère, imitant une sorte de zombie, ou de squelette ou je ne sais pas trop quoi à dire vrai.
- Waouh, bien joué, vous m'avez fait super peur, je dis sans grande conviction, mais c'est l'heure de déjeuner pas de jouer. Allez tous dans la cuisine, sinon on va être en retard pour l'école.
- Je veux pas aller à l'école ! rechigne Jules.
- Pourquoi tu ne veux pas aller à l'école ?
- Parce que je suis un chevalier ! Et les chevaliers va pas à l'école ! Ils attaquent les dragons.
Et comme la première fois où j'ai fait sa rencontre, il fait mine de brandir une épée et entame un combat face à une créature invisible, imitant le bruit du sang qui gicle et des coups déchirant la chair.
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Le papa de l'école
ChickLitLaissez-moi deviner, vous avez été interpellés par le titre ? À moins que ce ne soit la couverture un brin flashy ? Peut-être même qu'en voyant tous ces post-it, vous êtes déjà en train d'imaginer un papa complètement perdu, essayant de gérer ses en...