Partie 11 - Le numéro.

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« Guillaume, attends...! »

Il s'arrêta de marcher dans la rue lorsqu'il entendit la voix d'Aurélien l'appeler dans son dos. Il l'entendit dévaler les escaliers du petit bar qu'il venait de quitter et soudain, il sentit des doigts frôler délicatement les siens avant d'attraper ces derniers. Il se retourna alors, fortement surpris, et ses yeux se posèrent sur le plus jeune, celui-ci respirant fortement comme s'il avait couru pour le rattraper.

« Aurél...? dit-il d'un air étonné et il vit ce dernier tenter tant bien que mal de réguler sa respiration avant de lui offrir un petit sourire intimidé.

— J'ai réussi à te rattraper... Je suis soulagé... murmura Aurélien en lâchant doucement sa main et la sensation de ses doigts autour des siens lui manqua aussitôt.

— Soulagé ? Pourquoi ? lui demanda-t-il en fronçant les sourcils, confus, alors qu'il sentait son cœur rater un battement devant le sourire du plus jeune.

— Je... Je pouvais pas t'en parler devant Julien mais... Tu sais pour hier soir... J'ai... Je lui ai dit que si j'étais chez toi, c'était parce que je t'avais demandé de m'aider à organiser une fête pour lui.

— Quoi ? Comment ça ? s'exclama-t-il en haussant les sourcils avant de reprendre en voyant Aurélien lui lancer un regard inquiet. Aurél, pourquoi tu es allé lui raconter ça ?

– Je... Je ne voulais pas qu'il s'énerve... J'avais besoin d'une excuse valable et... je ne savais pas quoi inventer... Alors sur le coup, c'est la seule chose à laquelle j'ai pu penser.

— Une excuse valable ? Mais de quoi tu parles... » dit-il doucement en faisant un pas vers lui et il glissa sa main dans les cheveux du plus jeune qui le regardait d'un air hésitant.

Il lui sembla apercevoir une lueur de peur passer furtivement dans les prunelles sombres d'Aurélien et il lui offrit un petit sourire afin de le rassurer. Il n'avait rien à craindre avec lui. Il n'allait pas lui faire de mal. Pas comme le menaçait de le faire Julien. En pensant à l'autre garçon, le baiser que celui-ci avait donné un peu plus tôt au plus jeune lui revint en mémoire et il retira sa main de ses cheveux pour se mettre à caresser sans pouvoir s'en empêcher sa joue. Celle-ci était froide à cause de la température qu'il faisait à présent, Aurélien n'étant qu'en simple tee-shirt dans la nuit, et il se fit alors la réflexion qu'il avait dû lui courir après en voyant qu'il venait de partir, ne pensant même pas à se couvrir correctement avant de sortir du bar.

« Aurél ? l'appela-t-il alors et Aurélien lui lança un petit regard interrogateur, plongeant son regard dans le sien alors qu'il caressait toujours sa joue de son pouce. Tout à l'heure... quand Julien t'a embrassé, ça t'a gêné n'est-ce pas qu'il le fasse devant nous ? »

Il vit le plus jeune écarquiller légèrement les yeux à sa question avant de hocher la tête d'un air hésitant :

« Un... Un peu, oui...

— Et pourquoi ça ? Pourquoi ça t'a gêné ? Tu saurais me le dire ? »

Le plus jeune resta silencieux, le regard plongé dans le sien, et il le vit rougir doucement dans la pénombre de la nuit, la rue étant seulement faiblement éclairée par un lampadaire. Il le vit ensuite se mordre fébrilement la lèvre inférieure et il fronça les sourcils, confus. Il avait l'impression qu'il se retenait avec peine de dire quelque chose qui lui brûlait les lèvres. Mais quoi ?

« Je ne sais pas trop... Est-ce que c'est important...?

— Non. Non, pas vraiment... Enfin... balbutia-t-il dans l'idée de creuser un peu plus avant de se raviser. Non, rien, c'est pas grave. »

Aurélien lui lança un petit regard inquiet et il recula sa main de son visage, se rendant soudain compte de la proximité entre le plus jeune et lui, amenée par la caresse inconsciente qu'il lui avait donnée.

« Mm... Du coup... Est-ce que tu peux me passer ton numéro de téléphone ? Pour que ça soit plus simple ?

— Plus simple ? De quoi ? lui demanda Aurélien en faisant un pas en arrière, semblant se rendre compte qu'à présent d'à quel point la caresse qu'il venait de lui donner était déplacée.

— Ben pour organiser une fête pour ton copain. C'est bien ce que tu lui as raconté, non ?

— Ah, euh... Oui, bien sûr... répondit Aurélien en se passant une main dans les cheveux, semblant fortement embarrassé. Mais... tu n'as rien à faire, ne t'inquiète pas, Guillaume. Je me charge de tout.

— Tu veux pas me donner ton numéro, c'est ça ? dit-il en rigolant avant de reprendre son sérieux en voyant Aurélien écarquiller les yeux en devenant rouge comme une tomate.

— N-Non, c'est pas ça. Bien sûr que si que tu peux avoir mon numéro...

— Eh, Aurél, c'était une blague, le rassura-t-il en venant poser une main doucement sur son avant-bras dans la nuit. Ah et d'ailleurs, quand c'est son anniv ?

— Le... Le 17 février. Ça tombe un mercredi. Je pensais qu'on pourrait le fêter le samedi soir ? Qu'est-ce que t'en dis ? »

Il fit un rapide calcul dans sa tête et sentit son cœur se serrer légèrement en voyant que ça tombait sur le 20 février. Le jour de son anniversaire. Mais Aurélien n'en savait rien, ce n'était pas de sa faute, il proposait seulement cette date au hasard.

« Guillaume...? l'entendit-il l'appeler d'un air hésitant et il sortit alors de ses réflexions en entendant sa voix.

— Ah, euh, oui... Bien sûr, c'est parfait le 20. Tu me diras si tu veux qu'on aille en ville ou quoi dans la journée pour organiser la soirée...

— Je pense que je vais plutôt rester avec Julien pendant la journée, lui répondit le plus jeune en lui offrant un petit sourire désolé. Pour fêter son anniversaire comme il se doit, parce que je pense qu'on aura pas vraiment le temps dans la semaine.

— Mm, oui, je comprends, dit-il, déçu. Tu me diras si tu veux que j'achète quelque chose alors. Je pourrais te l'amener le soir. Tiens, mon numéro, déjà. »

Il sortit une feuille de papier qu'il savait avoir dans la poche de sa veste ainsi qu'un stylo, ayant oublié de laisser ces derniers chez lui après être allé faire les courses plus tôt dans la journée. Il écrivit son numéro en faisant attention que son écriture était bien lisible, avant de tendre le papier à Aurélien. Celui-ci attrapa la feuille qu'il lui tendait et il frissonna quand leurs doigts se frôlèrent, faisant naître comme à chaque fois qu'ils s'en touchaient par mégarde une douce chaleur dans son corps. C'était étrange. Il observa attentivement Aurélien lire le numéro inscrit sur la feuille de papier, son regard se posant sur ses longs cils noirs qui projetaient une ombre sur son visage la tête ainsi baissée. Il était beau. Il y avait quelque chose chez lui d'indéfinissable, sur lequel il n'arrivait pas à mettre le doigt et qui le fascinait. Aurélien semblait tellement innocent, une véritable aura de pureté paraissant l'entourer à ce moment précis.

« Merci beaucoup, Guillaume. Je te contacterai dans la semaine si j'ai besoin de ton aide alors.

— On fait comme ça. Je vais rentrer maintenant. Et tu ferais bien d'en faire de même que tu commences à grelotter de froid, dit-il d'un air attendri en le voyant frissonner doucement dans la pénombre.

— Oui, c'est vrai. Je ne veux pas tomber malade. Je suis heureux d'avoir pu te rattraper avant que tu t'en ailles, Guillaume. Rentre bien.

— Merci, Aurél. À très vite alors, bonne fin de soirée.

— Toi aussi... À la prochaine, Guillaume. Au revoir. »

Il hocha la tête en offrant un tendre sourire au plus jeune et il attendit qu'il tourne les talons pour en faire de même. Et avant de partir, il le regarda un instant s'éloigner en direction de la porte d'entrée de L'Embuscade avant d'exhaler un petit sourire dans la nuit en repensant à leur conversation. Une fête pour son copain ? Et le jour de son anniversaire en plus ? Est-ce qu'au moins celui-ci le méritait ? Ça, ça l'étonnerait beaucoup. Mais bon, au moins il avait son numéro de téléphone à présent.

Fiction OrelxGringe - Un simple ami. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant