Pour faire court, Sabrina n'est pas vraiment le genre de fille vers qui je me serais tournée pour faire plus ample connaissance. Si je l'avais croisée dans la rue, j'aurais été impressionnée par son mètre quatre-vingts, ses cheveux bruns tombant en cascade dans le milieu de son dos, ses grands yeux noirs, ses pommettes hautes et sa bouche si bien dessinée.
On est d'accord, même avec huit centimètres de moins, je reste relativement grande pour une fille. J'ai de jolis yeux couleur océan, des lèvres charnues et vous savez déjà que ma chevelure reste mon point fort. Comme de nombreuses rousses, mon teint est pâle et de petites taches de rousseur sont clairsemées sur mes pommettes saillantes et mon nez en trompette. En d'autres termes, je possède de nombreux atouts également. Néanmoins, elle dégage quelque chose que je ne possède pas : une maîtrise parfaite de sa vie. Et croyez-le ou non, j'ai beau être pleinement consciente de mes nombreux points forts, je n'arriverai jamais à rivaliser à côté d'elle. De plus, j'ai tout le temps l'impression qu'elle me prend de haut. D'ailleurs, Margaux doit sûrement l'avoir constaté aussi puisqu'elle prend toujours part à nos conversations avant même qu'elles n'aient commencé. Peut-être parce qu'elle se sent coupable de nous l'avoir présentée.
Au début, il n'y avait que Delphine et moi, les deux inséparables du collège. Puis, nous avons fait la rencontre de Margaux au lycée. Un charmant mélange de délicatesse et de spontanéité qui s'accorde parfaitement à son physique. Ses yeux noisette sont assortis à son carré plongeant, une bouche voluptueuse contraste avec son nez fin et droit, ses joues sont rondes, et son teint légèrement rosé. Comme si sa personnalité se dessinait sur ses traits. Elle avait rapidement rejoint notre duo, et une fois nos études terminées et la fabuleuse aventure dans le monde du travail commencée, enfin, surtout pour mes deux amies, voilà qu'un soir Margaux nous présentait sa collègue de bureau dont elle ne cessait de parler depuis des mois. Si Delphine n'a eu aucun mal à l'accepter, de mon côté, j'ai mis un peu plus de temps.
– Je suis sûre que tu vas très vite trouver un autre boulot, me rassure Margaux.
– Au pire, tu pourras toujours user de tes charmes pour y arriver, lance Sabrina, sardonique.
– Tu sous-entends quoi exactement ?
Ces mots sont sortis tellement précipitamment qu'il est difficile de cacher mon agacement.
– Elle ne sous-entend rien du tout, tranche Delphine, elle rebondit juste sur le fait que tu as la chance d'avoir tous les hommes à tes pieds.
– On aimerait toutes savoir ce que ça fait de se sentir autant désirée, conclut Margaux.
Sabrina ne réplique pas, mais je suis convaincue que ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait dire. Je préfère me taire et mettre un terme aux hostilités qui sont peut-être réellement infondées. Sans doute est-ce juste mon côté paranoïaque qui prend toute la place sur ma rationalité. Ou ma susceptibilité ? Vous m'excuserez, mais j'ai de sérieux doutes, je suis sûre qu'elle se sent supérieure sous prétexte que Madame est mariée et qu'elle est persuadée que son fils est précoce. Bref, elle m'insupporte !
Néanmoins, je jette une mèche de cheveux avec désinvolture, levant le menton fièrement pour donner l'illusion non seulement de ne pas être touchée par ses propos, mais en prime, afin d'accentuer mon côté charmeur et sûre d'elle.
La serveuse apporte nos plats, et j'ai un bref haussement de sourcils en direction de Sabrina quand je me saisis de l'assiette qu'elle me tend. Je suis la seule à avoir choisi une salade, alors que les trois autres ont opté pour des plats beaucoup plus copieux. Inutile de leur préciser que je me suis empiffrée la moitié d'un paquet de chips avant de les rejoindre et qu'il me serait impossible d'avaler un plat plus consistant. Je préfère les laisser s'imaginer que je fais attention à ma ligne dans toutes les circonstances, surtout Sabrina, vous vous en doutez.
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Le papa de l'école
ChickLitLaissez-moi deviner, vous avez été interpellés par le titre ? À moins que ce ne soit la couverture un brin flashy ? Peut-être même qu'en voyant tous ces post-it, vous êtes déjà en train d'imaginer un papa complètement perdu, essayant de gérer ses en...