Est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

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Si je devais résumer ces trois semaines de chômage, je dirais qu'elles m'ont été instructives. J'ai regardé de nombreux reportages sur Netflix tout comme des séries et des films, j'ai lu une dizaine de livres en tout genre, je me suis perdue à plusieurs reprises sur YouTube et passé un nombre d'heures incalculables à prendre soin de ma peau, de mes cheveux et de mes ongles. J'ai également fait quelques sorties avec mes amies, principalement en tête à tête avec Delphine, qui n'a eu de cesse de me demander où en étaient mes recherches pour le travail.

Inutile de vous préciser que la réalité a été légèrement enjolivée, bon clairement je lui ai menti, prétextant avoir postulé à plusieurs offres d'emploi, mais n'ayant obtenu aucune réponse. Si j'avais eu la bonne idée d'envoyer mes candidatures, au lieu de les laisser traîner sur la table du salon, j'aurais sûrement obtenu des retours. Soit.

En d'autres termes, je n'ai aucune piste pour un nouveau travail. Cela dit, il y a du positif à tout ça. Rappelez-vous, lors de ma dernière sortie au restaurant, j'avais décidé de me mettre au gainage et à la cuisine. Si le premier objectif est un échec, étant donné qu'au bout de dix secondes de planche j'ai décrété qu'il me serait impossible de dépasser ce score même en m'entraînant régulièrement, le second est une victoire.

Je suis fière de vous annoncer que j'ai réussi mon premier cake au thon !

Peut-être un peu trop cuit, voire légèrement brûlé. Bon, puisque vous insistez, carrément immangeable ! J'ai essayé de gratter le dessus, de faire de même avec le dessous, mais je me suis vite aperçu que les côtés étaient cramés également, et tout ce que j'ai réussi à sauver, c'est un petit bout, assez gros pour découvrir sa saveur. Et honnêtement, elle n'était pas si mauvaise, si on oublie l'arrière-goût du trop cuit. Je n'ai plus qu'à maîtriser mon four et à moi les recettes dignes de grands chefs ! D'ici quelque temps, je pourrai organiser des brunchs à la maison, et prouver que je suis tout à fait capable, moi aussi, de cocher les cases de mon planning de vie. Il ne me reste plus qu'à trouver un homme prêt à rester avec moi plus de vingt-quatre heures, un travail stable, et enfin je ne serais plus larguée quand on abordera les sujets classiques du quotidien.

Pour l'heure, il va peut-être falloir que je songe à sortir du lit. J'avais décidé de reprendre un rythme progressivement, mais au vu des chiffres qui s'affichent sur mon portable quand je retire le mode avion, c'est un loupé. Treize heures et j'ai déjà deux SMS de Delphine et trois appels manqués de Margaux. Je rappelle cette dernière, sans prêter attention aux messages pour le moment, toujours allongée et pas franchement décidée à me lever. Elle décroche au bout de la seconde sonnerie, essoufflée.

– Je te dérange ? je demande.

– Non du tout, je suis en train de retourner à l'école pendant ma pause, Chloé a oublié ses baskets pour cette après-midi, ils ont cross dans trente minutes et je dois me dépêcher.

Je pourrais lui décerner la médaille de la maman de l'année sans aucune hésitation. Je suis certaine qu'elle n'aura même pas le temps de manger après cette course entre son travail, sa maison et l'école. Rien que d'y penser, je suis fatiguée. Il n'y a pas à dire, j'ai encore du chemin avant d'atteindre son niveau, mais étape par étape comme on dit.

– J'ai vu que t'as essayé de me joindre ?

– Oui, j'ai une bonne nouvelle pour toi !

Son ton est réellement enjoué lorsqu'elle prononce cette phrase, pourtant, je ne vois pas ce qu'elle peut m'annoncer pour me faire passer une bonne journée, à moins qu'elle ait trouvé une astuce pour me permettre d'être toujours autant motivée qu'elle.

– Et qu'est-ce que c'est ? dis-je impatiente de le découvrir.

– Une collègue m'a parlé d'une de ses amies qui se retrouve coincée car sa nourrice déménage. Elle m'a demandé si je ne connaissais pas quelqu'un de confiance disponible tout de suite pour s'occuper de ses enfants. J'ai pensé à toi !

Le papa de l'écoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant