Fiction OrelxGringe - Un simple ami.

Partie 1 - Le garçon.

« Qu'est-ce que je vous sers ? »

Guillaume tourna la tête en entendant quelqu'un lui adresser la parole, le sortant de son observation de la foule. Il était en train de scruter cette dernière à la recherche de son ami Claude, qui lui avait proposé de le rejoindre dans ce bar. En effet, celui-ci représentait un peu leur amitié dans son esprit, malgré le changement de propriétaire. C'était Claude qui le lui avait annoncé un jour alors qu'il était venu le voir à Paris. C'était un endroit tellement important pour lui, vu qu'il y avait passé énormément de temps quand il était plus jeune. Tant de soirées inoubliables, et toujours avec son ami. Donc, il tourna la tête et tomba sur un jeune garçon, d'à peu près son âge, qui le regardait avec un petit sourire sur les lèvres, un air fatigué sur le visage. Celui-ci avait des cheveux mi-longs et noir qui lui arrivaient jusqu'aux épaules et des traits fins autant que doux. En le voyant, il eut aussitôt l'impression qu'une vague de bien-être l'enveloppa et l'aura de bienveillance qui semblait émaner du garçon le laissa un instant interdit. Le serveur.

« Oh, un whisky, s'il vous plaît, dit-il en sortant de son inertie en le voyant lui jeter un petit regard interrogateur en penchant légèrement la tête sur le côté.

— Je vous fais ça tout de suite, répondit le garçon en lui souriant doucement et il hocha simplement la tête.

— Merci. »

Le garçon se tourna pour prendre un verre derrière lui et il en profita qu'il soit dos à lui pour le détailler discrètement. Le garçon semblait avoir une taille fine, évoluant avec grâce dans son environnement, et avait même l'air d'être plus petit que lui, de au moins une tête en tout cas. Il observa ses gestes quand il attrapa son verre, puis quand il s'empara de la bouteille de whisky pour lui en servir un, et fut surpris de voir à quel point ses gestes étaient lents et délicats. Presque enchanteurs.

« Ça vous fera 6€, s'il vous plaît, lui dit le garçon en le sortant de ses pensées et il eut tout le mal du monde à s'empêcher de rougir en se rendant compte qu'il s'était perdu dans sa contemplation de l'autre garçon.

— Oh... Oui... Tenez, merci. »

Le garçon lui sourit doucement en prenant le billet qu'il lui tendait, puis lui rendit la monnaie. Il lui offrit alors un dernier petit sourire gêné avant de se tourner à nouveau en direction de la foule derrière lui, cherchant Claude du regard à travers cette dernière. Il poussa un petit soupir las en voyant le monde qu'il semblait y avoir ce soir, se demandant comment il allait bien pouvoir trouver son ami qui ne répondait pas à ses appels, et à ce moment-là il entendit le garçon se racler doucement la gorge derrière lui pour attirer son attention. Il se tourna donc vers lui et lui jeta un petit regard interrogateur, se demandant si c'était à lui qu'il voulait parler :

« Est-ce que... Est-ce que vous êtes d'ici ? » lui demanda le garçon en lui offrant un petit sourire intimidé.

Il resta un instant silencieux, surpris par cette question, avant de revenir sur Terre en voyant une lueur de doute passer dans ses yeux, le garçon semblant se demander s'il n'avait pas dit quelque chose qu'il n'aurait peut-être pas dû.

« Oh, non, pas vraiment... Enfin, si, en réalité... Enfin, je veux dire... bafouilla-t-il et il se passa une main derrière la nuque, gêné. J'ai vécu toute ma vie ici, mais j'ai déménagé il y a trois ans à Paris pour finir mes études.

— Je vois, répondit le garçon en lui souriant doucement. Vous êtes d'ici alors.

— Oui, on peut dire ça... Et puis, j'ai comme projet de revenir vivre ici. C'est pour ça que je suis rentré d'ailleurs.

— Oh, félicitations...! On aura peut-être la chance de vous revoir un de ces jours ? Vous reviendrez bien à L'Embuscade ?

— Oui, bien sûr. En plus, ce bar est très important pour moi. C'est ici que j'ai passé beaucoup de mon adolescence et de mes années à l'université.

— Oh, je ne savais pas... Tant mieux alors... »

Le garçon lui sourit doucement en lui disant ça et il resta un moment hypnotisé par le sourire qu'il lui offrait à ce moment précis. Il était tellement doux. Le garçon le fascinait. C'est alors qu'il sentit quelqu'un s'affaler sur lui, le faisant sursauter violemment, et il allait repousser la personne qui lui était tombée dessus quand il reconnut son ami :

« Claude ! Tu m'as fait peur, bordel !

— Guiiiiillauuuuume !! lui cria son ami, déjà complètement bourré, et il fit une grimace en l'entendant gueuler dans son oreille alors qu'il n'était qu'à quelques centimètres à peine de son oreille. J'ai cru que tu t'étais perdu, mon pote ! Je me suis dit mais il connaît la ville pourtant, c'est pas comme si c'était la première fois !

— Ben excuse-moi, mais j'ai dû trouver un hôtel, hein, expliqua-t-il avant de lever les yeux au ciel. Parce qu'une personne ici présente m'a dit qu'il ne pouvait pas m'accueillir ce soir car il avait besoin de l'appart pour une affaire importante, je cite.

— Ah ben oui, je suis sur un gros coup là. Je vais avoir besoin d'un peu d'intimité, si tu vois ce que je veux dire, mon pote. Y en a qui s'occupe du bien-être de leur bite, hein ! »

Guillaume tourna la tête en entendant le garçon rire doucement derrière lui et lui jeta un regard surpris en haussant les sourcils. Celui-ci avait à présent deux petites fossettes au coin de la bouche et il pouvait apercevoir des rides de bonheur près de ses yeux mi-clos. Il le trouvait vraiment mignon.

« Aurél, au lieu de rire bêtement à mes inepties, est-ce que tu pourrais me servir une bière ? demanda alors Claude à ce dernier, et il le vit s'arrêter de rire aussitôt.

— Oui, bien sûr. Je te fais ça tout de suite, Claude.

— Merci, p'tite tête. T'es un amour, tu le sais, ça ? »

Guillaume vit le garçon – Aurél ? – sourire doucement en secouant la tête et il se tourna vers son ami lorsqu'il se tourna pour attraper un verre dans son dos. Claude lui lança un regard interrogateur en voyant son regard, semblant lui demander silencieusement ce qu'il avait, avant d'avoir l'air de comprendre sa question muette.

« Oh, tu vas voir. Tu vas l'a-do-rer. J'en étais déjà persuadé avant que tu arrives. »

Il fronça les sourcils, se demandant si Claude voulait parler du garçon ou bien d'autre chose, et il entendit ce dernier remercier Aurél, celui-ci ayant visiblement fini de préparer sa boisson. Il le sentit alors passer un bras sur ses épaules afin de l'entraîner avec lui parmi la foule et il eut seulement le temps d'attraper son verre de whisky avant de se faire emporter au loin. Il jeta un regard par-dessus son épaule pour regarder le garçon alors que son ami l'entraînait loin du bar et il vit ce dernier lui sourire doucement, son éternel sourire bienveillant sur les lèvres. Quelle étrange et agréable rencontre.