Partie 2 - L'explication.

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« Tout va bien ? »

Il tourna la tête pour regarder la personne qui avait interrompu son ami en pleine diatribe et lorsqu'il reconnut le garçon, un large sourire s'inscrivit sur ses lèvres. Aurél.

« Ah, ma p'tite perle ! s'exclama Claude en se tournant vers ce dernier à son tour. Tout roule pour nous ! Et toi ?

— Ça va, ça va, rit doucement le garçon. Je te remercie, Claude, de te préoccuper de ma santé.

— T'as l'air claqué, p'tite tête. Il est pas là, Julien, pour t'aider ? »

Il haussa les sourcils de surprise en entendant son ami parler de quelqu'un qu'il ne connaissait pas et au vu de la réaction d'Aurél, ce dernier aussi parut surpris.

« Julien ? Ah... si... balbutia Aurélien, perdant soudain son sourire, et il fronça les sourcils en voyant son visage perdant un peu de son éclat avant de le voir sourire de nouveau de manière qui lui sembla forcée. Il était un peu fatigué, alors il viendra plus tard je pense. Il se repose à la maison, là.

— Toi aussi, t'es fatigué, Aurél. Tu me promets de prendre soin de toi et de ne pas te laisser marcher sur les pieds, hein ? »

Aurél sourit doucement à son ami et il lui sourit à son tour, attendri par ce dernier. Il ne savait pas pourquoi Claude s'inquiétait tant pour lui et qui était ce Julien, mais son ami semblait profondément apprécier l'autre garçon. C'était rare, vraiment, que Claude se préoccupe ainsi de quelqu'un d'autre que sa propre personne.

« Je te promets, Claude. Tout va bien, vraiment. Je peux vous ramener quelque chose d'autre à boire ?

— Deux bières ? dit Claude en se tournant vers lui et il hocha la tête. Ouais, ça part sur deux bières, p'tite tête !

— Très bien, je vous amène ça tout de suite. » répondit Aurél en riant doucement et celui-ci lui offrit un petit sourire bienveillant avant de tourner les talons.

Il le suivit un instant des yeux alors qu'il s'éloignait et il se tourna vers son ami pour lui lancer un regard interrogateur :

« Du coup, tu m'expliques ?

— T'expliquer ? Quoi donc ? demanda d'un air nonchalant Claude avant de prendre une gorgée de sa bière quasi vide.

— Ben... ce garçon. Aurél, c'est ça ? Qui c'est ?

— Oh. Aurél... dit lentement Claude avant de lui offrir un large sourire amusé.

— Quoi ? Qu'est-ce que y a ?

— J'étais sûr qu'il te plairait, répondit Claude et il faillit s'étouffer en l'entendant lui dire ça.

— Hein ? Mais qu'est-ce tu racontes ? Je suis juste curieux, c'est tout. Vu que tu as l'air de beaucoup l'apprécier et tout...

— Ouais, ouais, on me la fait pas à moi, Gringo. Je vois comment tu le regardes quand il est là.

— Mais t'es pas fou un peu ? J'suis pas dèp, hein, dit-il sur le ton de la défensive, se braquant soudain en entendant le sous-entendu de son ami.

— Malheureusement, je sais oui... Parce que lui il l'est.

— Il l'est ? Il l'est quoi ? demanda-t-il en fronçant les sourcils, n'arrivant pas à suivre le raisonnement de son ami.

— Ben dèp. Il l'est. Il sort avec Julien, le gérant. »

Guillaume resta muet devant cette révélation. D'abord de l'homosexualité du garçon qui – il devait bien l'avouer – le fascinait depuis tout à l'heure, mais aussi du fait qu'apparemment il sortait avec ce Julien dont Claude avait parlé au garçon quelques minutes à peine plus tôt.

« Ah. D'accord... dit-il lentement, perturbé sans vraiment savoir pourquoi de cette nouvelle. Et ce... Julien, c'est qui ?

— Un mec de notre promo qui a changé complètement de parcours professionnel l'année dernière. L'Embuscade était à vendre et il l'a acheté pour en devenir le patron. Et au lieu de recruter quelqu'un au hasard, il a pris son copain, Aurélien, pour faire le service. Je fais que lui dire de recruter d'autres gens, surtout que maintenant le bar marche bien. Y a de plus en plus de gens qui viennent. C'est p'têtre à cause de moi, ça, d'ailleurs.

— Toi ? Grâce à ton immense popularité, tu veux dire ? se moqua-t-il de son ami en riant. Tu attires toute la ville avec tes excentricités, n'est-ce pas, Claude ?

— Bah, grave. Je suis connu comme le loup blanc ici, ma biche ! »

Il rit de bon cœur, amusé par son ami, avant de se perdre dans ses pensées alors qu'il entendait Claude repartir dans sa diatribe, lui racontant une énième anecdote sur sa vie sexuelle. Aurélien. C'était le prénom du garçon. Celui-ci exerçait une véritable fascination sur lui, comme l'avait remarqué d'ailleurs son ami bien qu'il le réfute. Il sentit une étrange gêne en repensant aux mots de son ami : Dèp. Il l'est. Il sort avec Julien. Il se fit la réflexion que c'était peut-être la première fois qu'il rencontrait quelqu'un de ce bord là. Étonnamment. De toute façon, il fallait bien que ça lui arrive un jour ou l'autre, se dit-il. Il repensa aux sous-entendus de son ami et fronça les sourcils. Malheureusement ? Pourquoi est-ce qu'il avait cru bon de lui dire ça ? Il n'était pas dèp, lui. Et puis d'ailleurs, ce garçon, il avait déjà un copain, non ? Julien, c'était bien ça ? Alors qu'est-ce qu'il lui racontait ? Il soupira et sortit de ses réflexions pour se reconcentrer sur son ami qui n'avait même pas l'air d'avoir remarqué qu'il ne l'écoutait plus. Ah, ce bon vieux Claude. Qu'est-ce que ça faisait du bien de le revoir enfin.

Fiction OrelxGringe - Un simple ami. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant