Partie 14 - L'absence.

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« Eh ! P'tite tête, viens voir ! »

Il sursauta en entendant Claude appeler Aurélien à ses côtés et tourna la tête vers celui-ci en suivant le regard de son ami. Aurélien était à quelques mètres à peine d'eux, semblant avoir juste pris la commande d'un client, et il le vit lancer un regard hésitant à Claude. Il a peur de venir parce que je suis là, pensa-t-il aussitôt, et quand Aurélien se décida enfin à venir voir ce que Claude lui voulait, il ne put détacher son regard du plus jeune. Ça faisait déjà près de deux semaines qu'il n'était pas revenu à L'Embuscade, ne sachant pas comment se comporter avec lui à présent ou même s'il y était encore le bienvenu. Et il se rendit alors compte qu'il lui avait manqué. Terriblement et plus qu'il n'avait osé se l'avouer.

« Oui, Claude ? l'entendit-il dire à son ami et il sortit de ses réflexions, se rendant compte qu'Aurélien était à présent près d'eux.

— Ça fait un baille, ma caille. Pourquoi t'étais pas là jusqu'à aujourd'hui ? Ça fait quoi ? Deux semaines que je t'ai pas vu ? demanda Claude au plus jeune et il haussa les sourcils en l'entendant dire cela, n'étant pas au courant qu'Aurélien avait été absent et, surtout, autant de temps.

— Oh, j'ai été un peu malade... C'est tout, rien de bien important... répondit Aurélien et il vit un petit sourire triste s'inscrire sur ses lèvres quand il dit cela à son ami.

— Malade ? Et cette attelle ? Pourquoi elle est de retour sur ton poignet ? l'interrogea Claude en lui lançant un regard méfiant et il remarqua qu'en effet, Aurélien portait son attelle.

— Je... C'est rien de grave... balbutia le plus jeune, une jolie couleur pourpre apparaissant alors sur ses joues. Je... Je me suis fait un petit peu mal, mais c'est rien... Je t'assure...

— Mm... Ok... dit Claude en le regardant d'un air sceptique et il vit Aurélien baisser légèrement la tête à ça, comme s'il n'osait pas affronter son regard. Tu pourrais nous ramener deux bières, ma caille ? reprit Claude en changeant totalement de sujet. On attend les deux zigotos, mais ils commencent à être longs là...

— O-Oui, bien sûr... La même chose que la dernière fois ? »

Claude hocha la tête et, alors, Aurélien se tourna vers lui pour le regarder à son tour. Il resta un moment figé sur place en le voyant lui lancer un regard incertain, le plus jeune paraissant se forcer littéralement à le regarder comme s'il avait à présent peur de lui, et il ne sut pas quoi dire sur le coup. Il sentit alors son ami lui donner un coup de pied discret sous la table et il sortit de son inertie en sursautant :

« O-Oui, comme la dernière fois pour moi aussi. Merci, Aurélien. »

Il vit une lueur de tristesse passer furtivement dans les prunelles sombres du plus jeune et il fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il avait fait de travers.

« D'accord... Très bien, je vous amène ça alors... murmura Aurélien avant de tourner les talons et il le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il eut disparu à travers la foule déjà présente à cette heure dans le petit bar.

— Oh, ma biche. C'est quoi ton problème avec lui ? entendit-il alors Claude lui dire et il fronça les sourcils en se tournant vers lui.

— Comment ça ? Quel problème ?

— Ben je sais pas, à toi de me le dire. Tu lui as parlé super froidement là.

— Pas du tout... se braqua-t-il. C'est toi qui te fait des films encore.

— Guillaume, soupira son ami et il fronça les sourcils en le voyant si sérieux tout à coup. Je sais que tu n'aimes pas en parler et je ne veux pas me disputer encore avec toi, ok ? Mais la dernière fois, quand tu t'es énervé... ce n'était pas réellement à cause de Chloé, non ? Ou en tout cas... Pas seulement. »

Il resta silencieux, se demandant où voulait en venir son ami, et celui-ci soupira de nouveau :

« Guillaume, il s'est passé un truc entre Aurél et toi ? Je ne te vois pas pendant deux semaines et lui, comme par coïncidence, ne revient pas travailler au bar pendant exactement le même temps.

— Il était malade, il t'a dit, marmonna-t-il, irrité. Ça n'a rien à voir avec moi.

— Peut-être, oui. Ou bien il a menti. Mais toi, pourquoi tu n'étais pas là ? Deux semaines sans nouvelles, ça fait long, hein.

— Ben... Ouais... Écoute, je sais pas. Vraiment. Excuse-moi, j'étais assez occupé avec mon nouveau job et tout... J'sais pas quoi te dire, hein... Y'a absolument aucun rapport entre nos deux absences. »

Claude lui jeta un regard méfiant et il tourna la tête, n'osant pas affronter son regard. Son ami, bien qu'il jouait au débile la plupart du temps, était loin d'en être un. Claude savait se montrer perspicace quand il le voulait. Son regard se posa sur Aurélien à l'autre bout de la salle, derrière son comptoir, et il ne put s'empêcher de se dire qu'il avait l'air triste. Il se demandait si c'était de sa faute si cette expression était sur son visage quand il le vit faire une petite grimace en ramenant son poignet à lui, le faisant froncer les sourcils. Comment avait-il bien pu se faire ça ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longuement car il vit soudain Matthieu et Ablaye s'approcher d'eux en les saluant, ces derniers semblant avoir du mal à passer à travers la foule. Il força donc un sourire sur ses lèvres et salua ses amis, détournant son regard d'Aurélien. Il lui avait tellement manqué.

Fiction OrelxGringe - Un simple ami. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant